STENDHAL à Grenoble et Paris

Le vendredi 29 août 2003.
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La terrasse de la maison du docteur Gagnon, à Grenoble, d’où le jeune Henri Beyle assiste à la Journée des tuiles qui se jouera à gauche, sur la place.

"Depuis dix mois que cette oeuvre surprenante ([La chartreuse de Parme]) a été publiée, il n’y a pas un seul journaliste qui l’ait ni lue, ni comprise, ni étudiée, qui l’ait annoncée, analysée et louée, qui même y ait fait allusion."
Balzac, dans La Revue de Paris (qui ne vit que trois numéros)

Stendhal est un homme qui rate (il le sait) : son enfance, ses drames et vers romantiques des jeunes années (un peu moins ses romans plus tard), sa vie sentimentale - comme pour ses collègues romantiques, on ne compte plus ses maîtresses -, sa vie professionnelle…
Si l’auteur de Remède au suicide (1838) y renonce, c’est par vif intérêt pour ce qui l’entoure (il est mélomane, féministe, démocrate - et déteste Chateaubriand) et pour l’avenir et, dit-il, par "curiosité politique"… et, un peu, par curiosité de savoir si son destin récompensera ses ambitions.

L’écrivain aux deux cents pseudonymes naît à Grenoble sous le nom de Henri Beyle, 12 (et non 14) rue Jean-Jacques Rousseau - anciennement rue des Vieux-Jésuites -, au 2e étage, le 23 janvier 1783.
Fin 1790 décède une mère qu’il adore. Cette mort désespère le père et dresse contre lui son fils, qui lui préfère de loin son grand-père, le docteur Gagnon. Entre 7 et 17 ans, Henri passe ainsi le plus clair de son temps dans la maison du 20 grande rue et sur sa terrasse, poste d’observation imprenable sur les rues et les cafés de la ville… et sur la bourgeoisie locale, dont il raillera la mesquinerie dans ses romans.
De cette terrasse, il assiste à l’émeute de la Journée des tuiles en juin 1788.
Là, il se retire plus tard pour dévorer des livres.

Il est élève de l’Ecole Centrale de Grenoble (aujourd’hui lycée Stendhal) de 1796 à 1799.
Son père fait construire en 1804 une maison à l’angle de la rue de Bonne et de la place Grenette, mais Henri, parti à Paris à 17 ans, ne fera plus à Grenoble que de brefs séjours, en 1814, 17 et 19 (on peut suivre ici un itinéraire pour marcher sur ses pas à Grenoble et le télécharger en bas de cette page).

Les années suivantes le voient dans différents pays d’Europe, ses deux ports d’attache étant Paris et l’Italie :

  entre 1800 et 14, protégé de la famille Daru, il entre au ministère de la Guerre à Paris puis devient fonctionnaire impérial, en France et dans différents pays européens (il découvrira en particulier l’Italie).
Ses ports d’attache parisiens sont 117 rue de Grenelle et 1 bd Saint-Germain en 1799 ; 79 rue de Lille - dans le bâtiment au fonds de la cour -, en 1800 ; 69 rue de Lille, en 1804, 1806 et 1807 ; 52 (ex-n°18) rue Jacob, en 1808-09, à l’hôtel de Hambourg ; 28 rue Jacob, pour un court séjour en 1810 à l’hôtel d’Espagne, avant de s’installer au 4ème étage du 5 (ex n°3) rue Cambon (ex-rue Neuve-du-Luxembourg), de 1810 à 1814.
  en 1814, sa carrière politique piétinant, il décide de se consacrer davantage à une carrière d’écrivain et vit à Milan jusqu’à 1821.
  il est à nouveau parisien de 1821 à 30 : d’abord au 45 rue de Richelieu, dans l’hôtel de Bruxelles, en 1821-22 ; puis 61 (ex n°63) rue de Richelieu, dans l’hôtel des Lillois, en 1822-23 (la plaque est erronée) ; puis 14 (ex n°10) rue Richepanse, de 1824 à 1826 ; puis rue du Faubourg-Saint-Denis et 69 (ex n°71) rue de Richelieu, encore, en 1828-30. Là, dans l’hôtel de Valois -le bâtiment actuel date de 1904-, il achève Le Rouge et le Noir (il y séjournera à nouveau, brièvement, en 1833).
La révolution de 1830 lui redonne goût à la politique.
  de 1831 à 36 et entre 1839 et 41, il est consul à Trieste puis à Civita-Vecchia, où il s’ennuie et écrit Lucien Leuwen.
  de 1836 à 39, il vit à Paris et voyage. 8 rue Caumartin : c’est au 4e étage de cette maison que La Chartreuse de Parme fut composée en 52 jours, en 1838 !
  Le romancier s’installe en 1842 dans l’Hôtel de Nantes, 22 rue Danielle-Casanova (ex-78 rue Neuve-des-Petits-Champs), où il meurt le 22 mars.

Autres demeures de l’auteur
Quelques autres lieux où Stendhal a vécu en France :

  la maison de campagne à Furonières, près de Claix, à 10 km de Grenoble, où son père a fait construire une bergerie modèle et où il lit La Nouvelle Héloïse. Il y revient plusieurs fois jusqu’à la vente de la maison en 1820.
  en 1791, il séjourne chez sa tante, aux Échelles, au pied de la Chartreuse, où la nature le ravit.
  en 1805, il travaille à Marseille rue Venture, dans une entreprise d’importation de produits coloniaux. Il y revient en mai 1838 et est logé à l’hôtel des Bouches-du-Rhône.
  il séjourne en 1815 chez le comte Daru, 26 av. du pdt Roosevelt à Clamart.

À voir aux alentours

Aux alentours de Grenoble ont vécu :

  Saint-Exupéry à Lyon et Rémens,
  Roger Vailland à Chavannes et Meillonnas,
  Lamartine à Milly, Montceau, Saint-Point,
  Claudel à Brangues,
  Rousseau aux Charmettes et à Chambéry,
  Voltaire à Ferney,
  Eugène Sue à Annecy-le-Vieux.

Petite bibliographie
Grenoble et le Dauphiné vus par Stendhal. Présentation par Monsieur Del Litto, 1978.
La plupart des manuscrits de Stendhal sont conservés à la bibliothèque municipale de Grenoble : La vie d’Henry Brulard, Lucien Leuwen, Lamiel, etc.
Stendhal ou Monsieur Moi-même. Michel Crouzet, éditions Flammarion.
Stendhal, l’Italie au coeur. Jean Goldzink. Découvertes Gallimard n°137.
Les soleils du romantisme. Claude Roy. Idées Gallimard n°447, 1981.



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