George Sand

à Gargilesse - Voyages autour de Nohant (3)
Le samedi 24 avril 2004.

Vous vous en doutez, il est difficile d’éviter George Sand lorsque l’on se trouve aux alentours de Nohant et de La Châtre. Elle a situé dans les environs seize romans ou nouvelles et, pour notre bonheur, a donné ici à chaque paysage des atours aventureux et romantiques.

A cinquante kilomètres de Nohant, au bord de la rivière Gargilesse, cette grande voyageuse redécouvre un jour de 1857 le petit village du même nom qu’elle avait déjà traversé plusieurs années auparavant avec Chopin.
Nous sommes en juin 1857, en plein Second Empire. George Sand a cinquante-trois ans, est célèbre depuis vingt-cinq ans, possède toujours ses beaux yeux noirs et son mètre cinquante-quatre. Elle est accompagnée par son amant Alexandre Manceau, ex-ami de son fils Maurice et graveur de son état, et de Depuizet, entomologiste renommé. La chasse aux papillons les a attirés dans cette vallée.

Comme elle le raconte dans Carnets de Voyage à Gargilesse, ils pensent n’y être que de passage mais le charme du lieu - et de l’auberge Malesset en particulier, devenue depuis l’hôtel des Artistes [1] - les y retiennent quelques jours… qui deviendront quelques années. Les propriétaires du château du village sont bien des amis de la grand-mère de l’écrivain, mais l’auberge possède un avantage crucial sur le château : la propreté.

Manceau achète en juillet un petit deux-pièces encastré dans une autre maison et qui empruntera son nom à celui d’un papillon rare qu’ils découvrent cet été-là : Algira. Sand rêvera d’acheter une autre maison dans le village, mais ses habitants, s’il ont peu de biens, sont le plus souvent propriétaires de leur demeure, et peu sont à vendre. Manceau lui offrira la villa Algira.

Il faut à l’époque cinq heures pour accéder à Gargilesse depuis Nohant, situé à 50 kilomètres. Les étés y sont souvent d’une chaleur insoutenable. Comparée à la douzaine de pièces de la maison de Nohant, la villa Algira est inconfortable. Mais elle est calme et n’est pas agitée par les distractions et parfois les disputes familiales qui peuplent l’atmosphère de Nohant. Et l’inconfort n’empêche pas Sand d’écrire, au contraire peut-être (à Nohant, c’est sur le bureau-placard de son boudoir qu’elle a écrit Indiana en 1832 !).

Aujourd’hui, Gargilesse compte beaucoup moins d’habitants qu’au milieu du XIXe siècle… et beaucoup plus de touristes. Le village est réputé pour être l’un des plus beaux de France.
La villa Algira, meublée d’objets et documents provenant de Nohant, se visite entre le 1er avril et le 1er octobre (tél. 02 54 47 84 14). La jeune retraitée qui vous guide d’une pièce à l’autre parvient sans peine à faire partager sa passion pour George Sand… que sa grand-mère lui déconseillait à tout prix de lire !

A lire de George Sand : Carnets de Voyage à Gargilesse et Promenades autour d’un village, éditions Christian Pirot.

[1] Même après leur installation dans la villa Algira, George, Alexandre et leurs hôtes prenaient leurs repas à l’hôtel Malesset.



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