Deux histoires dans un même lieu insolite

La crémerie de la rue Saint-Georges

42 rue Saint-Georges
Le mercredi 22 février 2006.
En 1879, une jeune couturière déjeunant avec sa mère dans cette crémerie fit la connaissance d’Auguste Renoir qui y prenait tous les jours ses repas.

Par Bernard Vassor

Aline qui avait alors dix huit ans devint un modèle du peintre, lequel avait son atelier juste en face de la toute petite échoppe, au dernier étage du 35 rue Saint-Georges.

Il était venu habiter là chez son frère Edmond, et y installa son atelier qui fut aussi le lieu de réunion de la coopérative qui avait été créée le 27 décembre 1873 en vue de réunir tous les peintres partisans de la peinture « nouvelle ». C’est cette assemblée qui organisa la première exposition que l’on appela ensuite «  Impressionniste ». C’est ainsi que le quartier vit défiler Pissarro, Cézanne, Degas, Guillaumin, Monet. Manet quand à lui avait refusé de se mêler à cette association, craignant de compromettre son admission au salon officiel. C’est le père Martin, le marchand de tableaux, qui avait été nommé gérant provisoire.

Le père Tanguy qui gravissait les cinq étages, avec sa lourde caisse en bois, venait apporter sur place toutes les fournitures dont avait besoin Renoir.

Auguste et Aline, après une séparation de quelques mois, ne se quitteront plus jusqu’à la fin de leurs jours. La mort ne les a pas séparés, ils reposent ensemble au cimetière d’Essoyes.

Aline Charigot naît à Essoyes (Aube) le 23 mai 1859. Sa mère était couturière, son père boulanger. Elle avait été élevée par une de ses tantes. En 1874, à l’âge de 15 ans, elle part rejoindre sa mère à Paris où elle commence à travailler en tant que couturière.

Le 14 avril 1890, Auguste et Aline se marièrent à la mairie du IXème arrondissement.

Une autre crémière

Deux décennies plus tôt, les frères Goncourt qui demeuraient au 43 de cette rue apprirent avec stupéfaction, après les obsèques de leur bonne Rosalie Malingre, qu’elle menait une double vie !

Eux qui avaient « vécu vingt cinq ans à côté de cette femme sans rien deviner de sa vie. »
Minutieusement, ils ont retracé sa vie dissolue, pour en faire le premier roman naturaliste, et « reconstituer son milieu au moyen de petits faits accumulés, pris sur la nature ». Ils transposent à la fois le personnage réel et sa véritable histoire.

Au 42

L’action de l’histoire se déroule essentiellement dans la boutique et dans le quartier de la grosse crémière dont le fils Jupillon (Alexandre Colmant de son vrai nom) va être la cause du dérèglement de la pauvre Germinie Lacerteux.

Nous pouvons suivre les personnages dans Montmartre à la Boule Noire, sur les « fortifs », à l’hôpital Lariboisière et au cimetière Montmartre.

Les études préparatoires ont conduit les Goncourt à fréquenter le bal de l’Elysée Montmartre, le Casino-Cadet et le Château Rouge (de la Chaussée Clignancourt).

Profondément influencé par ce roman qui sera son livre de chevet jusqu’à la fin de sa vie, Vincent Van Gogh ira peindre : «  La Barrière avec l’Omnibus à chevaux ». Le dos de la couverture du roman figurera sur le tableau « Statuette en plâtre et livres ».

Aujourd’hui, c’est un restaurant « maison de poupées », avec au premier étage une vue sur l’atelier de Renoir. Il ne faut pas mesurer plus d’un mètre quatre vingt deux sous peine de ressortir avec des bosses. Les plus grands des convives peuvent confortablement s’installer au sous-sol, l’arrière boutique de « madame Jupillon ».

Un autre domicile de Renoir à deux pas de là : http://renoir.paris.free.fr/Inauguration.html.



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