Claude Roy explique dans ses Soleils du romantisme pourquoi les vers de Lamartine (faisant "rêver autrui à ses rêves", faute de les avoir vécus), incolores et inodores, ont tout de même de la saveur, et comment la vraie vie du poète a été dans la politique et l’histoire de l’Histoire, plus que dans la poésie…
Le château de Saint-Point est le cadeau de mariage que lui offre son père en 1820 (il le vendra en 1870). Il s’y installe en 1823 avec sa femme et leur fille Julia, ajoutant un porche gothique anglais devant la porte d’entrée, au nord, et, le long des façades sud et est, une terrasse bordée d’un balcon à trèfles. Hugo, Eugène Sue et bien d’autres sont accueillis à Saint-Point.
Au milieu du bois situé sur la colline au-dessus de Saint-Point se trouve le "chêne de Jocelyn" et, à ses pieds, le banc de pierre sur lequel Lamartine a écrit une grande partie de ce poème.
En 1832, à leur retour de leur voyage en Orient, Lamartine et sa femme enterrent Julia, leur fille, à Saint-Point. Ne supportant plus d’habiter ce château, ils s’installent à Monceau, dont Lamartine hérite de sa tante (qui était sans enfant) en 1833 et où il fera de longs séjours, recevant ses collègues du Conseil Général ainsi que George Sand, Balzac, Dumas, Sue,…
Monceau est le lieu de la retraite politique de Lamartine (son engagement politique a été croissant depuis les années 1820 - et surtout depuis le voyage en Orient - jusqu’à 1848. Le couronnement de sa carrière a été son rôle de chef du gouvernement provisoire, mais il a été "lâché" par ses partisans de 1848, qui lui ont préféré un certain Louis Napoléon…).
C’est aussi le lieu des soucis financiers, Lamartine devenant à la fin de sa vie un forçat de l’écriture pour pouvoir faire face à ses dépenses.
Dans sa Solitude, un petit pavillon au milieu des vignes (qui existe encore), il rédige le Voyage en Orient et y travaille à l’Histoire des Girondins et à Jocelyn (en particulier en septembre 1835).
Autres demeures de l’auteur
Lamartine a également séjourné à :
Cormartin, demeure de Nina Dezoteux, sa maîtresse, où il s’est rendu plusieurs années de suite,
Pierreclos, non loin, ouvert à la visite et qui présente une petite salle consacrée au poète,
Maisod (Jura) en 1815, pour échapper à la conscription napoléonienne (château de Maisod, 39260 Moirons-en-Montagne),
Montculot, dans le château de son oncle, dont il hérite en 1826 et où il compose plusieurs Méditations (château de Montculot, Urcy, 21410 Pont de Pany ; ne se visite pas),
Tramayes,
Bienassis (Isère),
Caramagne près de Chambéry,
Burc, dans le château de son cousin-secrétaire (château de Burc, Barriac-les-Bosquets, 15700 Pléaux ; la demeure conserve des souvenirs de Lamartine, mais ne se visite pas),
La Roche-Guyon (Val d’Oise).
Il séjourne en 1816 à la pension Périer à Aix-les-Bains, séjour qui lui inspire Le Lac. La pension a disparu, mais son mobilier se retrouve au musée du docteur Faure.
Il meurt en 1869 à Paris dans son chalet rue d’Eylau, démoli en 1912 et qui se trouvait à l’emplacement actuel des 107 à 111 avenue Henri-Martin. (À Paris, il a également habité 4 rue de Tournon, 16 rue Saint-Guillaume et, entre 1837 et 1853, 82 rue de l’Université, puis rue de la Ville-l’Evêque -devenue rue Cambacérès).
Pour visiter le lieu
Le château de Saint-Point (71630 Tramayes, tél : 03 85 50 50 30) est ouvert à la visite. On y voit le cabinet de travail tapissé de toile rayée et au plafond voûté, la chambre de Lamartine et son salon qui ont conservé l’aspect qu’il a connu.
Le château de Monceau est maintenant une maison de retraite. Il a été transformé de façon importante depuis le milieu du 19e siècle et n’est pas ouvert à la visite.
À voir aux alentours
Des écrivains qui ont vécu dans la région :
Clavel à Lons-le-Saunier,
Jules Renard à Chitry et Chaumot,
Romain Rolland à Vézelay,
Marcel Aymé à Dole.
Petite bibliographie
Lamartine et la terre natale. Article de Georges Lecomte, dans Demeures inspirées et sites romanesques, par Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac, tome 1.
Les personnages, les sites et les décors du vrai roman de Jocelyn. Article de Albéric Cahuet, dans Demeures inspirées et sites romanesques, par Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac, tome 1.
Lamartine et les châteaux. Article de Emile Magnien dans Vieilles Maisons Françaises n°169.
Le reliquaire de Lamartine. Docteur Léon Cerf. Hachette, 1925.
Les soleils du romantisme. Claude Roy, Idées Gallimard n°447, 1981.