Pour beaucoup, Balzac n’est que l’auteur d’Eugénie Grandet.
Il est vrai que le succès du roman est rapide à partir de sa parution en 1834 et que, surtout après la mort de l’écrivain, cette œuvre éclipse les autres. Les écoles de la Troisième République en font le roman réaliste par excellence : style et personnages typés, architecture et morale irréprochables (pour l’époque).
Là où Flaubert met des années à enfanter son Emma Bovary, il suffit de quelques mois à Balzac pour donner naissance à son Eugénie : entre août et novembre 1833. L’une est l’opposée de l’autre : Eugénie est aussi retenue, pieuse et soumise qu’Emma est impatiente et révoltée. Mais en toutes deux se reconnaissent un grand nombre de contemporaines qui, malheureuses Eugénie, s’imagineraient bien ardentes Emma.
Et Charles Bovary est le contraire du père Félix Grandet : autant l’un est terne, autant l’autre est enflammé… par l’argent. Avare, il ne cesse de s’enrichir (comme quoi…).
Je cherche un avare…
À 33 ans, Balzac a déjà de belles œuvres derrière lui. Il commence à donner une architecture ambitieuse à sa Comédie humaine.
Séjournant régulièrement à Saché, il entend peut-être parler d’un célèbre avare de Saumur, Jean Nivelleau (bien qu’on dise plutôt, aujourd’hui, que le modèle du père Grandet serait M. de Savary, propriétaire de Saché et père de Mme de Margonne).
La célèbre "maison d’Eugénie Grandet" de la rue du Fort ne serait pas forcément celle qui inspira l’écrivain (la rue serait la bonne, mais la maison aurait été située plus haut, dans une partie détruite depuis)… Peu importe, dans les rues de Saumur aujourd’hui, on imagine sans peine le quotidien des Grandet, les jours de marché, les vies discrètes et tragiques que Balzac, ami de Delacroix, décrit comme un artiste peint sa toile.
À voir dans les environs :
le château de Montreuil-Bellay serait le modèle du Froidfond du roman (si l’on suit l’hypothèse du modèle Nivelleau) ; le château de Saché en serait un autre,
à Chênehutte-les-Tuffeaux, la gentihommière de la Mimerolle aurait accueilli Balzac en 1832 (mais rien n’est moins sûr), alors qu’Eugénie Grandet commençait à naître.
"Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. […] Ces principes de mélancolie existent dans la physionomie d’un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville."
Contact :
L’office de tourisme de Saumur : 02 41 40 20 60 (ou www.saumur.tourisme.com) propose un circuit-découverte du vieux Saumur.
Voir aussi www.ville.saumur.fr ou www.ot-saumur.fr.