Dites moi, où n’en quel pays
est Flora la belle romaine ?
Ballade des dames du temps jadis
François Villon
« Le Vénus Bar », un café pas tout a fait littéraire.
Situé à l’angle de la rue de la Grange Batelière et du passage Jouffroy, ce café et les étages supérieurs étaient un lieu de plaisir que les frères Goncourt ont soigneusement étudié. En 1850, moment de la création, la tenancière de l’établissement qui était surveillée par la police des moeurs, avait installé là une maison de tolérance.
C’était aussi le refuge des petites dames légères du passage Jouffroy qui venaient s’y réfugier, quand la police venait troubler leur petit commerce.
C’était en général le mari de la sous-maîtresse qui était un littéraire. En effet, il se présentait comme traducteur auprès des touristes racolés à la sortie des théâtres du boulevard ou des « Folies Bergères » toutes proches. Nous savons le goût des Baudelaire, Delvau, et Aurélien Scholl, pour ces endroits. La proximité du boulevard et l’endroit assez discret permettaient bien des escapades incognito…
L’endroit est fermé en 1945 par une loi initiée - dit Alphonse Boudard - par une ancienne prostituée qui a donné son nom à ladite loi !
Depuis, un magasin d’antiquité qui occupe ce rez-de-chaussée, n’est pas hostile à la conservation de la mémoire de ce lieu.
Sources :
Archives de la préfecture de police
Alphonse Boudard : La Fermeture Paris 1986
Les Goncourt : La fille Elisa (le début du roman est consacré à l’étude des maisons closes)
Laure Adler : la vie quotidienne…….
Archives privées
Et le très documenté, même si il y a quelques petites erreurs d’adresses :
Hervé Manéglier, Les artistes au Bordel, Flammarion, 1997.