Dans cette belle et un peu austère ville thermale au riche passé dans tous les sens du terme (sans h), la famille Darwin a vécu ce qu’aucune famille ne souhaite vivre. Jusqu’en 1851, Great Malvern a été pour elle une paisible ville de repos. Le 23 avril de cette année-là, la ville est devenue brutalement le lieu d’une grande douleur.
Great Malvern pourrait s’appeler Darwintown, tant les Darwin y ont occupé de maisons. Ce sont des soins qu’ils venaient trouver ici. Dans les années 1840, Darwin écrit la fin de L’Origine des espèces. La charge de travail que cela lui procure et les excès d’une vie sédentaire (et peut-être une maladie rapportée de son voyage autour du monde sur le Beagle dix ans plus tôt) provoquent chez lui de très fréquents vomissements et des migraines. En novembre 1848, il est tellement mal qu’il ne peut assister à l’enterrement de son père. En mars 1849, toute la famille vient reprendre pendant quatre mois des forces à Great Malvern dans l’établissement de cure du docteur James Manby Gully. Ils s’installent dans la propriété The Lodge, devenue Hill House et que l’on peut voir encore aujourd’hui au bout d’une allée démarrant presqu’en face de la maison Montreal house, 44 Worcester road, où ils séjourneront en 1851.
Après ce premier séjour, Darwin a l’impression d’être guéri. Dans le jardin de sa maison de Down House près de Londres, il fait installer une douche froide pour prolonger les traitements suivis à Malvern, nouveaux pour l’époque (en réalité, c’est sans doute surtout l’exercice physique, la diète et un rythme de travail moindre qui l’y ont aidé à se rétablir).
En mars 1851, Darwin amène à Great Malvern sa chère fille Anne, 10 ans, touchée depuis quelques mois par un mal mystérieux, sans doute la tuberculose. La famille emménage à Montreal House, une belle bâtisse qui offre une vue époustouflante sur la plaine en contrebas. Emma, la femme de Charles, n’est pas venue car elle est enceinte. Le 23 avril, Anne décède. Darwin, désespéré, part le lendemain réconforter Emma. Tous deux ne peuvent assister à l’enterrement de leur fille, dont la tombe se trouve dans le cimetière de l’église de Great Malvern.
En septembre-octobre 1863, les Darwin effectuent un dernier séjour ici, le premier depuis le décès d’Anne, dans la maison Villa Nuova, aujourd’hui White Lodge, toujours debout 214 Wells Road à Malvern Wells. Mais il ne permet guère à Charles de retrouver la santé.
Source : A Short Guide to Charles Darwin & Evelyn Waugh in Malvern (Life – and Death), par Cora Weaver, 2009, 20 pages.
Notons que parmi d’autres écrivains, Ann Radcliffe séjourne aussi à Great Malvern, et plus précisément au Foley Arms Hotel en octobre 1812 (source Delphi Complete Works of Ann Radcliffe).