Guy de MAUPASSANT à Paris, Chatou, Poissy

Le jeudi 28 août 2003.
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La Maison Fournaise à Chatou.
"La littérature à talons coquets, je la connais et n’en ferai point ; et je ne désire qu’une chose, c’est de n’avoir pas de goût parce que tous les grands hommes n’en ont pas, et en inventent un nouveau."
Guy de Maupassant. Lettre du 3 avril 1878.

Par ses conseils, ses critiques et ses introductions auprès d’amis journalistes et écrivains, Gustave Flaubert a guidé Guy de Maupassant vers la prose plutôt que vers la poésie. La mère de Guy les a fait se rencontrer en 1867 dans leur Normandie natale. Mais c’est à Paris que tous deux se revoient régulièrement.

Fin 1871. Maupassant est démobilisé. Il trouve de petits emplois puis, en 1874, grâce à son père, un poste fixe de fonctionnaire au ministère de la Marine, rue Royale. Une plaque garde mémoire de son passage, dans l’actuel service "programmes sous-marins".
Grâce à Flaubert, le voilà de fin 1878 à 1882 au ministère de l’Instruction publique.

Jusqu’à 1876, il habite au 2 rue de Moncey une pièce obscure au rez-de-chaussée. Malgré l’écriture d’articles et de récits pour quelques journaux, les semaines d’un fonctionnaire sont tellement longues que, de 1872 à 1880, il se rend régulièrement le dimanche sur les bords de Seine pour se baigner, canoter, retrouver la compagnie de ses amis, des peintres impressionnistes… et des femmes.

Il parcourt Bezons, Argenteuil, Sartrouville, Chatou, Bougival à une époque où l’industrialisation et la pollution ont déjà commencé. Il fréquente en particulier l’auberge Poulin à Bezons, 2 quai de Seine, la Maison Fournaise à Chatou et La Grenouillère, un radeau-établissement de bains relié à l’île située face à Croissy (l’établissement brûle en 1889 et l’île est détruite en 1924).

Maupassant situe là le cadre de plusieurs nouvelles : Yvette, Mouche, La Femme de Paul… et y contracte la syphilis.
En 1889, pour trouver un peu plus de calme, il s’installe à l’hôtel de l’Esturgeon, qui existe toujours à Poissy, au bord de la Seine.

"Mon petit père, il est bien convenu que vous déjeunez chez moi tous les dimanches de cet hiver."
Lors des séjours de Flaubert à Paris, rue Murillo puis, à partir de mai 1875, 240 faubourg Saint-Honoré, le "maître" présente le dimanche Maupassant à Taine, Edmond de Goncourt, Zola, Tourguéniev, Daudet.
Aux jeudis de Catulle Mendès, rue Saint-Georges, Maupassant croise Mallarmé, Villiers de L’Isle-Adam. En juillet 1878, il achète Nana, un "chasse-canard" de cinq mètres de long, pour Zola qui vient d’emménager à Médan. Avec Zola et quatre autres, il participe à la conception du recueil des Soirées de Médan par une nouvelle qui domine les autres : Boule de Suif.
À trente ans, il devient, sous son vrai nom, un écrivain reconnu.

Flaubert décède en mai 1880. Maupassant trouve un autre défenseur en la personne de Zola, qui l’introduit au journal Le Gaulois, ce qui lui ouvre enfin les portes d’autres collaborations régulières, entre autres pour Gil Blas et Le Figaro. Sa situation financière lui permet de déménager du 19 rue Clauzel (1876-1882) - une plaque y figure - pour s’installer en 1882 dans un bel appartement 83 rue Dulong, et de faire construire La Guillette à Étretat.

En 1884, il emménage au rez-de-chaussée du 10 rue Montchanin (devenue rue Jacques Bingen), où il demeure jusqu’à décembre 1889.
Il fréquente divers salons, entre autres celui de Geneviève Straus, où il fait la connaissance d’un Marcel Proust d’une quinzaine d’années.
Dans ces salons, Maupassant séduit ou irrite par sa virilité et sa noirceur. Mais il se lasse de cette vie mondaine. Sa mauvaise santé et l’amour de la mer et des femmes le conduisent à de nombreux voyages. Les hivers le poussent vers la Côte d’Azur.

Autres demeures de l’auteur

  En 1885, l’écrivain habite Antibes dans la villa Le Bosquet. Antibes devient le port d’attache du Bel ami, son yacht de onze mètres bientôt remplacé par le Bel ami II, qui atteint presque quinze mètres.
  Fin 1885, il loue le Chalet des Alpes, en haut du Chemin de la Badine.
  Pendant l’été 1889, il occupe à Triel-sur-Seine la Villa Stieldorff, à distance de bicyclette de Médan.
Célibataire, auteur fécond et célèbre, entouré de femmes, il continue de changer de résidences parisiennes : 14 avenue Victor Hugo en 1889, qu’il quitte rapidement à cause du bruit pour le 24 rue du Boccador.
  L’hiver le trouve souvent à Cannes (à la Villa continentale en 1888, à la pension Marie-Louise en 1890, au Chalet de l’Isère, 42 avenue de Grasse (plaque), pendant l’hiver 1891).
C’est du Chalet de l’Isère que, sa santé ayant empiré, pris par des crises de folie, il est conduit en janvier 1892 à la clinique du docteur Blanche, 17 rue Berton - maintenant rue d’Ankara - à Paris (sur un côté de la propriété, avenue de Lamballe, une plaque signale aujourd’hui le "séjour" de Maupassant, ainsi que celui, quarante ans auparavant, de Gérard de Nerval).

Le 6 juillet 1893, après quarante-trois années d’existence et dix-huit mois de crises de folie, Guy de Maupassant meurt, vaincu par la syphilis.
Il repose maintenant au cimetière Montparnasse à Paris, non loin de Maurice Leblanc, son voisin d’Etretat.

Pour visiter le lieu
Aucun des lieux habités par Maupassant n’est visitable (à notre connaissance), sauf à s’inviter à la Maison Fournaise et au Musée Fournaise, à Chatou.

Quelqu’un à contacter ?
Association des Amis de Flaubert et de Maupassant, s/c Hôtel des Sociétés savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen (tél. 02 35 71 21 97, fax 02 35 89 07 01), ou par le site Maupassant.
Le Comité régional de Tourisme de Normandie (14 rue Charles Corbeau, 27000 Evreux, tél. : 02 32 33 79 00, fax : 02 32 31 19 04).

À voir aux alentours

Présences littéraires aux alentours de la Seine de Maupassant :

  Tourgueniev à Bougival,
  Anaïs Nin à Louveciennes,
  Balzac aux Jardies à Sèvres,
  Boris Vian à Ville d’Avray,
  Théophile Gautier et Jacques Prévert à Neuilly,
  Dumas à Monte-Cristo,
  Mirbeau à Carrières-sous-Poissy,
  Alain au Vésinet.

Petite bibliographie
Maupassant. Henri Troyat. Livre de poche n°7348.
Maupassant-sur-Seine. Article de Daniel Renard dans la revue Vivre en Val d’Oise n°18, février 1993.
Guy de Maupassant à Argenteuil, dans Balade en Val d’Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.
Paris la nuit : Nerval, Maupassant, Proust, Aragon. Marie-Sylvie Juan. Éditions Quintette.
Les promenades de Maupassant. Éditions du Chêne.
Guy de Maupassant et la Seine. Article et photographies de Robert Coiplet, in Demeures inspirées et sites romanesques, tome 111, éditions de l’Illustration.
Maupassant, le clandestin. Olivier Frébourg, Mercure de France, 192 p., 92 F. Une re-visite des lieux.



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