« Le roman baroque à la manière d’Honoré d’Urfé et de Melle de Scudéry ayant passé de mode dans les années 1660, les auteurs cherchent à établir un nouveau pacte avec le lecteur », écrit Robert Kopp [1]. Dans ce Grand siècle, le XVIIe, le roman n’est pas un art reconnu comme le théâtre ou la poésie. On en écrit pour se délasser et on en lit par désoeuvrement (Mme de La Fayette ne signe d’ailleurs aucune de ses oeuvres [2]).
Cette place nouvelle, Mme de La Fayette et ses contemporains vont la conquérir en faisant du « nouveau » roman une histoire des moeurs, un document « authentique » sur la vie des hommes.
Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, future comtesse de La Fayette, naît en 1634 dans l’hôtel du 50 et 48 rue de Vaugirard, où elle reviendra passer une grande partie de sa vie. Sa famille est proche du cardinal de Richelieu. Elle perd son père lorsqu’elle a quinze ans.
Marie-Madeleine devient dame d’honneur de la reine Anne d’Autriche. Le grammairien et poète Ménage lui enseigne l’italien et le latin et l’introduit dans les salons de Mme de Rambouillet et de Mme de Scudéry.
Sa mère se remarie en 1650 avec l’oncle de Marie de Sévigné.
Marie-Madeleine épouse à 22 ans le comte de La Fayette, 18 ans de plus qu’elle. Elle se partage quelques années entre l’Auvergne, le Bourbonnais, terres de son mari [3], et Paris, où elle commence à recevoir chez elle lettrés et poètes et où elle vit de plus en plus, au fur et à mesure que ses liens conjugaux se distendent.
Mme de La Fayette est une femme d’affaires. Lorsqu’elle écrit, c’est avec difficulté. Elle se fait aider par d’autres, comme ses amis écrivains Segrais et Huet. « Dès qu’elle s’applique, elle devient gauche et, si elle ne s’applique pas, sa phrase est négligente. Les impropriétés, les ambiguïtés, les répétitions abondent même dans La Princesse de Clèves, qui est l’oeuvre la plus soignée qu’elle ait écrite. Elle abuse sans vergogne du relatif, et certains passages sont du véritable charabia. […] Enfin son vocabulaire est très pauvre, d’où résulte une impression de monotonie gênante » écrit Bernard Pingaud dans Mme de La Fayette [4], tout en reconnaissant que cette monotonie est en partie recherchée par Mme de La Fayette comme par les auteurs classiques de l’époque.
A partir de 1655 à jusqu’à la mort de celui-ci en 1680, elle est très liée à La Rochefoucauld, qui la présente à Racine et Boileau.
Elle aime se retirer l’été loin des chaleurs de Paris, dans sa propriété Le Parangon du 7 rue de Paris à Joinville-le-Pont, où elle reçoit Mme de Sévigné, Boileau, etc. Elle y écrit en partie La Princesse de Clèves, de même qu’à l’occasion de courts séjours au château de Condé à Saint-Maur, à partir de 1672.
Sources :
Balade en Val-de-Marne sur les pas des écrivains. Editions Alexandrines. www.alexandrines.fr,
Les traversées de Paris, Alain Rustenholz, éditions Parigramme,
Mme de La Fayette, Bernard Pingaud, éditions du Seuil, collection Ecrivains de toujours,
http://madamedelafayette.free.fr,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_de_La_Fayette
[1] Robert Kopp, Le roman, une histoire au présent ?, sur www.asmp.fr/travaux/communications/2005/kopp.htm.
[2] La Princesse de Montpensier en 1662, Zaïde en 1669, La Princesse de Clèves en 1678.
[3] En particulier au château d’Espinasse, près de Gannat, où son mari est né.
[4] Editions du Seuil, collection Ecrivains de toujours.