Rares sont les auteurs célébrissimes de leur vivant qui, tombés ensuite dans l’oubli, se relèvent plus tard pour toucher à nouveau un large public.
En son temps plus lu que Balzac, rival d’Alexandre Dumas, estimé par ses pairs (il oeuvre beaucoup pour la reconnaissance du genre romanesque, du statut d’écrivain professionnel et pour la défense des droits d’auteur), Féval est soudainement délaissé par ses lecteurs à partir de 1876, année de sa reconversion à la religion catholique.
Il naît le 30 septembre 1816 au second étage de l’hôtel de Blossac, rue du Four du Chapitre à Rennes. Son père est conseiller à la Cour Royale de la ville, mais cette charge ne procure pas des revenus suffisants pour faire vivre une femme et cinq enfants… d’autant plus que Féval-père décède en 1827.
À partir de 1830, Paul passe quelques vacances chez son oncle au château de Cournon, près de Redon.
Devenu avocat à Rennes en 1836, il monte en 1837 ou 1838 à Paris parfaire des études en commerce qui durent… moins de deux mois, tant il est choqué par la rouerie des banquiers et des commerçants. Alors, en même temps qu’il expérimente "cent métiers, cent misères", l’esprit stimulé par les deux stars littéraires bretonnes de l’époque (Chateaubriand et Lamennais), il entame quelques récits dont aucun ne trouve d’éditeur.
Il travaille aux Halles, chez une charcutière de la rue Saint-Martin, puis habite rue de la Cerisaie, près de la Bastille. Il ne mange pas tous les jours.
Des introductions venues de Rennes ouvrent enfin les portes de journaux catholiques et royalistes à sa plume fertile, teintée de chouannerie bretonne. À partir de 1841, son succès lui attire l’intérêt de La Revue de Paris, puis de La Législature et du Courrier français.
L’un des directeurs, Anténor Joly, lui commande à la dernière minute de réécrire un roman-feuilleton dans la veine des Mystères de Paris, qu’une multitude de lecteurs attend déjà. Cela devait être la traduction des Mystères de Londres parus en Angleterre, mais la version française s’était révèlée au dernier moment impubliable…
Ces Mystères de Londres recomposés, dont la publication débute fin 1843 sous la plume d’un Sir Francis Trolopp qui n’est autre que Paul Féval, lui valent une renommée démesurée d’"auteur de romans-feuilletons". C’est ce qu’il attendait. D’autres feuilletons suivent.
Au contraire de Sue dont il est l’antithèse politique, la révolution de 1848 fait regretter à Féval d’avoir, par ses feuilletons, redonné une conscience au peuple, et il produira à l’avenir du "roman-feuilleton conservateur". Le Bossu paraît en 1857 dans Le Siècle et redonne à son auteur, jusqu’à 1870, une place de leader du feuilleton dans presque tous les genres : régionaliste, historique, fantastique, de moeurs, d’espionnage,…
Dans ces années-là, les adresses de Féval sont le 138 rue du Faubourg Saint-Denis (1854), le 7 rue d’Orléans à Saint-Cloud (1858), le 69 boulevard Beaumarchais (1860), le 80 rue Saint-Maur (1863). Il fait alors connaissance de Dickens qui reste longtemps son ami.
En 1868, il emménage 88 avenue des Ternes, puis 129 rue Marcadet (bâtiment détruit depuis).
En 1870, il s’exile à Rennes. Six ans plus tard, mal remis de la défaite de 1870, de deux échecs à l’Académie Française, d’une baisse de popularité et d’une débacle financière qui met sa famille aux abois, il broit du noir et se relève en se reconvertissant haut et fort à la religion catholique.
Ses dernières années, à partir de 1882, se déroulent dans la maladie. Il est accueilli aux Incurables, chez les frères Saint-Jean de Dieu, 19 rue Oudinot à Paris, où il meurt le 8 mars 1887.
Au fait, si vous rencontrez un jour Paul Féval et ne lui parlez que du Bossu en oubliant ses quatre-vingt-dix autres romans, vous verrez sa réaction…
Quelqu’un à contacter ?
L’Association des Amis du Roman Populaire (A.A.R.P.).
À voir aux alentours
Présences littéraires alentours de Rennes :
Chateaubriand à Saint-Malo et Combourg,
Alfred Jarry et Louis Guilloux à Saint-Brieuc,
Madame de Sévigné aux Rochers,
Henryk Sienkiewicz à Costaérès (Trégastel),
Joseph Conrad à Lannion et L’Ile Grande,
Ernest Renan à Tréguier,
T. E. Lawrence à Dinard.
Petite bibliographie
Il n’existe encore aucune biographie de Paul Féval. Mais on peut lire avec intérêt Paul Féval, parcours d’une oeuvre. Jean-Pierre Galvan, éditions Encrage, 2000, 168 p., 70 F.
Bonjour
Je vous informe que notre maison d’édition vient de rééditer un des romans de Paul Féval, épuisé depuis longtemps : Châteaupauvre, voyage au dernier pays breton.
à votre disposition pour plus d’info jérome