Départ : métro Grands boulevards.
Arrivée : métro Saint-Augustin.
Durée : 2 heures 30.
1) Le Mot d’ordre de Henri Rochefort est publié entre le 1er février et le 20 mai 1871. Jean Richepin y contribue. Son administration est basée 8 rue du Croissant et sa rédaction 148 rue Montmartre. Rochefort, fondateur en 1868 de La Lanterne puis de La Marseillaise, quitte Paris le 19 mai 1871, en désaccord avec la Commune.
2) L’adresse pendant la Commune du Chambard socialiste, journal de Gérault-Richard, est le 123 rue Montmartre.
4) La Charge est un hebdomadaire dirigé par Alfred le Petit, 7 rue Paul Lelong, et qui publie le 13 août 1870 le poème de Rimbaud Première soirée (sous le titre Trois baisers).
5) La Rue de Jules Vallès est née en juin 1867 au 9 rue d’Aboukir. C’est à la même adresse qu’est composé Le Cri du peuple entre le 22 février et le 23 mai 1871.
6) Au 66 rue Tiquetonne se trouve le siège du journal La Commune de Millière et Georges Duchêne.
7) Le Vengeur est publié du 3 février au 11 mars 1871, puis 30 mars au 24 mai. Il est basé 38 boulevard de Sébastopol et est dirigé par Félix Pyat – l’ennemi juré de Rochefort – qui se cache ici après la Semaine sanglante et parvient à s’enfuir ensuite à l’étranger.
8) L’Hôtel de Ville est l’adresse professionnelle de Paul Verlaine avant et pendant la Commune. Il est chef de son bureau de presse. Il est révoqué en juillet 1871.
C’est aussi ici, bien sûr, que siègent les élus de la Commune entre fin mars et mai 1871.
Une délégation de francs maçons vient à l’Hôtel de ville le 26 avril 1871 apporter son soutien. Des chefs communards sont francs maçons : Vallès (depuis 1868 ou 69), Jean Baptiste Clément, Eudes, Flourens, Grousset, Pyat, Ranvier, les frères Reclus, etc. Des francs maçons tentent, pendant la Commune, d’organiser des négociations entre les insurgés et les Versaillais.
9) La caserne Lobau, 4 rue de Lobau, est le cadre d’un massacre organisé : celui de Communards par les Versaillais. Edmond de Goncourt en est témoin et le raconte dans son Journal (dimanche 28 mai 1871) : « L’escorte fait marcher ces hommes, au pas de course, jusqu’à la caserne Lobau, où la porte se referme sur tous avec une violence, avec une précipitation étranges. Je ne comprenais pas encore, mais j’avais en moi une anxiété indéfinissable. […] Presque au même instant fait explosion, comme un bruit violent enfermé dans des portes et dans des murs, une fusillade, ayant quelque chose de la mécanique réglée d’une mitrailleuse. » Des centaines de fusillés à la caserne Lobau sont provisoirement enterrés dans le square de la tour Saint-Jacques.
10) Au 1 place du Châtelet se tient, pendant et après la Semaine sanglante, une cour martiale chargée de juger les insurgés. Catulle Mendès en décrit les méthodes expéditives dans Les 73 jours de la Commune : « On amène les fédérés, vingt par vingt ; on les condamne ; conduits sur la place, les mains liées derrière le dos, on leur dit : « Tournez-vous ». À cent pas, il y a une mitrailleuse ; ils tombent vingt par vingt. […] J’ai vu tout cela de mes propres yeux. »
11) Dès le 20 mars 1871, le Journal officiel de la Commune de Paris remplace le Journal officiel de la République française au 31 quai Voltaire. Il publie le 31 mars Jeanne et Louise, histoire d’une famille de transportés, d’Eugène Sue.
12) Le château des Tuileries se trouverait aujourd’hui entre l’Arc du Carrousel et le jardin des Tuileries, à la hauteur du Pont Royal. Après son incendie durant la Semaine sanglante, ses murs tiennent encore bon. Sa restauration serait possible, mais la Chambre des députés vote sa démolition en 1882.
14) Le 9 rue de Choiseul est l’adresse de Jules Favre, membre du gouvernement provisoire en 1870.
15) Arthur Rimbaud est à Paris du 25 février au 10 mars 1871. Il cherche à écrire pour les journaux, dont la gouaille et la liberté retrouvée après la chute de l’Empire s’apparentent aux siennes. Comme il l’explique dans sa lettre du 17 avril 1871 à Paul Demeny, il passe alors chez Lemerre, 23 passage Choiseul et à la librairie artistique, 18 rue Bonaparte. Les librairies et les journaux débordent de thèmes patriotiques, dont Rimbaud présente un florilège dans sa lettre à Demeny, citant des recueils de Coppée, Leconte de Lisle, Claretie, Mendès, Jules Renard, etc.
Pour le biographe Jean-Jacques Lefrère, l’hypothèse du retour d’Arthur à Paris entre mi-avril et début mai n’est pas à exclure. Mais il est moins probable qu’il ait alors fait partie des troupes stationnées à la caserne de Babylone (rue de Babylone), comme on l’a dit.
Ses deux « lettres du voyant » datent du 13 et 15 mai 1871, dans lesquelles il explique le rôle de voyant que doit avoir le poète.
« Tout est bien fini à Paris. On démolit les barricades ; on enterre les cadavres ; on en fait, car on fusille beaucoup et on arrête en masse. Beaucoup d’innocents, ou tout au moins de demi-coupables, paieront pour les plus coupables qui échapperont. Alexandre [Dumas fils] dit qu’il en fait délivrer beaucoup sur les affirmations de sa science physiognomoniste, enseignée par le docteur Favre. Sa lettre est bizarre et je ne vois pas comment il s’y prend pour faire écouter ses essais d’application par les cours martiales. Hugo est tout à fait toqué. Il publie des choses insensées et, à Bruxelles, on fait des manifestations contre lui. »
Journal de George Sand, 1er juin 1871.
« Faut pas être malade, faut pas être grognon, mon vieux troubadour. Il faut tousser, moucher, guérir, dire que la France est folle, l’humanité bête, et que nous sommes des animaux mal finis ; il faut s’aimer quand même, soi, son espèce, ses amis surtout… Après ça, peut-être que cette indignation chronique est un besoin de ton organisation ; moi, elle me tuerait… Peut-on vivre paisible, diras-tu, quand le genre humain est si absurde ? Je me soumets, en me disant que je suis peut-être aussi absurde que lui et qu’il est temps d’aviser à me corriger. »
Lettre de George Sand à Gustave Flaubert, 1872.
16) Le 16 mai 1871, la colonne Vendôme, place Vendôme, est abattue par les Communards.
17) Une gigantesque barricade est érigée pendant la Commune rue de Rivoli, à l’angle avec la rue Saint-Florentin.
Jean et Maurice la traversent dans La Débâcle de Zola.
Dans Le Turco de la Commune (Les Contes du lundi), c’est sur cette barricade que le jeune héros est tué pendant la Semaine sanglante en se battant contre les Versaillais, qu’il prend pour des Prussiens. Daudet dénonce ainsi comment, selon lui, les leaders insurgés ont joué de la naïveté du peuple, qui devient communard sans savoir pourquoi. Garde national pendant la guerre de 1870, Daudet se réfugie à Champrosay, en dehors de Paris, pendant la Commune. Il regagne ensuite son adresse du 24 rue Pavée. Derrière l’apparence tantôt bon enfant, tantôt dramatique des Contes du lundi, se glissent des critiques acerbes sur la Commune.
18) L’armée prussienne défile sur les Champs-Élysées le 1er mars 1871. L’armée et la Garde nationale mettent tout en œuvre pour que les Prussiens ne puissent pénétrer ailleurs dans la capitale, et pour qu’aucun affrontement n’ait lieu. Dans la nouvelle Le Siège de Berlin des Contes du lundi, le colonel Jouve, dans son délire, prend les Prussiens pour l’armée victorieuse de Mac-Mahon.
19) Mi-avril 1871, Edmond de Goncourt quitte sa maison d’Auteuil menacée par les bombardements – tant allemands que versaillais – et s’installe rue de l’Arcade, chez un cousin. Il est pour ainsi dire triplement veuf : son frère Jules est mort en juin 1870 ; l’Empire s’est effondré ; la Lorraine, sa patrie d’origine, est maintenant allemande. Il se rend souvent chez son ami le critique d’art Philippe Burty, 11 bis boulevard des Batignolles. Son Journal – qu’il écrit sur le vif puis retouche ensuite – est un témoignage très précieux (et très bourgeois) sur le siège et la Commune. « C’est vingt ans de repos que l’ancienne société a devant elle si le pouvoir ose tout ce qu’il peut oser en ce moment », y inscrit-il le 31 mai 1871.
20) La famille Proust demeure 8 rue Roy entre 1870 et 1873. Adrien Proust est médecin à l’hôpital de la Charité. Il n’hésite pas à parcourir la capitale au milieu des bombardements et des combats pour sauver des blessés. Son fils Marcel naît le 10 juillet 1871 au 96 rue La Fontaine, où ses parents se sont retirés pour l’été.
A lire :
1ère balade littéraire à Paris pendant le siège de 1870 et la Commune
2e balade littéraire à Paris sur les pas des Communards et des Versaillais
3ème balade littéraire à Paris pendant le siège de 1870 et la Commune
4e balade littéraire à Paris sur les pas des Communards et des Versaillais
et aussi George, Gustave et les autres face à la Commune, par Bernard Canal.
[1] Délégué à la Guerre sous la Commune.
Juste un petit détail topographique : la rue des Orties où habite Maurice, dans "la Débâcle" n’est pas la bonne. Celle qui est citée dans l’article est la rue des Orties-St-Louis, ou des Orties du Louvre, qui courait effectivement le long de la Galerie du bord de l’eau, au Carrousel.
Or il s’agit en fait de la rue des Orties-St-Honoré, sur la Butte des Moulins — bien aplanie depuis —, donnant dans la rue d’Argenteuil qui existait déjà à l’époque et qui est d’ailleurs citée dans le roman comme menant à la première.
Plus précisément, cette petite rue des Orties déboucherait aujourd’hui dans la rue d’Argenteuil à hauteur de son n° 12.
On la voit bien, par exemple, sur le plan de 1860 qui figure dans "le Nouveau Paris" de Labédollière.