Jean Bloch naît en 1884. C’est au lycée Condorcet qu’il prend conscience de son identité juive à l’occasion des bagarres qui ponctuent les différents épisodes de l’affaire Dreyfus.
Il est à Rouen en 1902-1903 pour son service militaire, où il se lie avec Roger Martin du Gard et Louis Massignon. On le retrouve ensuite à la Sorbonne, où Charles Seignobos lui enseigne l’histoire.
Il s’enthousiasme en 1905 pour la révolution russe. Le voilà professeur d’histoire au lycée de Lons-le-Saunier en 1907-1908, puis au lycée de Poitiers à partir de l’année 1908-1909, s’installant 2 rue Saint-Jacques avec sa femme Marguerite, soeur d’André Maurois.
Il quitte l’enseignement en 1910 pour se consacrer à l’engagement politique et à l’écriture : théâtre, contes, romans… et journalisme, créant à Poitiers la revue L’Effort, qui démarre en juin 1910 et deviendra L’Effort libre début 1912, jusqu’à sa fin en 1914 [1]. Il signe bientôt ses articles Jean-Richard Bloch et prône un art révolutionnaire qui servirait le peuple.
Il loue La Mérigote en 1911 puis l’achète en 1913.
Il s’engage en 1914 et est blessé gravement à trois reprises : dans la bataille de la Marne, en Champagne puis à Verdun.
Il collabore après-guerre à La Vie Ouvrière, à L’Humanité ainsi qu’à la revue Clarté. Il s’éloigne cependant du parti communiste vers 1923-1924 et lance en 1923 la revue Europe avec le concours des éditions Rieder dont il est directeur littéraire. Romain Rolland aimerait le voir diriger la revue, mais Bloch se contente d’en être un des piliers, afin de pouvoir se consacrer également à son oeuvre romanesque.
La Mérigote est dans les années 1920 sa résidence secondaire [2], puis sa résidence principale entre 1929 et 1937. La maison accueille Georges Duhamel, Aragon, Pierre Jean Jouve et Vildrac [3], Copeau, Jules Romains, Diego Rivera…
Le retour de l’écrivain aux côtés des communistes, dont il apprécie l’opposition franche au nazisme, le rapproche de Paris au milieu des années 1930. Il adhère après le 6 février 1934 au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) et à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), dont l’organe de propagande est la revue Commune. Il participe en août 1934 au Congrès des écrivains soviétiques à Moscou, avec Aragon, Malraux, Nizan, Vladimir Pozner.
Il participe activement au Congrès international des écrivains pour la défense de la Culture qui se déroule au Palais de la Mutualité entre le 21 et le 25 juin 1935.
Jean-Richard Bloch se rend en Espagne en 1936 et est chargé par le président de la République espagnole d’un message pour Léon Blum, qui choisit finalement une politique de non-intervention.
Comme Aragon, Bloch condamne le Retour de l’URSS publié par André Gide en novembre 1936. Avec le premier, il crée le quotidien Ce Soir, dont le premier numéro sort des presses en mars 1937.
En février 1939, La Mérigote héberge des réfugiés espagnols. Bloch s’y replie lors de l’exode de juin 1940. La maison est occupée dès juillet 1940. Il regagne Paris à l’automne, avant de s’exiler en URSS en avril 1941, répondant à une invitation officielle de Moscou et protégé par le pacte germano-soviétique. Les Bloch demeurent en URSS jusqu’à la fin de la guerre, l’écrivain diffusant pendant quatre ans des messages en français sur Radio-Moscou.
La Mérigote est mise en vente en 1943 mais préservée pendant la guerre. L’officier allemand qui en est responsable protège en particulier la bibliothèque de l’écrivain-journaliste des dégradations que ses habitants (soldats occupants et miliciens) auraient pu lui occasionner.
Bloch reprend en 1945 la direction avec Aragon de Ce Soir, rue du Louvre. Il décède en mars 1947.
Sa bibliothèque est conservée par la médiathèque François- Mitterrand à poitiers.
Sources :
www.etudes-jean-richard-bloch.org/article.php3 ?id_article=11
www.maison-des-sciences.org/st/actu/046/dixhuit.pdf
http://laurent-bloch.org/spip.php ?article53
www.europe-revue.info/histoire/actes/bouju.htm
[1] "[…] si L’Effort compte dans l’histoire intellectuelle, c’est parce que c’est une des expériences les plus originales de la rencontre qui s’est esquissée, aux alentours de 1900, entre avant-gardes esthétiques et avant-gardes politiques, au sein de cette « génération de 1910 », dont les courants forts divers cherchent une issue à la double implosion provoquée par la dégénérescence du dreyfusisme (de la mystique à la politique) et la « crise des valeurs symbolistes »" (article « Autour de Jean-Richard Bloch » d’Alain Quella-Villéger, dans Poitiers, une histoire culturelle, 1800-1950, éditions Atlantique, 2004). Cet article est riche d’informations sur Jean-Richard Bloch.
[2] Son pied à terre parisien étant le 113 boulevard Beaumarchais - voir www.jeangustavetronche.fr.
[3] Les deux hommes collaborent à L’Effort libre.