Par Bernard Vassor
« Mon enfance s’est passée toute entière dans ce quartier de Paris qui va de la Butte Montmartre aux grands boulevards, et qui est bordée, d’un côté, par la rue de Clichy et la Chaussée d’Antin, et de l’autre, par la rue Rochechouart et le faubourg Montmartre. La région qui m’était la plus familière, celle où mes yeux s’emplissaient des images que je devais conserver toujours était celle qui est comprise entre les rues Notre-Dame-de-Lorette et Fontaine, les boulevards de Clichy et Rochechouart, et les rue Rochechouart et Lamartine. »
Ballotté entre un père comédien divorcé, sa mère Jeanne Forestier,, une « cocotte » qui l’a abandonné dès sa naissance, et la domestique de Léautaud père qui va vraiment l’élever.
Les rares rencontres avec sa mère se faisaient dans des « maisons meublées », la plus mémorable fut cette entrevue, passage Laferrière en 1881 : « dans une maison qui existe encore je crois [1], le passage Laferrière est devenu depuis la rue Laferrière et les deux grilles qui fermaient à ses deux extrémités, rue Notre-Dame-de-Lorette et rue Bréda [2], ont disparu »
Celle qui lui servira de mère, Marie Pezé habitait au 14 rue Clauzel, et c’est là que le petit Paul a passé la plupart du temps sa petite enfance.
« Ma chère maman Pezé, je revois parfaitement la petite chambre mansardée que Marie occupait au sixième étage et que nous regagnions chaque soir vers les neuf heures et demie. Je voulais toujours qu’elle me porta pour monter l’escalier. Arrivée au cinquième, elle prenait un petit couloir obscur, qui jusqu’à un escalier tournant d’une dizaine de marches au plus qui menait au sixième étage. La porte de la chambre était juste en face. Comme j’y étais bien dans cette chambre, et quelles heures tranquiles j’y ai vécues, bien plus heureux que dans les appartements paternels ! »
Le domicile du père était au 21 rue des Martyrs.
Je ne sais pas en quelle année, Marie Pezé est sortie de la vie du « Petit ami », mais, dans une lettre à sa tante Fanny Forestier du 31 décembre 1882, P.L. après le déménagement à Courbevoie, lui écrira :
« Ma Chère tante [3],
(…) je vous demanderai de m’envoyer le nom et l’adresse de ma mère. Mon père vous souhaite une bonne année et une bonne santé ainsi que moi, Madame Pezé vous souhaite bien le bonjour.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Paul Léautaud
3 avenue de la République
Courbevoie
Seine. »
Dans le volume de la « Correspondance », il ne sera plus question de Marie Pezé, qu’est-elle devenue ?
D’autre part, Léautaud semble ignorer que le père Tanguy, depuis l’année de naissance du Paul, tenait la boutique du 14 rue Clauzel, et que Vincent Van Gogh était un habitué de cette maison jusqu’en 1889… (Emile Bernard avait dans un long article au "Mercure de France", mentionné le 14 rue Clauzel).
L’immeuble était alors fréquenté par des « insoumises », des fenestrières comme on disait à l’époque.
Quelques ouvrages de Paul Léautaud :
Le Journal Littéraire, 17 volumes je crois, à quand une réédition ?
Le Petit ami, Mercure de France 1903
Paul Léautaud Correspondance 1, 10/18 domaine français © 1972
Archives personnelles
Archives de la Préfecture de police
Pour l’histoire des fenestrières consulter le site de Noëlle Benhamou, la spécialiste de Maupassant ( qui a vécu au 19 rue Clauzel presque en face du 14),
http://perso.wanadoo.fr/maupassantiana.
[1] Ecrit en 1902
[2] La rue Bréda est aujourd’hui la rue Henri Monnier.
[3] Dans les lettres à sa mère, il l’appelait Madame…
Le pére de Léautaud qui avaitatteint l’age de 48 ans s’est mis en ménage avec une jeune fille de 15 ans et Marie Pézé très affusquée a quitté la maison des Léautaud .Cela se passait en 1880 ou 1881
Léautaud indique comme date du décés de Marie Pézé 1887 ou 1888.
Le journal littéraire complet est édité en 3 volumes par le Mercure de France + un 4 émé qui reprend tous les noms ( personnes , lieux et autres ) cités dans le journal .
Chez le même éditeur , on peut aussi trouver : In mémoriam, Lettres à ma mère , Les journaux particuliers .
Les lettres à Marie Dormoy sont éditées par Albin Michel.
La plupart de ces livres peuvent être achetés à des prix très intéressant sur les sites de vente Internet .
Bonne lecture si vous investissez dans Léautaud.
François Paris
Bonjour,
Le 29 mars 1931, Paul Léautaud écrivait dans son Journal à propos de sa "possible rencontre" avec Maupassant qui habitait rue Clauzel, où une plaque commémorative venait d’être posée. L’extrait du Journal peut être consulté dans la rubrique Maupassant de l’intime du site Maupassantiana.
Merci encore pour vos articles sur Paris.
Merci beaucoup pour cette information, je cite la rubrique que vous m’indiquez pour compléter l’information sur son passage rue Clauzel. J’espère que Noëlle BENHAMOU donnera son accord….
Paul LÉAUTAUD, Journal littéraire (1931). Dimanche 29 mars - Eté ce matin à l’inauguration de la plaque posée sur la maison que Maupassant habita 19, rue Clauzel. J’ai une grande sympathie pour Maupassant, l’homme, sa vie douloureuse, sa fin lamentable, je ne peux parler de l’écrivain que j’ai à peine lu. Une occasion également de me promener dans ce quartier fameux pour moi. Maupassant habita cette maison de 1878 à 1881. J’ai certainement dû le rencontrer étant enfant. J’avais alors six ans, sept, huit et neuf. […] On disait déjà, sur place, qu’il n’est pas très sûr que ce soit au 19 qu’ait habité Maupassant, que ce pourrait bien être au 17. Marius Boisson à côté de moi disait avec justesse que rien ne serait plus facile à vérifier avec les sommiers des contributions.
La plaque est toujours en place au 19, l’inscription est presque éffacée….
J’ai fait les recherches au cadastre (D1P4), je n’ai rien trouvé ni au 17 ni au 19 rue Clauzel.
RECTIFICATION
Le site Maupassant :
http://perso.wanadoo.fr/maupassantiana/
Quelques domiciles de Léautaud, ou lieux fréquentés : 37 rue Molière où ilest né. Le bureau de tabac du 62 rue de Richelieu Librairie d’Adrienne Monier rue de l’Odéon Librairie Anachréon, rue de SEINE Le Mercure rue de Condé Description minutieuse du marchand de couleurs du 1 rue des Martyrs, à l’angle de la rue Notre-Dame-de-Lorette. Le petit pavillon dans la cour du 21 rue des Martyrs : "je suis entré dans la cour. Resté là un bon moment à regarder le petit pavillon où mon père habitait. Le premier étage composé d’une unique pièce, sa chambre à coucher.Au rez-de-chaussée la salle à manger (…)dans la cou, la fen^tre à vasque est toujours là, face à la porte d’entrée (…) Même adresse boutique de mercerie, tenue par la mère de deux petites filles (camarades de jeux de Léautaud) Madame Nadaud. Le charbonnier de la rue Clauzel.
17 rue Rousselet en 1905
15 rue de l’Odéon 1903 29 rue de Condé
Adresses relevée dans la "correspondance (10/18) déjà citée A suivre dans le tome II …..
Cher Ch. Barbaro, Tout comme vous je cherche à connaître – en vain jusque là – l’année du décès de Marie Dormoy (sa "vie secrète de PL" a été publiée en 1972. Elle devait alors vraisemblablement être encore en vie à cette date. Merci de me renseigner si vous avez la réponse. Léautaudiquement vôtre.
Dominique LACOUT E-mail : dominique.lacout@orange.fr