Ecrivains à Port-Louis, près de Lorient

Le dimanche 8 février 2009.
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L’ancien hôtel des gouverneurs, dans la citadelle de Port-Louis.

En août 1689, Mme de Sévigné, accompagnée par la duchesse et le duc de Chaulnes, est accueillie à Lorient par Céberet du Boullay, directeur de la Compagnie des Indes. Mazarin la reçoit à déjeuner [1] dans l’hôtel des gouverneurs de la citadelle [2].

Elle évoque ce séjour dans des lettres à sa fille datées des 9 et 13 août. Elle écrit dans cette dernière : "Nous allâmes le lendemain [du 10], qui était jeudi, dans un lieu qu’on appelle l’Orient, à une lieue dans la mer ; c’est là qu’on reçoit les marchands et les marchandises qui viennent d’Orient. Un M. Le Bert, qui arrive de Siam, et qui a soin de ce commerce, et sa femme qui arrive de Paris et qui est plus magnifique qu’à Versailles, nous y donnèrent à dîner ; nous fîmes bien conter au mari son voyage, qui est fort divertissant. […] Nous revînmes le soir, avec le reflux de la mer, coucher à Hennebont par un temps délicieux."
Le 13 août, Mme de Sévigné est à Auray.

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L’entrée de la citadelle

Au printemps 1693, Robert Challe est emprisonné dans la citadelle de Port-Louis. Il est écrivain embarqué dans la marine française, et on l’accuse d’avoir tiré un profit personnel d’expéditions auxquelles il vient de participer sur le navire de guerre Le prince. Il est disculpé et libéré rapidement. L’année suivante, une sombre affaire pèse à nouveau sur lui, et il doit stationner dans les casernes de la citadelle en attendant d’être disculpé.

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Les casernes de la citadelle
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C’est Lorient plus que Port-Louis qui prit part au commerce des Indes. Mais les navires de la compagnie stationnaient souvent sous la citadelle dans l’attente de vents favorables, si bien que Port-Louis est resté en général le port de départ. Au retour, les marins passaient à la citadelle pour la visite réglementaire et la présentation du commandant au lieutenant du roi.

Le Saint-Gérand, navire de la Compagnie des Indes, quitte Lorient le 24 mars 1744. Il sombre à l’approche de l’Île de France (l’île Maurice), laissant 196 morts - la plupart originaires de la région de Lorient - et neuf survivants. 40 ans plus tard, Bernardin de Saint-Pierre, ingénieur en fortifications à l’Île de France, fait mourir Virginie, sous les yeux de Paul, dans les entrailles du Saint-Gérand. Le Musée de la Compagnie des Indes consacre une pièce à Paul et Virginie, et l’on mesure l’engouement suscité par le roman en voyant tous les "produits dérivés" auxquels il a donné lieu à l’époque. On y voit aussi quelques objets retrouvés dans l’épave du Saint-Gérand, qui n’a été localisée qu’en 1979.

Sources :
- Un hôte du Port-Louis : Robert Challe, voyageur, philosophe, romancier, Frédéric Deloffre, Cahiers de la Compagnie des Indes, 1996,
- www.port-louis.org/rue_sevigne.html.

Pour visiter la citadelle : www.musee-marine.fr/site/fr/port_louis_histoire_de_la_citadelle.

[1] Le 10 août, si l’on comprend bien la lettre à Mme de Grignan du 13 août.

[2] Dans son livre Vie et Société au Port-Louis des Origines à Napoléon III, Henri-François Buffet reproduit la maison - disparue pendant la dernière guerre - du 19 rue des Dames à Port-Louis où, dit-on, Mme de Sévigné aurait alors séjourné.



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