"Quand tu vins au monde, nous étions si tristes que je te pris sur mes genoux et pleurai amèrement."
Sa mère à Ernest Renan.
"Le grand nombre doit penser et jouir par procuration. […] La masse travaille, quelques-uns remplissent pour elle les hautes fonctions de la vie ; voilà l’humanité. […] Quelques-uns vivent pour tous. Si on veut changer, personne ne vivra."
Ernest Renan, Dialogues philosophiques, 1871.
Son père était un ancien pêcheur d’Islande, endetté pour acheter une goélette, ruiné puis disparu un soir ; retrouvé noyé quelques semaines après, en 1828.
Ernest a alors cinq ans, Henriette dix-sept et Alain dix-neuf.
À Tréguier, Madeleine Renan essaie de tenir à flot l’épicerie basée au rez-de-chaussée de la maison familiale, mais la famille ne connaîtra jamais l’aisance. Entre 1828 et 1831, Ernest, Henriette et Madeleine habitent chez la grand-mère maternelle, à Lannion, 12 rue de l’Allée verte (devenue avenue Ernest Renan). De retour à Tréguier, pendant qu’Ernest a sa chambre sous le toit, Henriette ouvre une école avant de migrer à Paris en 1835. Ernest étudie bientôt au séminaire de Tréguier (devenu depuis le Collège Ernest-Renan).
Pourquoi ? Un peu parce que la mer lui a déjà pris son père… et parce qu’il y a un séminaire à Tréguier.
Il en fera d’autres (séminaires). Suivons-le…
En effet, grâce à Henriette, les aptitudes qu’il montre à Tréguier le font remarquer à Paris et, en septembre 1838, il intègre le séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet situé 24 rue Saint-Victor, à l’emplacement du Palais de la Mutualité actuel.
En octobre 1841, il entre au séminaire d’Issy-les-Moulineaux (déjà, de l’étude des textes surviennent les questions et les doutes qui mèneront en 1863 à la Vie de Jésus, où Jésus est seulement homme sans être Dieu), et en octobre 1843, à celui de Saint-Sulpice. Il retrouve l’altitude de sa chambre de Tréguier : il est ici au quatrième étage, et continue d’assouvir une soif continuelle d’apprendre et de comprendre.
Le 6 octobre 1845, il quitte définitivement le séminaire Saint-Sulpice. Il trouve une chambre dans l’hôtel le plus proche, l’hôtel Fénelon (aujourd’hui disparu), 11 rue Férou, qu’il occupe jusqu’à fin 1845. Puis il loge à l’institution Crouzet, rue de l’Abbé-de-L’Epée, où il est répétiteur deux heures par jour pour des élèves du lycée Henri IV. Le reste de son temps, il étudie. Il est fort impressionné par les cours de Michelet et se mèle de politique.
La révolution de 1848 lui fait abandonner la religion catholique pour la religion de la science.
À partir de 1850, il habite avec Henriette (revenue de dix années comme préceptrice en Pologne) rue du Val-du-Grâce. Il travaille à la Bibliothèque Nationale tout en poursuivant recherches, articles… et une thèse sur Averroès.
Henriette et Ernest emménagent 3 rue des Saints-Pères en juin 1856. En septembre, Ernest épouse Cornélie, nièce du peintre Ary Scheffer qu’il a rencontrée dans la maison de celui-ci, 16 rue Chaptal, où l’a amené Augustin Thierry.
L’été 1857 voit Madame Renan mère séjourner à Paris chez Ernest, Cornélie et Henriette 27 rue Casimir Périer.
En 1860, Napoléon III confie à Renan la direction d’une mission en Syrie, mission qui le mène jusqu’en Palestine en 1861. Il poursuit sur le terrain ses investigations spirituelles. C’est là qu’Henriette meurt d’une fièvre brutale en septembre.
Début 1862, il est nommé au Collège de France, où il n’enseigne que quelques jours avant d’être suspendu pour injure à la foi chrétienne (il retrouvera sa chaire en 1870).
Ce sont les années où, entre deux voyages, il fréquente à Saint-Gratien le salon de la princesse Mathilde, lieu d’engagements littéraires et politique en marge de l’empire.
En 1871, pendant le siège de Paris et les débuts de la Commune, Renan habite quelque temps la maison de la rue Chaptal, avant de se mettre à l’abri à Versailles (22 rue Mademoiselle).
Esprit aussi libre et critique en politique qu’en science et en religion, il se rallie peu à peu à la République.
En 1879, son adresse parisienne est le 4 rue de Tournon, qu’il quitte en mai 1883 pour habiter au Collège de France.
Ses étés de 1884 à sa mort en 1892 se passent non loin de Tréguier, dans le manoir de Rosmapamon.
Pour visiter le lieu
Le manoir de Rosmapamon à Perros-Guirec est maintenant une chambre d’hôtes. Les propriétaires des lieux présentent à leurs hôtes les moments que Renan y a passés avec sa famille, dans un cadre intérieur qui a été bien conservé depuis.
Quelqu’un à contacter ?
Société des Études Renaniennes, 59 bis avenue de l’Observatoire, 75014 Paris. Tél : 01 43 25 46 23.
À voir aux alentours
Présences littéraires aux alentours de Tréguier :
Louis Guilloux à Saint-Brieuc,
Chateaubriand à Saint-Malo et Combourg,
Alfred Jarry à Saint-Brieuc,
Pierre Loti à Paimpol,
Michel Le Bris à Saint-Samson,
Joseph Conrad à Lannion-L’Ile Grande,
T. E. Lawrence à Dinard,
Pierre Mac Orlan et Paul Féval à Rennes,
…
Je cherche à connaître les enfants (filles et garçons) de Renan.
Il a un fils qui a écrit sous le nom de sa mère, le connaissez-vous ?
Fils : Ary né 28.10.1857 et + 1900 peintre et écrivain français
Petit fils : Ernest Psichari (1883-1914) Officier et écrivain
Bonjour,
J’aimerai connaitre le nom du propriétaire de Rosmapamon où RENAN séjournait l’été. Avec tous mes remerciements, si vous pouvez m’aider. Cordialement Yves OLLIVIER