Joseph DELTEIL

à Pieusse, Paris, Montpellier, Toulon…
Le jeudi 14 août 2003.
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29 rue de Verneuil à Paris.
"[…] ce qui personnellement m’a peut-être le plus aidé, sauvé en quelque sorte, paradoxalement, c’est mon absence totale de mémoire."
Joseph Delteil à Jean-Marie Drot.

Dans son contact avec la nature et les hommes comme dans l’écriture, Delteil goûte la saveur des sens et des mots. Faisant fi des héritages et des habitudes (d’ailleurs, il vient de le dire, il oublie tout !), l’anticonformisme de sa pensée, de son style et de sa vie en choquera plus d’un…

Il naît le 20 avril 1894 dans la ferme de La Pradeille à Villar-en-Val, d’un père bûcheron-charbonnier et d’une mère illettrée et vit ses quatre premières années à la Borie ("construction de Pierres sèches") de Guillaman, à 30 kilomètres au sud de Carcassonne, dans le Val de Dagne (du bâtiment, il ne reste presque rien aujourd’hui).

En 1898, son père achète un peu de vigne à Pieusse, 30 kilomètres plus loin. C’est là, dit-il, son "village natal", au coeur des Corbières, où le paysage s’élargit, où l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français.
Joseph y demeure jusqu’à son certificat d’étude en 1907, pour aller ensuite tout près, à Limoux, intégrer l’école Saint-Louis. Il est ensuite élève au collège Saint-Stanislas (c’est le petit séminaire) de Carcassonne.

En 1914, il est mobilisé à Toulon et passe presque toute la guerre avec son régiment à Saint-Raphaël, où est publié son premier recueil de poèmes.
L’année 1919 le trouve à Fraize, près de St-Dié dans les Vosges, et 1920… à Paris. Il présente ses poèmes le dimanche à Henri de Régnier et, peu à peu, rencontre Soupault, Mac Orlan, qui publie fin 1922 Sur le fleuve Amour, enthousiasmant Aragon par son style et menant Delteil vers les surréalistes (quelques mois plus tôt, il s’est fait traiter de "fouille-merde" par Claudel pour Iphigénie), puis Breton, Picabia, Desnos, Crevel, Supervielle, Larbaud, Robert et Sonia Delaunay, Marc Chagall.

Ses pérégrinations parisiennes sont des histoires d’hôtels :

- en 1920, il loge d’abord à l’hôtel de Verneuil (29 rue de Verneuil), puis
- hôtel de Cronstadt (rue Jacob),
- hôtel Kensington (avenue de la Bourdonnais),
- hôtel de Turenne en avril 1922 (av. de Tourville),
- hôtel du Centre en avril 1923 (rue des Bernardins), au total une quinzaine de domiciles, y compris début 1928 dans une chambre de l’auberge Saint-Pierre à Dampierre- en-Yvelines, près de Rambouillet (où il écrit l’essai De Jean-Jacques Rousseau à Mistral), et à Versailles,
- fin 1924, il s’installe jusqu’à 1930 17 bd de la Chapelle, au 4ème au fonds du couloir, appartement n°15, tout en continuant des séjours réguliers à Pieusse. De quoi vit-il ? Il est employé au Comptoir d’Escompte puis rédacteur au ministère de la Marine jusqu’à 1923, tout en collaborant à des revues.
A partir du 1er janvier 1924, il vit uniquement d’écriture.
Sa Jeanne d’Arc est publiée en 1925, remportant le prix Fémina et une volée de critiques.En 1929, au faîte de sa gloire après une vingtaine d’ouvrages, il refuse de devenir écrivain de métier. Il commence à voyager. Sa femme Caroline et lui ont une vie nomade jusqu’à 1937, année de leur sédentarisation (bien sûr près d’une vigne) à La Tuilerie de Massane à Grabels près de Montpellier.
Le salon de la maison est grand comme un jardin. Ils y reçoivent en mai 1953 Henry Miller et sa femme Eve (Anaïs Nin avait présenté Miller à Delteil à Paris en 1933). Joseph Delteil meurt le 12 avril 1978 à la Tuilerie de Massane, après 36 ouvrages.

Autres demeures de l’auteur
Entre Paris (1930) et La Tuilerie de Massane (1937), les lieux de vie des Delteil :
- à partir d’octobre 1931, il est à Vence pour une convalescence (sans doute d’une tuberculose). En 1932, ils y sont logé à l’hôtel Biffi - jusqu’à la fin mars, puis à Briançon - villa La Fresnaye - où ils passent l’hiver 1932-1933,
- en avril 1933, ils s’installent villa Capra à Villeneuve-lès-Avignon dans le Gard, face à la Cité des Papes, jusqu’à la mi-août, avant de rejoindre Toulon : ils y résideront de manière intermittente jusqu’en mars 1935, aux Quatre Chemins à La Collinière,
- 1936 les trouve à nouveau à Villeneuve-lès-Avignon, dans un appartement du prieuré,
- ils résident à l’hôtel Métropole de Montpellier en 1937,
- l’été 1937, ils se réfugient à La Galaube, à trente-cinq kilomètres au nord de Carcassonne, dans une maison qu’ils loueront souvent l’été jusqu’en 1976.

Pour visiter le lieu
Les adresses de Delteil ne sont pas, sauf erreur, ouvertes au public.
De la Tuilerie de Massane il semble rester aujourd’hui peu de choses.

À voir aux alentours
De Pieusse à La Tuilerie de Massane, les voisins écrivains de Delteil sont :
- Joë Bousquet et André Chénier à Carcassonne,
- Paul Valéry à Sète,
- Daudet à Nîmes,
- Claude Simon près de Perpignan.

Petite bibliographie
Joseph Delteil. Les escales d’un marin étrusque. Denis de Wetterwald. Christian Pirot éditeur, 144 p., 110 F.



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