Le séjour de Balzac à Maffliers (1829)

Le vendredi 2 février 2007.

En août 1817, en mai 1818, en 1819 et du début du mois d’avril à la mi-mai 1820, Honoré de Balzac (1799-1850) s’était reposé à l’Isle-Adam chez Villiers La Faye qui l’avait pris en affection. Louis-Philippe de Villiers La Faye né à Clomot en Côte-d’Or en 1749 avait embrassé l’état ecclésiastique sans conviction. Il le quitta sans regret sous la Révolution et se retira à l’Isle-Adam dans une propriété à l’emplacement du numéro 11 bis de la rue de Nogent. Dans une lettre du samedi 30 octobre 1819, Balzac écrivit à sa soeur « Tu sais bien que l’Isle-Adam est mon paradis terrestre ». Dans plusieurs de ses romans Balzac évoquera l’Isle-Adam ; le château de Cassan maintenant détruit et son parc aménagé par le financier Bergeret de Grandcourt (1715-1785) ont exercé une véritable fascination sur lui.

Balzac retrouva le cadre tant aimé de la forêt de l’Isle-Adam en se rendant en octobre 1829 à Maffliers où il était attiré par la duchesse d’Abrantès alors invitée au château de Maffliers par le comte Augustin de Talleyrand-Périgord. L’écrivain s’installa au village dans des conditions sur lesquelles on ne peut faire que des suppositions. On ignore s’il fut invité en même temps que la duchesse d’Abrantès ou s’il séjourna dans le voisinage. Il a pu loger dans une auberge voisine ou être accueilli chez un membre de la famille de son beau-frère Surville dont la mère était née à Maffliers. Il a aussi pu être l’hôte de Mlle Marie de Montheau à laquelle est dédié La Maison du Chat-qui-pelote. Balzac écrivit à Maffliers cet ouvrage qui ne porta ce titre qu’à partir de la première édition globale de La Comédie Humaine en 1842. Dans les éditions antérieures, le récit s’intitulait Gloire et Malheur. L’indication « Maflliers, octobre 1829 » n’y apparaît qu’en 1835.

La duchesse d’Abrantès (1784-1838) avait épousé en 1800 le général Junot (1771-1813), compagnon d’armes de Napoléon Bonaparte et qui fut notamment gouverneur militaire de Paris et commandant en chef au Portugal. Elle avait connu les gloires et les défaites de l’Empire. En 1825, la duchesse fit par l’intermédiaire de sa fille aînée Joséphine (1802-1882) la connaissance des Surville. Eugène Surville venait d’être nommé ingénieur des Ponts et Chaussées à Versailles ; il avait épousé en 1821, Laure, la soeur de Balzac née en 1800. Balzac rendit très souvent visite à sa soeur et à son beau-frère et fut très vite impressionné par cette femme célèbre qu’était la duchesse d’Abrantès ; le début de leur liaison est daté de la deuxième quinzaine d’août ou du début de septembre 1825. Il l’aida à écrire ou du moins à préparer puis à mettre au point ses Mémoires.

Balzac a-t-il voulu en 1835 donner à la duchesse d’Abrantès un tendre souvenir au moment où elle venait d’atteindre la cinquantaine ? Peut-être. Samuel S. de Sacy, auteur de la notice et des notes de La Maison du Chat-qui-pelote dans la collection folio de Gallimard, pense que plus probablement et plus simplement, Balzac suivait le nouveau parti qu’il avait adopté de préciser des lieux et des dates.

La dédicace à Mlle Marie de Montheau de La Maison du Chat-qui-pelote date seulement de l’édition de 1842. Mme Hanska, que Balzac finira par épouser en 1850 alors que leur liaison avait commencé en 1834, s’était inquiétée en la lisant de savoir qui était cette personne. Balzac lui répondit le 2 mars 1843 : « Marie de Montheau est la fille de Camille Delannoy, l’amie de ma soeur et la petite fille de madame Delannoy qui est comme une mère pour moi ». La soeur de Balzac était très liée avec Camille Delannoy qui, née en 1804, avait épousé en 1823 Léon de Montheau. Marie, née en 1825, était le premier de leurs quatre enfants. La mère de Camille était liée elle-même avec la mère d’Honoré de Balzac et de Laure. Mme Delannoy fut en effet « comme une mère » pour le romancier à qui elle prêta de l’argent dans les moments difficiles et en se montrant par la suite une créancière accommodante malgré les difficultés financières du ménage de sa propre fille.

Balzac rencontra à Maffliers un conseiller municipal du nom de Goriot ; le nom de cet édile fut inscrit sur le livre de comptes du domaine de Montbrun où il « faisait des journées ». La consonance du nom plut à Balzac et Le Père Goriot paru en 1835 devait devenir l’un des personnages de La Comédie Humaine. Le Père Goriot se retrouve également dans les romans suivants de Balzac : Modeste Mignon, La Maison Nucingen, Splendeurs et Misères des Courtisanes.

Pendant son séjour à Maffliers, Balzac s’est certainement promené dans la forêt de l’Isle-Adam mais ne semble pas être retourné à l’Isle-Adam.

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Dans la forêt de l’Isle-Adam, entre Maffliers et Nerville, une grille de l’ancien château des Bonshommes.

En 1830, il fit éditer la nouvelle Adieu dont l’intrigue se déroule en partie dans l’ancien prieuré des Bonshommes. La première parution eut lieu dans la revue hebdomadaire La Mode sous le titre Souvenirs soldatesques / Adieu en deux fois : le 15 mai 1830 la première partie Les Bonshommes et le 5 juin 1830 les deux autres parties intitulées Le passage de la Bérésina et La guérison. En 1832, Adieu figure sous un autre titre : Le devoir d’une femme. L’oeuvre reprendra son titre original à partir de 1835.

Jean DESFORGES (desforges.jean@wanadoo.fr)

Quelques références

Balzac, La Maison du Chat-qui-pelote. Préface d’Hubert Juin. Notice et notes de Samuel S. de Sacy collection folio Gallimard, 1970,
Balzac, Adieu. Présentation et notes de Lucette Vidal. Le livre de poche, 1995 Pierre Laverny,
Balzac à l’Isle-Adam. Bulletin d’information de la préfecture du Val d’Oise n° 16, octobre 1970,
André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Flammarion, 1974,
Maurice Bardèche, Balzac, Julliard 1980,
Pierre Sipriot, Balzac sans masque Splendeurs et misères des passions 1799 - 1850, Robert Laffont, 1992,
Roger Pierrot, Honoré de Balzac, Fayard, 1994.



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