"Nous nous retrouvions à la Revue [blanche] vers la fin de chaque journée. […] On était là ; on commentait les dernières nouvelles du Temps comme le communiqué pendant la guerre ; on mettait en commun ce que chacun avait appris de côté ou d’autre pendant la journée […] Il n’y avait pas d’autre sujet d’entretien ; toute autre forme de vie semblait suspendue."
Léon Blum. Souvenirs de l’Affaire.
Léon Blum naît le 9 avril 1872 à Paris, 151 rue Saint-Denis. La famille de sa mère tient une librairie de droit place Dauphine. La famille vit 243 rue Saint-Denis, puis 57 rue Réaumur, puis 243 rue du 4 Septembre, où M. Blum tient un magasin de mode. Léon étudie en 1876 à la pension Roux, rue d’Aboukir, et plus tard rue des Francs-Bourgeois. Il entre en 1882 au lycée Charlemagne, puis en 1888 à Henri IV, où il croise André Gide.
Sa route passe ensuite par l’École Normale supérieure, non loin. Il y fait la connaissance du bibliothécaire, Lucien Herr. Puis il s’oriente vers le droit, tout en fréquentant Gide, Pierre Louÿs, Proust, Valéry… Avec Gide et Louÿs, il fonde La Conque, une revue poétique qui vit l’espace de dix numéros. Il collabore ensuite au Banquet créée par Proust et ses collègues et plus tard à la Revue Blanche (basée 1 rue Laffitte) aux côtés de France et Barrès.
Il rentre au Conseil d’État et se marie début 1896. Le jeune couple s’installe 36 rue du Luxembourg (aujourd’hui rue Guynemer). Il entend parler des irrégularités du procès de Dreyfus un jour à la Revue blanche, par deux invités exceptionnels : le journaliste Bernard Lazare et Forzinetti, l’ancien commandant de la prison du Cherche-midi, où Dreyfus a été enfermé l’après-midi de son arrestation. En tant que Juif, Blum accueille prudemment l’information que lui délivre plus tard un autre (Lucien Herr), un jour de 1897 : Dreyfus est innocent.
En mars 1898, l’Affaire a déjà connu de multiples rebondissements et Zola vient d’être condamné. Blum dresse alors un compte-rendu du procès de ce dernier pour la Revue blanche. Son article est publié le 15 mars et marque son entrée dans le camp dreyfusard. Il se lie bientôt avec Jaurès et adhère au socialisme. Il collabore à L’Humanité à partir de 1904.
Pendant les années qui suivent, il est critique dramatique pour Gil Blas, Coemedia, L’Excelsior et Le Matin. Il emménage 126 boulevard Montparnasse.
S’étant mis en retrait de la vie politique, il y est rappelé en 1914 et devient chef de cabinet de Marcel Sembat, ministre des Travaux publics, puis un des leaders du parti socialiste après la guerre.
Élu député en 1919, directeur du Populaire, il est entre 1920 et 1940 le leader de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière, que les communistes quittent en 1920 au congrès de Tours pour fonder le PCF). La victoire du Front populaire à l’été 1936 le porte, pour quelques mois seulement, à la présidence du Conseil.
Arrêté par le régime de Vichy en septembre 1940, il est jugé à Riom début 1942, puis déporté à Buchenwald. Il survit et effectue un bref retour à la tête du gouvernement en 1946. Il décède en 1950.