En 1906, les parisiens Willy et Colette se séparent. Colette s’installe rue de Villejust. On la trouve souvent 2 rue Georges-Ville, chez la marquise de Belboeuf, dite Missy (fille du comte puis duc de Morny), noble, riche, généreuse et homosexuelle. Elles se sont rencontrées en 1905 au Cercle des arts et de la mode et passent les étés 1906 à 1910 au Crotoy, où Missy loue la villa « Belle-Plage ». En mai 1910, elles s’échappent du Crotoy pour la Bretagne, afin de rechercher une maison de vacances dans un cadre moins pluvieux. Missy achète alors Rozven, une magnifique propriété que l’on peut admirer, encore aujourd’hui, depuis la plage de la Touesse à Saint-Coulomb, près de Saint-Malo. La propriétaire refuse de la vendre à Missy, qui est habillée en homme. La vente se fait donc, le 21 juin 1910, au nom de Colette, le jour-même de son divorce officiel avec Willy !
Colette y passe ses vacances jusqu’en 1924 [1], même si un nouveau venu remplace bientôt Missy dans le coeur de l’écrivain : Henry de Jouvenel, second rédacteur en chef du quotidien Le Matin, auquel Colette commence à collaborer.
Missy finit par laisser à Colette la jouissance et la possession de Rozven.
Une petite communauté littéraire et artistique se met à vivre certains étés autour de Colette, composée entre autres de l’actrice Musidora, des romanciers Germaine Beaumont et Francis Carco.
L’électricité et l’eau courante tardent à être installées, mais Rozven est pour Colette un lieu où elle reprend chaque fois des forces d’une façon impressionnante. Elle aime aussi voir sa fille grandir et profiter de la beauté du lieu.
Si, à la fin des années 1930, Colette rêve de retrouver une maison en Bretagne, la guerre puis sa santé défaillante l’empêcheront de mener à bien ce projet.
[1] Préférant ensuite Saint-Tropez et sa nouvelle maison, La Treille muscate, qu’elle achète en 1926. Elle vend Rozven en 1927.