Avec un grand-père ardent promoteur du darwinisme, et un grand-oncle humaniste et poète, comment ne pas devenir un "écrivain scientifique" ?
Aldous est saisi très jeune par un appétit impressionnant de découvrir et de comprendre. Sa mère meurt lorsqu’il a 14 ans.
Lorsqu’en 1911, étudiant à Eton, il devient presque aveugle à 17 ans, son intérêt pour la science croît encore. Sa cécité n’est pas totale. Elle lui interdit cependant et de s’engager sur le front de la "Grande" guerre comme ses camarades, et de poursuivre les études scientifiques dont il rêve.
Elle le pousse à marquer son style (il est dans les années 20 journaliste et critique littéraire) d’images saisissantes, approchant une écriture cinématographique. Ses écrits choquent ainsi par leur "cynisme scientifique". On le dit "en marge des sentiments humains".
Côtoyer des écrivains à Oxford le confirme en effet dans ses intentions littéraires. Son premier livre, un recueil de poèmes, paraît en 1916.
En janvier 1920, il passe quelques jours à Paris - où il fera d’autres nombreux séjours - chez Drieu La Rochelle près du Trocadéro, ce qui lui permet de rencontrer Aragon, Breton et les autres surréalistes.
Il séjourne à Florence en 1921, à la Villa Minucci del Rosso (via Santa Margherita a Montici 4).
En octobre 1928, il vient d’écrire Contrepoint [1] lorsqu’il s’installe avec Maria, sa femme, et Matthew, leur fils, 3 rue du Bac à Suresnes près de Paris. C’est leur port d’attache pendant quelques mois, entre deux voyages en France ou en Europe.
Ils passent l’hiver 1929 chez D. H. Lawrence, à Bandol. Le 3 mars 1930, ils sont auprès de lui lorsqu’il meurt à Vence. Quelques jours plus tard, ils achètent, entre Sanary et Bandol, la villa Huley (dont le nom a été tracé à l’entrée de la maison, par le maçon, avec une faute d’orthographe !) au Cap de La Gorguette. Ils y demeurent - sauf durant quelques voyages - jusqu’en mars 1937.
En 1931, Huxley y écrit en quatre mois Le meilleur des mondes, une utopie négative semblable à celle de 1984 d’Orwell (1948). Pour faire pendant à ce roman pessimiste, il écrira Ile, utopie positive, en 1962.
À Sanary, ses voisins sont H. G. Wells (dont Huxley partage les sentiments eugénistes), Edith Wharton, Paul Valéry.
En 1939, il part en famille pour la Californie, chercher d’autres remèdes à sa cécité, pousser plus loin son expérience de mysticisme et - à l’image de Michaux… ou de Philip K. Dick - son expérience des drogues (mais sous contrôle médical).
En août 1948, les Huxley sont de retour à Sanary. Ils passent six semaines dans la villa La Rustique, que leur amis les Neveux ont dénichée pour eux, et où ils séjournent une dernière fois en août 1950.
Huxley meurt le 22 novembre 1963, le même jour que Kennedy à Dallas, après 47 livres.
À voir aux alentours
Joseph Conrad, Marcel Pagnol, Isabelle Eberhardt à Marseille,
Stefan Zweig à Marseille et Nice,
Gaston Leroux à Menton et Nice,
Jean Cocteau à Menton,
Supervielle à Port-Cros,
Gogol à Nice,
Maupassant à Antibes et Cannes,
Nabokov à Cannes,
Mann à Sanary,
Wells à Magagnosc,
Alphonse Daudet à Nîmes et Fontvieille,
Mallarmé à Avignon,
Giono à Manosque,
Frédéric Mistral à Maillane,
Vauvenargues à Vauvenargues,
Blaise Cendrars à Aix-en-Provence,
Alexandra David-Neel à Digne,
Durell à Sommières,
Delteil à Montpellier, Toulon, Villeneuve-lez-Avignon, Grabels,
Paul Valéry à Sète,
Colette à La Treille Muscate (Saint-Tropez),
Prévert, Bernanos à Toulon.
Petite bibliographie
Aldous Huxley, a biography, vol. 1 (1894-1939). Chatto and Windus Collins, London, 1973.
Aldous Huxley. Le cours invisible d’une oeuvre. Françoise B. Todorovitch. Editions Salvator, 2000, 510 p., 149 F.
La côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud, Eric L. Paul, Edisud, 1999.
[1] long roman décrivant les destinées de plusieurs personnages, parmi lesquels on pourrait reconnaître Huxley lui-même, D. H. Lawrence, Katherine Mansfield, etc.