Jean GIONO

à Manosque et Paris
Le mardi 19 août 2003.
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L’hôtel du Dragon, 36 rue du Dragon à Paris.

"Je crois que si j’avais pu, j’aurais quitté la Provence. J’aime la pluie, j’aime le froid, je n’aime pas le soleil… Je déteste l’azur […]."
Jean Giono.

"je démolis constamment le paysage pour le recréer à mon gré ; le lieu n’a jamais non plus servi de support. Il n’y a pas de localisation précise excepté dans ceux de mes romans qui ont une base historique ; En un mot, je m’intéresse avant tout à la pure recherche de la psychologie de mes personnages. […] Quant aux plans, je n’en fais pas. […] Au fur et à mesure que le roman avance, on est projeté dans l’avenir avec [les personages] qui vous conduisent sans que l’on puisse prévoir où l’on va."
Giono à Jacqueline Mariel et Robert Sadoul.

Non seulement il crée des personnages et de nouveaux mondes (et pas seulement en Provence), mais il plie aussi la langue à son propre style, il invente des mots et des images. Sous sa plume, "la jument […] patapait de ses quatre sabots" (Le Chant du monde, 1934) et "Le silence marchait, quelques oiseaux sur l’épaule" (Fragments d’un paradis, 1948).
Ses pages doivent se lire comme des poèmes. Et, dans les poèmes, "La vérité objective n’existe pas… Ce qui importe, c’est d’être enchanté !".
Inutile de chercher la vérité biographique, topographique, historique ou lexicale dans les écrits de Jean Giono, on n’y trouve que la vérité poétique.
Est-ce étonnant, pour un employé de banque de Manosque (de 1911 à 1929 - sauf 1914 à 1919, car il fait la guerre) qui a découvert la littérature en achetant à bon marché les oeuvres de Virgile, Homère, Sophocle, Melville, Whitman et Kipling ?

De la plupart de ces lectures, Giono - qui ne quittera presque jamais Manosque de toute sa vie, sauf à de rares occasions - garde une fascination pour ceux qui, comme Ulysse ou Achab, sont capables d’inventer leurs voyages ou d’aller jusqu’au bout de leur destin. Il commence à composer des poèmes, mais ce n’est qu’après le traumatisme de la guerre qu’il adopte un rythme d’écriture régulier, puis inlassable. Son premier roman - Naissance de l’Odyssée - est achevé en 1927 mais ne trouve pas d’éditeur. Le centre en est déjà le rapport de l’homme à la nature, dans lequel se mêlent inquiétude et fascination. Et c’est surtout en 1929 le succès de Colline qui voue Giono définitivement à l’écriture, créant un genre nouveau fait de quotidien, d’extraordinaire et de tragédie grecque…
Colline fait venir André Gide jusqu’à Manosque. Giono achète alors la petite maison du Paraïs (l’endroit où l’on carde la laine, en provençal), qu’il habitera jusqu’à sa mort.

Dans la tour de guet du Paraïs, sur sa petite table encombrée de pipes et de porte-plumes, il rédige quatre à huit pages chaque jour, qu’il lit à sa famille. Il écrit, corrige, supprime, réécrit sans cesse.

Son style évolue. Il ne veut pas "faire du Giono" toute sa vie.
Après-guerre, comme nombre de ses compatriotes, il dévore les auteurs américains - pour s’inspirer entre autres du style de Faulkner et de celui d’Hemingway - mais aussi les classiques russes, ses contemporains anglais, Cervantès et Stendhal… avant d’ouvrir le dernier "Série Noire", dont, depuis plusieurs années, il essaie de ne manquer aucun volume, fasciné par les techniques de narration employées. Sa pensée évolue également, en particulier ses sentiments à l’égard d’un monde dont il dénonce les penchants à l’autodestruction.
Avec Que ma joie demeure (1935), le pessimisme entre dans son oeuvre. Il devient plus radical après la seconde guerre mondiale, et ses romans s’évadent dans les siècles passés ou les pays lointains (Le Hussard sur le toit, qui connaît un énorme succès, paraît en 1951).

Lorsqu’il fait étape à Paris, il aime s’arrêter à l’hôtel du Dragon, 36 rue du Dragon, la rue de Hugo et de Martin du Gard.

Autres demeures de l’auteur
Avant de vivre au Paraïs à partir de 1929, Jean Giono a habité à Manosque :
- 1 rue Torte, où il est né le 30 mars 1895,
- 14 rue Grande, où ses parents déménagent peu de temps après,
- 8 rue Grande, où il emménage en 1920 après son mariage.
Sur le boulevard circulaire se trouve le Crédit agricole, qui était le Comptoir d’escompte lorsque Giono y travaillait.
À vingt kilomètres de Manosque, dans la commune de Sainte-Croix à Lauze près de Céreste, Giono achète en 1940 la ferme Le Criquet pour essayer de pourvoir aux difficultés de ravitaillement.
Il achète un peu plus tard une seconde ferme, La Margotte à Mane, près de Forcalquier, qu’il gardera plus longtemps. Emporté par une crise cardiaque le 9 octobre 1970, Jean Giono est enterré à Manosque.

Pour visiter le lieu
Le Centre Jean-Giono se trouve 3 boulevard Elémir-Bourges, 04100 Manosque (tél. : 04 92 70 54 54). La Maison Jean-Giono - Le Paraïs est située Montée des Vraies Richesses à Manosque. Elle se visite sur rendez-vous (tél. : 04 92 87 73 03 le mardi et le vendredi entre 14h30 et 17h30).
Deux circuits sont organisés pour des groupes : une "visite de Manosque sur les pas de Jean le Bleu" et des randonnées littéraires sur les pas de Jean Giono, à pieds ou en car, agrémentées de pauses-lecture.

Quelqu’un à contacter ?
Voir les rubriques "petite bibliographie" et "pour visiter le lieu". Par ailleurs, l’office de tourisme de Manosque se trouve place du Docteur Joubert (tél. : 04 92 72 16 00, fax : 04 92 72 58 98).

À voir aux alentours

Présences littéraires aux alentours de Manosque :
- Joseph Conrad à Marseille,
- Marcel Pagnol, Isabelle Eberhardt à Marseille,
- Stefan Zweig à Marseille et Nice,
- Gaston Leroux à Menton et Nice,
- Jean Cocteau à Menton,
- Gogol à Nice,
- Maupassant à Antibes et Cannes,
- Nabokov à Cannes,
- Mann et Huxley à Sanary,
- Wells à Magagnosc,
- Alphonse Daudet à Nîmes et Fontvieille,
- Mallarmé à Avignon,
- Frédéric Mistral à Maillane,
- Vauvenargues à Vauvenargues,
- Alexandra David-Neel à Digne,
- Paul Valéry à Sète,
- Colette à La Treille Muscate (Saint-Tropez),
- Prévert, Bernanos à Toulon.
- Blaise Cendrars à Aix-en-Provence,
- …

Petite bibliographie
Giono. Pierre Citron. Editions du Seuil, 1990.
La Provence de Jean Giono. Pierre Magnan. Éditions du Chêne. 260 F.
La Provence de Giono. Jacques Chabot. Édisud. 166 F.
Les promenades de Jean Giono. Pierre Magnan, Éditions du Chêne.
Le Bulletin des amis de Jean Giono est publié tous les six mois par l’Association des amis de Jean Giono, Lou Paraïs, BP 633, 04106 Manosque Cédex (tél. : 04 92 72 24 86).
La haute Provence avec les yeux de Giono. Éditions Didier Richard.
Sur les terres de Giono. Jacques et René Mannent (auto-édition).
Une balade dans Manosque avec Jean Giono. Louis Michel. 1988, imprimé à Manosque, 16 p., 10 F.



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