GOETHE à Strasbourg

Le samedi 27 décembre 2003.
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Au fond, le 36 rue du Vieux-Marché-aux-Poissons. En arrière-plan, la cathédrale.

Lorsqu’il arrive à Strasbourg à 21 ans en 1770, Goethe a bien en tête de poursuivre plus tard sa route vers Paris. Mais la beauté de la cathédrale et de Frederike, ainsi que ses rencontres strasbourgeoises en décideront autrement.

Le 2 avril 1770, il s’installe à l’hôtel de l’Esprit, quai Saint-Thomas. Il vient à Strasbourg pousuivre des études de droit à l’université dont la renommée est grande.
La cathédrale - qu’il escalade le jour-même de son arrivée malgré son vertige [1] - lui inspirera un essai sur l’architecture allemande.
Peu après, il loue une chambre au fourreur Schlag, 36 rue du Vieux-Marché-aux-Poissons [2] et prend ses repas à quelques pas, 22 rue de l’Ail, dans la pension Lauth, repaire d’étudiants-philosophes dont la curiosité et les recherches touchent un peu à tout. Il rencontre là un futur condisciple, Jung-Stilling.
On imagine bien, en le parcourant encore aujourd’hui, quel était son itinéraire quotidien.
Il s’inscrit à l’université et passera également beaucoup de temps à étudier les sciences. Ses amis l’encouragent à lire Montaigne, Buffon, Beaumarchais, Rabelais…

Se rendant un jour à l’hôtel de l’Esprit, il rencontre par hasard le philosophe Herder, venu soigner ses yeux à Strasbourg. De cinq ans son aîné, Herder lui fait découvrir Shakespeare, Ossian et la culture populaire. Avec Rousseau (passé d’ailleurs dans la ville en 1765), voilà tracées les influences principales du Sturm und Drang, ce courant pré-romantique qui s’incarne en particulier dans le drame de Goethe Goetz von Berlichingen et dans ses Souffrances du jeune Werther (qui inspireront le René de Chateaubriand, l’Oberman de Senancour, l’Adolphe de Benjamin Constant, etc.).

Il a jusqu’à présent plutôt vécu en ville et aime parcourir les environs à cheval à la recherche de paysages et d’histoires des campagnes, en particulier avec le docteur Salzmann, hôte de la pension de la rue de l’Ail.
C’est ainsi qu’en octobre 1770, il rencontre Frederike Brion, fille du pasteur de Sessenheim, un peu au nord de Strasbourg. L’idylle est partagée. Frederike lui inspire de grands poèmes. Mais le poète, ne souhaitant pas encore se lier par le mariage, rompt avec elle quelques semaines avant août 1771, époque de son retour à Francfort (après avoir obtenu une licence de droit à l’université de Strasbourg). On montre encore aujourd’hui, sur la route de Drusenheim, le chêne au pied duquel il lui annonça son départ. Sessenheim conserve un mémorial consacré au poète.

En 1775, il s’installe à Weimar, où il attirera Herder et Schiller.
A l’occasion d’un passage dans la région en 1779, il revient saluer Frederike.

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36 rue du Vieux-Marché-aux-Poissons.

Petite bibliographie
Poésie et vérité. Goethe.
Goethe et l’Alsace. Jean-Paul Sorg, revue Saisons d’Alsace n°128 (été 1995).
Promenades littéraires à Strasbourg. Marie-Christine Périllon, éditions Ouest-France, 1990 (épuisé).
En Alsace sur les traces de Goethe, article de Henry Massoul dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome II.
La France des écrivains. Guides Gallimard, 1997.

[1] 330 marches jusqu’à la "plate-forme" de la seconde tour qui ne vit jamais le jour. La flèche de la cathédrale atteint 142 mètres. Elle est, jusqu’au XIXe siècle, sans équivalente dans le monde.

[2] Que son père, venu 40 ans auparavant étudier son droit à Strasbourg, connaissait.



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