Jean-Jacques ROUSSEAU à Lyon

Le mardi 20 avril 2010.

En 1732 puis en 1740, Jean-Jacques Rousseau fit deux séjours à Lyon. C’était alors pour lui une période difficile pendant laquelle il vécut chichement. Il raconte dans un chapitre des « Confessions » les aventures qui lui arrivèrent et qui le laissèrent assez circonspect sur les mœurs lyonnaises.

Un soir, alors qu’il se trouvait sur la place Bellecour, « après un très léger souper, rêvant de me tirer d’affaire », précise-t-il, un homme l’accoste, engage la conversation et lui propose de « s’amuser de compagnie ». Expression étrange qui ne fut pas sans inquiéter Jean-Jacques Rousseau. Son inquiétude grandit tant et si bien qu’il « se mit à fuir à toutes jambes, croyant avoir ce misérable à mes trousses », précise-t-il.
Triste fin de journée et piteuse débandade peu digne de la sagesse qu’on prête au philosophe. Jean-Jacques Rousseau avait sans doute oublié cet incident quand il revint à Lyon quelque huit ans plus tard.

Lors de ce second voyage à Lyon, et toujours aussi désargenté tant la philosophie avait peine à nourrir son homme, il arrive à Jean-Jacques Rousseau une nouvelle aventure qui lui rappela la précédente. De quoi lui donner une piètre idée de la population lyonnaise… ou donner à réfléchir au philosophe sur les facéties du hasard.

Cette fois-ci, il rencontra un abbé à qui il avoua sa grande gêne et qui, devant sa pauvre mine, l’invita chez lui. Quelle ne fut pas sa déception quand il s’aperçut qu’en fait, il avait les mêmes penchants que le précédent. Guère rassuré, il écrit : « Plus instruit que la première fois, je compris bientôt son dessein et j’en frémis. » Mais cette fois, point de fuite piteuse par les rues de la ville, il fit le pédagogue jusqu’au renoncement de son hôte. La puissance de persuasion de son verbe n’avait d’égal que l’élégance de son style.

Ils passèrent tous deux dans la chambre un nuit tranquille et au réveil descendirent prendre leur petit déjeuner à la table de l’hôtesse de monsieur l’abbé. Quelles ne furent pas la déception et la fureur de Jean-Jacques Rousseau de constater la mauvaise volonté évidente et la mine rechignée des trois femmes de la maisonnée qui pensaient sans doute que cet ami de l’abbé était affligé des mêmes mœurs que lui. Du coup, il n’eut qu’une idée : s’éloigner le plus vite possible, quitte à refuser la collation que lui propose benoîtement son hôte.

Pauvre philosophe si malmené qui constate que « jamais rien ne m’était arrivé de semblable à ces deux aventures. » Et de se lamenter, et de considérer Lyon comme une ville de perdition, une ville « où règne la plus affreuse corruption. »

Christian Broussas, Feyzin, avril 2010

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Références bibliographiques :
- " Les Confessions",
- " Julie ou la nouvelle Héloïse",
- " Le contrat social",
- " L’Emile ou les vertus de l’éducation".

Voir aussi les sites suivants :
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau
- http://www.site-magister.com/rousseau.htm



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