Pierre Ambroise CHODERLOS DE LACLOS

à Amiens, Paris et en Province
Le jeudi 14 août 2003.
"L'amour est le consolateur de la société. L'homme social a payé ce bien de tous ceux que possède l'homme naturel."

Admirateur de La Nouvelle Héloïse, expert en fortifications et en artillerie (il invente le boulet creux - l’obus) et mari fidèle qui avait le projet, à la fin de sa vie, d’écrire un roman montrant qu’"il n’est de bonheur que dans la famille" : voici quelques visages peu connus de l’auteur des Liaisons dangereuses.

C’est pour échapper à la tristesse d’une vie de soldat trop calme en tant de paix que Laclos, après quelques autres tentatives, parvient à mettre un peu de piment dans son existence en publiant Les Liaisons dangereuses.

- Pierre Ambroise naît à Amiens en 1741 dans une famille de petite noblesse. Sa famille réside dans un hôtel de l’actuelle rue Dupuis.
- Ses origines relativement humbles ne lui permettent pas de prétendre d’emblée à de hauts rangs dans l’armée. Il se retrouve en garnison à La Rochelle, Toul, Strasbourg, Grenoble (1769 à 1775), Besançon, Rochefort (en 1777), etc. Pour tromper l’ennui, il fréquente les salons et écrit des poèmes et un opéra qui connaît un bel échec en 1777. Il travaille à la fortification de l’île d’Aix et de l’île de Ré au début des années 1780. En 1781, il demande un congé de six mois et se lance dans la conception des Liaisons, roman épistolaire qu’il compose avec une précision toute militaire.
Celui-ci scandalise dès sa parution en 1782 [1]. Déjà à cette époque, scandale signifie succès de librairie. Le roman plaît et est décrié pour la même raison : il décrit bien les mœurs de son époque. La marquise de Merteuil surtout, et le vicomte de Valmont complotent sans scrupules. Vengeance, calculs, manipulations et manœuvres sont leur raison d’être. Ils excellent dans l’art de maîtriser leurs passions. Mais cela les conduit à leur perte : Valmont est tué en duel et la marquise finit atteinte de la variole et condamnée en justice.
- Laclos rencontre Marie-Soulange Duperré en 1783. Il l’épouse à La Rochelle trois ans plus tard. En 1785, il a rédigé un essai intitulé De l’Education des femmes, prônant avant la lettre l’égalité des droits de l’homme et de la femme et appelant à une révolution dans les rapports entre les sexes…
Il rédige aussi une Lettre dénonçant les théories de Vauban, ce qui provoque un tollé dans l’armée. N’y espérant plus de promotion, il en démissionne en 1788 pour rejoindre Paris et être conseiller du duc d’Orléans (futur Philippe Egalité).
- Laclos travaille alors au Palais-Royal, siège de la famille d’Orléans. Après la prise de la Bastille, il accompagne le duc à Londres. De retour à Paris en 1790, il devient un Jacobin actif et œuvre en particulier pour Danton et Bonaparte. Avec la Révolution, les activités professionnelles de Laclos prennent en effet une autre ampleur. Il est nommé général d’infanterie en 1792. Mais la période troublée qui s’ouvre avec la Terreur ne l’épargne pas : il est incarcéré le 1er avril 1793 sur ordre du Comité de sûreté générale à cause de ses amitiés avec la famille d’Orléans, et libéré en mai grâce à l’intervention d’un ami.
On le retrouve au Château-Neuf de Meudon, chargé par la Convention d’expérimenter le boulet creux qu’il vient d’inventer. Il est à nouveau incarcéré le 5 novembre à Picpus, et libéré le 1er décembre 1794, après avoir échappé de peu à la guillotine. Sans doute son appartenance à la franc maçonnerie l’aide-t-elle à échapper plusieurs fois à la peine capitale.
En 1800, il est nommé général d’artillerie, par décision personnelle de Bonaparte qui entend le récompenser pour son rôle lors du 18 Brumaire. Nommé commandant d’artillerie dans l’armée d’observation des Etats du royaume de Naples début 1803, il meurt de dysenterie à Tarente, le 3 septembre.

[1] Résumé : la marquise de Merteuil veut se venger du comte de Gercourt qui l’a quittée. Elle charge le vicomte de Valmont de déshonorer Cécile de Volanges, que doit épouser le comte. Mais Valmont préfère s’attaquer à la vertueuse présidente de Tourvel.



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