Jules VALLES, l’insurgé parisien

avant et après 1871
Le vendredi 11 novembre 2005.

Dès les années 1850, la vie parisienne de Vallès est émaillée de séjours "à l’ombre", comme après le 5 juillet 1853, lorsqu’il participe avec Ranc et une dizaine d’autres au "complot de l’Opéra comique" contre Napoléon III. On le retrouve à la prison de Mazas entre le 16 juillet et le 30 août.
Il rate difficilement une occasion de montrer son opposition à l’Empire. Le 15 janvier 1865, il donne une conférence sur Balzac au Casino-Cadet, salle de bals, concerts et meetings située 18 rue Cadet. Il mêle discours littéraire et discours politique, et y gagne d’être renvoyé de la mairie de Vaugirard, où il était en poste depuis 1860.

Le 29 rue de Tournon est son adresse dans les temps qui précèdent la Commune.

À l’issue de la Semaine sanglante, comme il l’explique dans L’Insurgé, Vallès décide d’échapper aux Versaillais plutôt que de marcher à la mort. Après la prise de la barricade de la rue de Belleville, le 28 mai en milieu de journée, il se déguise en médecin militaire, se rend à l’hôpital Saint-Antoine puis à la Pitié-Salpêtrière, craignant à tout moment d’être reconnu (il croise alors Maxime du Camp qui, soit parce qu’il n’est pas sûr soit parce qu’il ne veut pas être délateur, ne le dénonce pas).
Vallès trouve à se cacher chez son ancienne logeuse, 2 cour du Commerce-Saint-André, puis 38 rue Saint-Sulpice, puis rue Campagne-Première chez le sculpteur Roubaud.
Il gagne l’Aisne en août, puis passe en Belgique, et s’installe à Londres en septembre. Un ami mort pendant le siège lui a légué un héritage que Vallès, aidé par un avocat habile, parvient à récupérer avant sa condamnation à mort par contumace en juillet 1872.
Il écrit cette année-là une pièce de théâtre sur la Commune, qui n’est pas très bonne et est refusée partout. Vallès n’est fait ni pour le théâtre ni pour le récit historique, comme son adversaire Lissagaray, qui publie en 1876 son Histoire de la Commune. Il est fait pour le récit autobiographique. À Londres, il écrit L’Enfant et Le Bachelier.

Il compose L’Insurgé, 3e tome de sa trilogie, après son retour à Paris en juillet 1880, en même qu’il collabore au Réveil, à Gil Blas, etc.
Il y met, comme dans les deux premiers tomes, son style de journaliste : les scènes se succèdent à un rythme soutenu, avec dans chacune une image destinée à marquer le lecteur.
Témoin à Londres puis à Paris des scissions entre les socialistes, il invite le lecteur à l’union dans la révolte sociale, tout en dénonçant les nostalgiques de 1789, les Communards majoritaires qui, tels Ranvier, Delescluze et Rigault, vivent dans une métaphysique coupée du peuple.

Le roman paraît d’abord en quatre livraisons en août-septembre 1882, dans La Nouvelle Revue de Juliette Adam, et à nouveau, dans une version un peu plus complète, dans Le Cri du peuple qui renaît à l’automne 1883, profitant de la liberté de la presse définitivement assise sur la loi de juillet 1881. Le Cri du peuple est en particulier financé par le docteur Guebhardt, compagnon de Séverine, secrétaire de Vallès, qu’elle a rencontré à Bruxelles en 1880.

Dans les années 1880, l’adresse de l’écrivain est la rue Taylor, puis le 20 rue Soufflot.

Il meurt d’une crise de diabète en février 1885 (la même année que Hugo) au 77 boulevard Saint-Michel, chez Séverine et le docteur Guebhardt. Ses obsèques sont suivies jusqu’au Père Lachaise par des milliers de parisiens.
Il n’a pas eu le temps de terminer la relecture de L’Insurgé en vue d’une édition en librairie. C’est Séverine qui s’en charge l’année suivante.

Voir aussi Jules VALLES.



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