Et, pour les amateurs de clichés : Sans liberté de…
Par Bernard Vassor
Le premier Figaro fut fondé par Le poitevin de Saint Alme [1] avec Maurice Allhoy. Le numéro 1 figure à la date du 15 février 1826.
Journal non politique, il proposait les thèmes suivants : « Théâtres, critique, sciences, arts, morale, scandales(déjà), économie domestique, bibliographies, modes etc. »
Rédacteurs : le comte Almaviva, Figaro, Bartholo, Rosine etc. Le journal était alors rue 12 Bergère
Six mois plus tard, le Figaro fut vendu 40 000 francs à Victor Bohain [2], qui s’était entouré de l’élite des gens d’esprit qui vont donner à cet organe une orientation politique d’opposition, qui participera à la chute de Charles X.
Parmi ceux-ci, Léon Gozlan (le Gazonal de la Comédie Humaine) Alphonse Karr, Paul Lacroix (le bibliophile Jacob) Auguste Blanqui, qui faisait le compte rendu des chambres. Ajoutons Roqueplan, Romieu, Véron, qui avaient rédigé au café le Vaudeville, un numéro bordé de noir demandant au docteur Roux, médecin chef de l’Hôpital de la Charité, d’opérer d’urgence un auguste personnage atteint de cécité.
Après 1830, Bohain devenu préfet, les principaux rédacteurs vont être Félix Pyat, Jules Sandeau, Henri de Latouche (l’initiateur de Balzac au martinisme, au swedenborghisme, et dit-on sans preuve à la Franc-maçonnerie).
En 1832, il y eut une scission, les éléments républicains étant neutralisé et écartés par les monarchistes. Le journal était augmenté d’une feuille d’annonce à 15 centimes la ligne, sous le titre de Petites Affiches du Figaro.
La mort du premier Figaro, « le grand, le vrai », semble d’après Eugène Hatin, dater de 1833.
Ressuscité par Eugène Biffaut et Alphonse Karr en 1836, racheté en 1838 par Léon Halévy, et Charles de Boigne en 38, puis par Dutacq en 39 qui vit apparaître un bi-hebdomadaire avec pour rédacteur en chef Albéric second.
Lepoitevin va tenter de reprendre un « Nouveau Figaro » en 1841-42 puis sans succès. En 1852, son enfant de 1826 mourra brutalement.
1847-1848, Léon Bernis publie le Figaro, journal de l’après-midi, mort-né.
Enfin le2 avril 1854, parait le nouveau Figaro (installé au 3 rue Rossini, endroit où habite à l’époque une certaine Thérèse Lachmann). Dès le premier jour dit le Grand Larousse du XIX° siècle : ce fut un journal de scandales, publiant à tort et à travers, avec une méchanceté sans pareil, souvent avec esprit, toujours de parti pris, les célébrités du moment.
Condamné à cesser de paraître en 1856, Villemessant [3] adressant une pétition au prince impérial âgé de quatre jours, l’empereur ayant ri, grâce lui fut accordée.
Le journal se fit une spécialité d’attaques et de sarcasmes prolongés contre Lamartine, puis engageant sur le terrain de la morale et des bonnes moeurs, des ouvrages qualifiés de lestes ou de pornographiques, vont conduire aux procès de « Madame Bovary » et des "Fleurs du Mal », vous connaissez la suite.
Le journal ne devient quotidien qu’en 1866, et s’octroit les services d’un autre petit marquis, un polémiste de talent : Henri de Rochefort, grace à qui le tirage augmente considérablement, transformant cette feuille à scandale en organe politique.
Le pouvoir s’émut de cet orientation, et obligea Villemessant à se séparer de Rochefort, mais il lui ménagea dans des locaux attenants du 3 rue Rossini un bureau où le petit marquis de la cité Malesherbes (numéro 5) confectionna un minuscule journal in 18, intitulé « La Lanterne », qui va dès le départ connaître un foudroyant succès, mais, c’est une autre histoire…
Pendant le siège de Paris et la Commune, ce journal royaliste prendra la défense du Parti de l’Ordre. A la fin de la Commune, il va rivaliser avec les versaillais dans la dénonciation la plus abjecte des femmes et des enfants qu’il faut fusiller sans procès avec la vermine des communeux.
Nous devons aujourd’hui encore au Figaro l’invention des « pétroleuses », que beaucoup d’historiens répètent encore sérieusement. Rappelons que grâce au quotidien bien pensant, toute femme ou enfant porteur d’un pot à lait en fer blanc, était collé au mur et fusillé sans autre forme de procès.
Après son installation 26 rue Drouot, ce journal va se lancer à la suite du Charivari dans de nouvelles campagnes contre les impressionnistes. Soutien du comte de Chambord, ses attaques contre la République le cantonneront jusqu’à la fin du siècle (et même après) à une position très, comment dire… réactionnaire.
[1] Né à Paris en 1791, mort en banlieue à Belleville en 1854, il publia avec Arago et un certain Horace de Saint Aubin plus connu aujourd’hui sous le nom de Balzac, un romain intitulé L’Héritière de Birague. Il a publié aussi sous les pseudo suivants : Poitevin de l’Egreville, Auguste Villerglé, Aurore Cloteau…
[2] Victor Bohain, 1805-1856 à Paris, 23 rue Richer, absent lui aussi des dictionnaires. Auteur dramatique, dont une pièce, Mirabeau, fut jouée par Frédéric Lemaître… et supprimée aussitôt par la censure royale. Organisateur de génie, il fondra de nombreuses entreprises, dont Le Courrier de l’Europe et L’Europe littéraire.
[3] Villemessant, voir ce qu’en disent les frères Goncourt dans « Le Journal ».
Bonjour !
J’aime énormément regarder ce genre de photos des bon vieux temps de jadis concernant les journaux, les magazines, les périodiques, les livres et les revues.
D’ailleurs, je me passionne énormément lorsque je vois les artisans au travail courbés sur leurs établis pour fabriquer, créer, peindre, inventer ou découvrir. Même chose pour le lire-écrire.
Que dire d’un intérieur d’une Imprimerie journal tél que celui d’"El Balagh El Djézaïri"(Communiqué ou Méssagier Algérien) sis au 7, rue de Lorraine - Bélcourt - Alger dans les années 1930 - 1954, dont je sollicite les photos autant que le nom du propriétaire de l’immeuble au rez-de-chaussée duquel se trouve cette imprimerie que j’avais eu l’occasion de visiter lorsque j’avais neuf ans en 1955. Des établis, avec des caractéres de plomb en arabe et en français dont je ne sais faire l’utilisation à l’époque, mais étais trés impréssionné. Comme mon défunt oncle Md Chérif n’avais pas cette culture légendaire et photographique, l’idée et la pensée ne lui étaient pas venues de nous faire des photos de-dans, Abdérrazick et moi. N’y a-t-il pas des familles de colons qui habitent dans ce quartier et qui peuvent me faire le plaisir de me duplier celles-ci si elles en disposent dans leurs archives familiales ou dans leurs colléctions ? 1950 ce n’est pas trop loin pourtant.
Aujourd’hui même, " les amis de Constantine" se réunissent à Toulon. Je leur souhaite plein succès dans leurs travaux de recherches iconographiques et légendaires.
L.AS. AMAROUCHE (Alditas)