André GIDE en 1890-1891

Le lundi 23 janvier 2006.

Je n’ai jamais recherché les hommages, [mais] dès mon plus jeune âge, j’ai eu grand souci de ma gloire.
André Gide, discours de remerciement pour le prix Nobel, 1947.

Donc, Mallarmé pour la poésie, Maeterlinck pour le drame - et quoique auprès d’eux je me sente bien un peu gringalet, j’ajoute Moi pour le roman.
Lettre à Paul Valéry, 1891.

Le début des années 1890 est une période charnière pour André Gide, né en 1869. Grâce à son premier livre, Les Cahiers d’André Walter, qu’il publie en 1891, et grâce à Pierre Louÿs, il fait ses premiers pas timides mais décidés dans le milieu littéraire.

Il est bachelier en 1889, après avoir étudié l’année précédente au lycée Henri IV aux côtés de Léon Blum et avoir effectué sa scolarité, depuis 1877, à l’École Alsacienne rue d’Assas, où il s’est lié avec Pierre Louÿs.
André est orphelin de père depuis 1880 et habite 4 rue de Commaille depuis 1883 (avec sa mère jusqu’en 1895 puis sa femme jusqu’en 1897).

Invité par son oncle à Montpellier pour le 600e anniversaire de l’université en mai 1890, Gide délègue à sa place Louÿs, qui en ramène un nouvel ami : Paul Valéry, avec qui Gide fait connaissance (à Montpellier) en décembre suivant, inaugurant une amitié de cinquante cinq années.

Il s’isole en juin suivant dans un chalet au bord du lac d’Annecy (à Menthon-Saint-Bernard), pour écrire Les Cahiers d’André Walter, « somme » de sa jeunesse et déclaration d’amour adressée à sa cousine Madeleine.

Il navigue aussi entre Paris, le château familial de La Roque-Baignard près de Rouen, Rouen (où son oncle Henri Rondeaux habite 16 rue de Crosne et son oncle Émile Rondeaux vit 18 rue de Lecat), Uzès…

Les Cahiers réalisent l’exploit d’être publiés simultanément par deux éditeurs différents : la librairie Perrin (25 quai des Grands Augustins) et la librairie de l’Art indépendant (11 rue de la Chaussée d’Antin). Barrès remarque les Cahiers et rencontre Gide qu’il invite le 2 février 1891 au banquet de 94 invités qu’il organise en l’honneur de Jean Moréas dans la salle des Sociétés savantes, 8 rue Danton.
Gide y est présenté à Mallarmé, Moréas et Régnier.

Il fréquente bientôt les « mardis » de la rue de Rome (pendant plus de deux ans, avant d’y revenir en 1895 - il y rencontre sans doute Oscar Wilde début 1891), se découvre symboliste et hante aussi les « samedis » de Heredia. Ses poèmes sont publiés dans La Conque, dont les onze numéros paraissent entre mars 1891 et janvier 1892 (Gide et Louys, en pleine gestation de la revue et en quête d’introductions, ont rendu visite à un poète malade le 8 janvier 1890 à l’hôpital Broussais : Paul Verlaine).

Les premières pages du Traité du Narcisse, manifeste symboliste, sont publiées dans les Entretiens politiques et littéraires, la revue créée en 1890 par Francis Vielé-Griffin, Paul Adam, Régnier et Bernard Lazare.

La fréquentation parisienne de Wilde permet à Gide de prendre conscience de son homosexualité en 1892. Il se marie en octobre 1895 - quatre mois après le décès de sa mère - avec sa cousine Madeleine, fille de son oncle Émile Rondeaux.

Après le J’Accuse de Zola, il signera la pétition des intellectuels en faveur de Dreyfus, se désolidarisant de Valéry, Gourmont et d’autres proches.

Voici ses adresses parisiennes :
- 19 rue de Médicis (actuellement : 2 place Edmond Rostand), de 1869 à 1875,
- 2 rue de Tournon, de 1875 à 1883,
- 4 rue de Commaille, 4e étage, de 1883 à 1897,
- 4 boulevard Raspail, 5e étage, de 1897 à 1903,
- 18 bis avenue des Sycomores, dans la Villa Montmorency, de début 1906 au début d’août 1928,
- 1 bis rue Vaneau, de 1928 à 1951.

Sources :
- André Gide ou la vocation du bonheur, Claude Martin, éditions Fayard,
- www.gidiana.net.

Voir aussi

www.andre-gide.fr.



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