Le père du Capitaine Fracasse (gestation : une trentaine d’années !) partage avec Baudelaire - qui se déclare son disciple - et Hugo - qui est son maître - une passion pour la peinture et le dessin. L’image inspire leur plume, lui donnant, d’un côté, une dimension souvent fantastique et, de l’autre, un style qui recherche dans la forme et la sonorité des mots l’harmonie des lignes et des couleurs.
On les verra souvent critiques d’art (pour Gautier, c’est aussi un moyen de gagner sa vie), ou prenant eux-mêmes le crayon et le pinceau pour croquer leur entourage ou un paysage.
Gautier fréquente l’atelier du peintre Rioult, rue Saint-Antoine à Paris, près du collège Charlemagne où il est externe en 1822-23, et crée bientôt le "Cénacle" avec des amis artistes. Il pense devenir peintre… jusqu’à ce qu’il rencontre Hugo (grâce à Nerval, qu’il a connu à Charlemagne), en juin 1829, six mois avant la "bataille d’Hernani", et décide, par goût, myopie et insuffisance de talents picturaux, de préférer les vers à la peinture.
Son histoire est celle d’un provincial venu à Paris malgré lui :
Il naît à Tarbes, le 31 août 1811. En 1814, à sa grande tristesse, sa famille monte à Paris car son père, fonctionnaire, y est appelé par le nouveau gouvernement de Louis XVIII.
Après une adresse rue Vieille du Temple et une autre 4 rue du Parc-Royal, Théophile habite entre 1828 et 1833 (ou 34 ?) avec ses parents, 8 place Royale (place des Vosges). Il a pour voisin Hugo (qui réside au 6 de 1832 à 1848), et c’est là qu’il commencera Mademoiselle de Maupin, roman fantastique, et écrira La Larme du diable, devenant en même temps journaliste.
Ses parents le soutiennent dans ses entreprises littéraires. Son père, fervent défenseur du romantisme, ne laisse Théophile sortir de sa chambre que lorsqu’il a écrit dix pages nouvelles de Mademoiselle de Maupin.
Reste que Théophile ne sera jamais vraiment romantique. Dans sa préface à Mademoiselle de Maupin, il décrit sa doctrine de l’art pour l’art : l’art se suffit à lui-même, sans qu’il veuille réformer la politique et la société.
Quand ses parents déménagent à Passy, il s’installe rue du Doyenné, où ses voisins, impasse du Doyenné, sont Nerval et Houssaye.
Grâce à Balzac, il place des récits dans La chronique de Paris. Puis il collabore au Figaro, qu’il alimente de feuilletons dramatiques, et à La Presse nouvellement créée, qu’il alimente de chroniques littéraires, dramatiques, musicales et artistiques entre 1836 et 1855.
En 1840-1841, il habite 14 [1] rue de Navarin à Montmartre, avec Nerval.
Sans doute entre 1845 et 48, il habite 17 quai d’Anjou, dans l’hôtel de Pimodan, devenu de Lauzun, où il fonde le Club des haschichins (titre de la nouvelle parue en 1846 dans la Revue des Deux mondes). L’objectif du club est clair : il s’agit de trouver "l’électricité intellectuelle" dans les vapeurs et les fumées. C’est là qu’en 1845 Gautier fait connaissance avec Baudelaire, qui habitera plus tard ce même hôtel.
En 1857, sur le conseil des directeurs du Moniteur universel - journal d’un régime impérial que Gautier respecte -, il quitte un 5e étage de la rue de la Grange-Batelière et s’installe avec sa femme et leurs deux filles 32 rue de Longchamp, à Neuilly, dans une belle maison louée (que la promotion immobilière a jusqu’à aujourd’hui épargnée). Une petite surface, mais trois étages et un vaste jardin en contrebas, disparu depuis.
L’écrivain garde tout de même, en 1857-58, un pied à terre parisien, 35 rue de Grammont.
La maison de Neuilly est ouverte en permanence à tous ses amis. Gautier, gros mangeur, les régale parfois lui-même d’une bonne recette.
Toutes ces années, il fréquente 21 rue de Sèvres le salon de Louise Colet, l’amante de Flaubert, les réceptions de La Païva, 25 avenue des Champs Elysées, ainsi que le salon de la Princesse Mathilde, à Paris - 24 rue de Courcelles - et à Saint-Gratien. La guerre de 1870 et la Commune le poussent à quitter Neuilly pour Paris, 12 rue de Beaune, puis Versailles, où il se réfugie 3 avenue de Saint-Cloud pendant la Commune. Pendant cette dernière, la maison de Neuilly est endommagée par les bombardements.
Pris dans des soucis financiers permanents (malgré le salaire de bibliothécaire imaginaire que lui verse la princesse Mathilde, il ne sait pas gérer), malade, il regagne Neuilly au printemps 1871 et meurt en dormant le 23 octobre 1872.
Il a également habité rue Rougemont.
Autres demeures de l’auteur
Signalons seulement quelques pays traversés par Théophile :
l’Espagne (1840),
l’Algérie (1845),
l’Italie (1850),
la Grèce et la Turquie (1852),
la Russie (1858),
l’Egypte (1862).
Pour visiter le lieu
La maison de Neuilly est toujours là, signalée par une plaque. L’intérieur a changé depuis l’époque de Gautier. Elle n’est pas ouverte au public.
Quelqu’un à contacter ?
Le siège de la Société Théophile Gautier se trouve à l’université Paul Valéry, B.P 5043, 34032 Montpellier et, sur Internet, ici.
À voir aussi : http://theophile.gautier.voila.net
À voir aux alentours
Des écrivains qui ont habité Neuilly ou les environs :
Baudelaire, qui a habité Neuilly,
Sartre, qui a enseigné au lycée Pasteur,
Kessel, qui a vécu rue Quentin-Bauchart à Paris,
Balzac (rue Raynouard),
Maupassant, lorsqu’il vit rue du Boccador,
Dickens et Zola, lorsqu’ils fréquentent les Champs-Elysées,
Hugo, lorsqu’il meurt 124 avenue… Victor Hugo,
et Paul Valéry… 40 rue Paul Valéry.
Petite bibliographie
Le bulletin de la Société Théophile Gautier.
La maison de Théophile Gautier. Article de Paul Guilly dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome IV, Editions de l’Illustration. Paul-Emile Cadilhac et Robert Coiplet.
La princesse Mathilde ou la chatelaine de Saint-Gratien. Article de Jean des Cars dans Balades en Val d’Oise sur les pas des écrivains, présentées par Marie-Noëlle Craissati aux Éditions Alexandrines.
Les écrivains du Marais. Promenade littéraire autour de la Place Royale. Le Promeneur des Lettres (01 40 50 30 95).
[1] Ou 13 ?