Beaucoup de monde vient à Vichy faire un régime (la plaisanterie n’est pas très fine, c’est vrai…).
La ville donne naissance à deux écrivains-voyageurs : Albert Londres en 1884 (2 rue Besse) et Valery Larbaud en 1881 (sa maison natale se trouve à l’angle de la rue Nicolas Larbaud et de l’avenue Victoria ; elle a été remplacée depuis par l’immeuble actuel ; Larbaud décède dans un appartement de cet immeuble en 1957). En qualité de ville thermale et touristique, elle en voit passer une multitude d’autres, en particulier à une époque peu renommée de son passé, vers juin 1940 : des écrivains qui fuient la zone occupée ou tout simplement la France, et traversent Vichy en route vers la Suisse (Joyce) ou vers Marseille et l’Amérique (Simone Weil).
Une chose est sûre : la ville est magnifique à faire peur. Magnifiques sont ses chalets Napoléon III, ses petites rues anglaises, ses luxueux hôtels. Font peur les années sombres de la seconde guerre mondiale, pendant lesquelles à l’hôtel du Parc un gouvernement soumis à l’occupant édicte des lois contraires aux droits de l’homme et à la dignité humaine. Certains, dégoûtés par les gouvernements d’avant-guerre et ignorant encore le détail de la soumission de Pétain à l’Allemagne, se laissent un temps berner par ce maréchal qui dit vouloir régénérer le pays. Claude Roy, par exemple, découvre dans le secrétariat à la Jeunesse installé dans l’hôtel du Palais le mouvement vichyste Jeune France, dans lequel il investit ses compétences de journaliste de presse et de radio et où il croise Emmanuel Mounier et Albert Ollivier… futur porte-parole de de Gaulle ! Roy entre dans la Résistance en 1942.
Voici une liste, non exhaustive bien sûr mais chronologique, de ses illustres visiteurs [1] :
Madame de Sévigné y est curiste en 1676 et 1677. L’hôtel où elle réside se trouve rue Sévigné,
Paul Verlaine y effectue des séjours dans les années 1850-1860,
Gustave Flaubert à l’Hôtel Britannique en août et septembre 1862 et en juin-juillet 1863,
les frères Goncourt à l’Hôtel Madrid en juillet 1867 et juin 1868,
Eugène Ionesco y séjourne en tant qu’attaché culturel à l’ambassade de Roumanie,
Jean-Paul Sartre entre 1914 et 1918,
Simone Weil et ses parents font étape quelques jours pendant l’été 1940 au 3 rue du Bourbonnais, avant de continuer leur route vers Marseille puis les Etats-Unis,
James Joyce et sa famille à l’hôtel Beaujolais, situé alors 12 rue de Paris et disparu depuis, de mi-avril à mi-juin 1940,
Samuel Beckett les y rejoint en juin 1940,
Jean Giraudoux a son bureau dans l’hôtel du Parc avec le gouvernement de Vichy en 1940,
Alexandre Vialatte vit à Vichy de février 1941 à décembre 1943,
Somerset Maugham à l’hôtel Carlton en 1948, 49 et 50,
Georges Duhamel, au Grand Casino en août 1959 et août 1960,
Yann Queffélec en avril 1994 à l’hôtel Aletti,
la ville voit passer d’autres visiteurs : Jules Vallès, Georges Simenon (qui y situe des scènes de Maigret à Vichy), Nina Berberova…
[1] Obtenue grâce à la gentillesse des documentalistes de la médiathèque Valery Larbaud.