Louis ARAGON et Elsa TRIOLET

à Saint-Arnoult-en-Yvelines, Paris,…
Le mercredi 13 août 2003.

56 rue de Varenne à Paris.

"Jamais je n'ai écrit une histoire dont je connaissais le déroulement, j'ai toujours été, écrivant, comme un lecteur qui fait la connaissance d'un paysage ou de personnages dont il découvre le caractère, la biographie, la destinée."
Aragon, Je n'ai jamais appris à écrire, 1969.

"On peut écrire en dehors du temps, des événements, mais pas en dehors de son propre sort, et, partant, en dehors de soi-même, de ce qu'on est."
Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs. 1943

Attention : joyau ! Le Moulin de Saint-Arnoult est un joyau… encore habité, semble t-il, par Aragon et Elsa, et qui abrite par ailleurs, conformément au souhait d’Aragon, un centre de recherche et de création.
Celui qui haïssait son propre prénom l’appelait Elsa…
Elle le rencontre le 6 novembre 1928 grâce à un ami. Elle a lu Le Paysan de Paris et est tombée amoureuse de son auteur.

Aragon achète pour Elsa, en décembre 1951, cet ancien moulin à eau qui mouille dans la Remarde et a perdu depuis longtemps sa roue.
Le week-end, ils viennent ici échapper à Paris, laissant le restant de la semaine la garde du Moulin à leurs gardiens-amis Hélène et Ernest.
Aragon et Elsa redonnent vie à ces bâtiments dont l’origine remonte au XIIe siècle et les formes actuelles datent des XVIIIe et XIXe. Depuis 1904, le Moulin de Villeneuve n’a plus vu un meunier.
Plusieurs propriétaires l’ont possédé, dont des danseuses du Moulin Rouge. Elsa, qui a étudié l’architecture et la décoration intérieure, dessine les plans de plusieurs pièces et aménage le parc. Elle choisit le bleu de Saint-Pétersbourg pour habiller son bureau et leur chambre. Aragon éclaire le parc pour les promenades nocturnes, installe le chauffage pour protéger de l’humidité ses milliers de livres (au total, 28 000 ouvrages).
Dans chaque pièce de cette demeure flotte un air de la Russie d’origine d’Elsa. Le soir, dans le grand salon - l’ancienne "usine" des meuniers -, Aragon émerveille ses invités avec de longs monologues, et ouvre de temps à autre la vanne pour faire gronder la chute d’eau et taire les bavards. Elsa en profite peut-être pour sortir de son placard l’un de ses quatre cents Série Noire
Au Moulin de Villeneuve, Aragon conçoit La Semaine Sainte et Elsa écrit Le Cheval roux.

Autres demeures de l’auteur
Nombreux sont les lieux où Aragon, puis Aragon et Elsa, passent.
En voici les principaux situés en France (d’après la chronologie publiée dans le Magazine littéraire) :
- 11 bis avenue de Villars à Paris (1898),
- 20 avenue Carnot, où sa mère tenait une pension de famille (1899),
- 12 rue Saint-Pierre à Neuilly (1904),
- l’hôpital du Val de Grâce à Paris, où il suit une formation de médecin auxiliaire (1917),
- la Sarre, l’Alsace, Sarrebruck et Völklingen, où il cantonne après la guerre,
- des hôtels de Paris, lorsqu’en 1923, il cesse d’habiter Neuilly,
- 5 rue Campagne Première, où il s’installe dans un atelier en septembre 1928. C’est là qu’il vit avec Elsa entre 1929 et 1935,
- 18 rue de la Sourdière, derrière l’église Saint-Roch, à partir de février 1935, après plusieurs voyages en URSS,
- à Crouy-sur-Ourcq et Condé-sur-Escaut, où il est mobilisé en 1939 et 1940,
- 63 rue de France à Nice, où il arrive fin 1940 après un périple qui l’a mené, par Dunkerque, Plymouth et Brest, en Dordogne, Corrèze, à Carcassonne et Villeneuve-les-Avignon,
- 16 cité du Parc à Nice, en novembre 1941, après un emprisonnement à Tours,
- à Saint-Donat-sur-l’Herbasse (Drôme), en juillet 1943 et jusqu’à la Libération, avec des séjours à Lyon. À Saint-Donat et à Lyon, Elsa écrit les nouvelles qui composent Le premier accroc coûte deux cents francs (Prix Goncourt 1944),
- 56 rue de Varenne, à Paris, qu’il loue à partir de mars 1960 et où il décède. Aragon (décédé rue de Varenne le 24 décembre 1982) est enterré aux côtés d’Elsa (décédée le 16 juin 1970 dans sa chambre, au Moulin) dans le parc du Moulin.
Sur leur tombe est gravée cette phrase d’Elsa : "Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l’alliance de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur, à toi et à moi."
Aragon avait promis à Elsa de l’entourer de musique même après sa mort. Il disposa auprès de sa tombe un magnétophone qui jouait Bach et le Chant du Rossignol. Depuis la restauration du Moulin, ces notes bercent leurs corps jour et nuit.

Pour visiter le moulin de Villeneuve
Fondation Elsa Triolet - Louis Aragon, Moulin de Villeneuve, rue de Villeneuve 78730 St Arnoult en Yvelines, tél. 01.30.41.20.15. Fax : 01 30 41 43 92, www.maison-triolet-aragon.com.
Pour les horaires et tarifs, voir les messages ci-dessous.

Quelqu’un à contacter ?
La Société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet : www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/amis/soc_amis.htm ; le siège de la Société : Centre Culturel de Vitry, 36 rue Audigeois, 94400 Vitry, tel. : 01 46 81 21 06 (fax : 01 47 18 02 20).
Le site ERITA : www.louisaragon-elsatriolet.com, de l’Equipe de Recherche Interdisciplinaire sur Elsa Triolet et Louis Aragon.

Petite bibliographie
Elsa Triolet et Aragon au Moulin de Villeneuve. Michel Apel-Muller. Fondation Elsa Triolet-Louis Aragon, 1996. 45 F.
Aragon, l’amour et l’histoire. Magazine littéraire N°322. Juin 1994. 30 F.
Faites entrer l’infini. Revue de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet.
Recherches croisées. Publication du groupe de recherche ERITA.
Un peu plus loin que Saint-Arnoult… Paris la nuit : Nerval, Maupassant, Proust, Aragon. Marie-Sylvie Juan. Éditions Quintette.
Le tout-Paris d’Aragon. Josyane Savigneau. Le Monde des Livres, 22 août 1986.



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