Le Café de La Régence

Place du Palais Royal
Le dimanche 16 octobre 2005.
Je dois à mon ami Philippe Godoy [1], d’avoir réussi à situer avec précision le lieu de cet établissement. Ce café était à l’emplacement de l’ancienne porte Saint-honoré, où Jeanne d’Arc voulant reprendre Paris aux Anglais, le 8 septembre 1429, eut la cuisse transpercée d’une flèche, alors qu’elle sondait le fossé rempli d’eau pour le faire combler avec des fagots, comme l’indique l’inscription dans un macaron située au dessus de la porte de l’immeuble

Les premiers statuts des limonadiers datent du 28 janvier 1676 et furent soumis à des réglements de police assez sévères.

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161 Rue Saint Honoré.

Le Café de la Régence s’appela d’abord le Café de la place du Palais Royal et ne prit son autre nom qu’après 1715 évidemment. Le premier propriétaire se nommait Lefèvre, auquel succéda un certain Leclerc.

Diderot nous apprend dans Le Neveu de Rameau que Leclerc avait cédé la place à un sieur Rey.
"Qu’il fasse beau, c’est mon habitude d’aller vers les cinq heures du soir me promener au Palais Royal. C’est moi qu’on voit toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour de goût ou de philosophie.
Si le temps est froid ou pluvieux, je me réfugie au café de la Régence, là je m’amuse à voire jouer aux échecs. Paris est l’endroit du monde et le café de la Régence est l’endroit de Paris où l’on joue le mieux à ce jeu ; c’est chez Rey que font assaut le Legal profond, Philidor le subtil, le solide Mayot…".

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Chamfort.

Rey, était un ancien cuisinier du Duc d’Orléans, il tenait encore le café de la Régence en 1777. Nous pouvons lire dans l’Almanach Royal [2] de cette année là : "Son établissement est un des plus anciens et des plus renommés, très bien composé et suivi des plus habiles joueurs d’échecs".
Parmi sa clientèle, se croisaient Chamfort, Rousseau, Marmontel, Grimm, Lesage, et Benjamin Franklin.

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Rousseau.

Lisez la description de Lesage dans La Valise retrouvée : "Dans une vaste salle ornée de lustres et de glaces, une vingtaine de graves personnages, qui jouent aux dames ou aux échecs sur des tables de marbre, et qui sont entourés de spectateurs attentifs à les voire jouer. Les uns et les autres gardent un si profond silence que l’on n’entend dans la salle que le bruit des pièces que les joueurs déplacent."

Jean-Jacques Rousseau de retour à Paris se montra plusieurs fois dans ce café. Sa présence y attira une telle foule que la police finit par lui défendre de se montrer en public.

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Musset.

Hélas, les choses se sont bientôt gâtées. L’élargissement de la place du Palais Royal et la proximité de l’Opéra y attirèrent des musiciens et leur cortège d’amateurs, s’opposant d’école à école dans des disputes passionnées. Les entractes du théâtre Français, vidaient les baignoires pour remplir les lavabos… Les auteurs et les journalistes se rejoignaient là, et il n’était pas rare de coudoyer Alfred de Musset buvant de l’absinthe, ou bien Sainte Beuve dégustant un chocolat chaud.

Bernard Vassor, auteur du blog http://bernardvassor.canalblog.com.

[1] Philippe Godoy est universitaire, professeur de littérature comparée, historien des premiers et deuxièmes arrondissements. Vient de paraître : Alain Goudot et Philippe Godoy, Carnet de Paris 1er & 2e arrondissements, Le cœur Historique Equinoxe septembre 2005.

[2] L’Almanach Royal portait pendant la régence le nom "d’ALMANACH DAUPHIN".



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