Itinéraire à La Bouille sur les pas du jeune Hector Malot

Le lundi 6 août 2007.

Hector Malot, auteur de Sans Famille (1878) mais également d’une soixantaine de romans pour adultes, passe à La Bouille ses années de prime jeunesse, jusqu’à l’âge de 5 ans. Son père y est notaire et maire de la commune. Le village, pittoresque et très animé, le marquera pour la vie et le romancier le citera à de nombreuses reprises dans ses romans.


Rémi, héros de Sans Famille, de passage dans le village, questionne les Bouillais. Hector Malot qui connaissait bien le caractère de ses congénères, avait remarqué que les Normands ne répondent jamais quand on leur pose une question directe : « Sois certain que c’est sur la Seine que Mme Milligan a promené son fils malade, me ditil. – C’est ce que nous allons bientôt savoir, en faisant causer les gens du village qui est au-dessous. » Mais j’ignorais alors qu’il n’est pas facile d’interroger les Normands, qui répondent rarement d’une façon précise et qui, au contraire, interrogent eux-mêmes ceux qui les questionnent. « C’est-y un batiau du Havre ou un batiau de Rouen que vous demandez ? – C’est-y un bachot ? – C’est-y une barquette, un chaland, une péniche ? » Quand nous eûmes bien répondu à toutes les questions qu’on nous posa, il fut à peu près certain que le Cygne n’était jamais venu à La Bouille, ou que, s’il y avait passé, c’était la nuit, de sorte que personne ne l’avait vu. De La Bouille nous allâmes à Rouen, où nos recherches recommencèrent, mais sans meilleur résultat ; … » (Sans famille, 1878).


A l’occasion du centenaire de la mort de l’écrivain, la mairie de La Bouille et l’association des amis d’Hector Malot donnent naissance à un parcours Malot dans les rues de la charmante petite ville du pays de Flaubert, d’Arsène Lupin, d’Hugo et de Maupassant [1].

Voici quelques extraits et étapes de cet itinéraire, dont vous pouvez télécharger le détail dans le fichier joint à cet article.

L’ÉTUDE NOTARIALE, rue de Seine
Me Jean-Baptiste Patrice Malot a été nommé notaire le 30 décembre 1806 par décret signé de Napoléon. Il officia dans cette étude jusqu’en 1832, date à laquelle son gendre, Me Beauvet, prit la relève.
Dans le passage qui suit, Hector Malot décrit l’étude notariale de La Bouille, qu’il a bien connue. Il se base sur des faits véridiques, que lui a racontés Me Drapeau, successeur de son père, pour les besoins de son roman Souvenirs d’un Blessé.
Le héros, un soldat égaré qui cherche à regagner ses troupes pendant la guerre de 1870, frappe à la porte de l’étude pour y trouver de l’aide : « J’allai chez le maire. En route, j’avais entendu un bout de conversation entre deux paysans qui m’avait appris que ce maire, au lieu de garder ses fusils pour les offrir aux Prussiens, comme tant d’autres, les avait cachés dans une carrière. Et cela m’avait donné confiance. Si ce maire, me disais-je, a le courage de s’exposer à se faire fusiller par nos ennemis pour ne pas livrer ses armes, il accueillera un soldat qui veut regagner l’armée. Au moment où je poussais une porte au-dessus de laquelle brillaient dans la nuit des panonceaux de notaire, deux officiers prussiens, un major et un adjudant m’arrivaient sur les talons. Naturellement je les laissai passer devant moi, et me mis dans un coin ; ce que j’avais à dire n’avait pas besoin de témoin. – Bureau ? dit le major en entrant. – Notaire, répondit le maire. – Très bien. Le major porta sa main à son casque et fit le salut militaire devant les minutes qui garnissaient les tablettes posées contre les murailles de l’étude. A deux pas derrière lui l’adjudant répéta ce salut. – Monsieur le maire, continua le major, on m’avait annoncé, en m’envoyant ici, un gros bourg avec de bonnes maisons, mais je vois que votre pays ne produit que des pierres ; je vais envoyer chercher des vivres ailleurs. Je vous aiderai à faire vivre les gens du pays. Et tournant roide sur ses talons, il salua de nouveau les minutes et sortit. – Vous coucherez chez moi, me dit le maire lorsque je lui eus exposé ma demande, et comme demain matin un jeune homme d’ici désire aller à Bourgtheroulde, vous pourrez partir avec lui ; il vous conduira à travers la forêt. » (Souvenirs d’un blessé – Miss Clifton, 1872)

« (…) La maison la plus coquette est celle du notaire. En façade sur le quai, dont elle est séparée par un petit jardin (…) » (Complices, 1892).

LA MAISON DE LA MÈRE D’HECTOR MALOT, côte Albert Lambert (en face du « Nid » des Albert Lambert)
L’acte de naissance d’Hector Malot. La mère d’Hector Malot, a, en premières noces, épousé un capitaine au long cours, Narcisse Lelargue, mort à St Domingue en 1824, d’une fièvre jaune qui décima une partie de l’équipage.
A la fenêtre de la petite maison, qui domine la boucle de la Seine jusqu’à Saint Martin de Boscherville, elle guettait, à chaque voyage, l’arrivée du navire de son mari.
Elle se remarie avec Me Malot en 1826.

VUE SUR LA BOUILLE, côte Albert Lambert « Par Bayeux, Caen, Pontl’Evêque et Pont-Audemer, nous gagnâmes la Seine à La Bouille. Quand, du haut des collines boisées, et au détour d’un chemin ombreux, Mattia aperçut tout à coup devant lui la Seine, décrivant une large courbe et promenant doucement ses eaux calmes et puissantes, couvertes de navires aux blanches voiles et de bateaux à vapeur dont la fumée montait jusqu’à nous, il déclara que cette vue le réconciliait avec l’eau, et qu’il comprenait qu’on puisse prendre plaisir à glisser sur cette tranquille rivière, au milieu de ces fraîches prairies, de ces champs bien cultivés et de ces bois sombres qui l’encadraient de verdure » (Sans Famille, 1878).

LA MAISON NATALE, 25, quai Hector Malot
Quelques heures après la naissance de l’enfant (à 3 heures du matin), le 20 mai 1830, le mât de beaupré d’un voilier brise la Dans ce roman policier, situé à Oissel, Hector Malot s’est amusé à disposer de nombreux indices autobiographiques : il y conte les aventures d’une femme de notaire qui trompe son mari avec le premier clerc…

La mère du romancier, grande conteuse, attise l’imagination du jeune enfant, lui narrant des histoires de voyages lointains, en prenant pour point de départ les grands voiliers ancrés devant la maison.

[1] De nombreuses autres manifestations marquent ce centenaire, voir 2007 : centenaire de la mort d’Hector Malot.



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