Ernest a tiré son épingle du jeu, Francis Scott non.
Un ancêtre qui compose les paroles de l’hymne national américain, des racines dans le Sud profond du côté paternel et dans la terre d’Irlande du côté maternel et paternel, l’éternel regret que la première guerre mondiale s’achève avant qu’il ne puisse y être un brillant soldat, la honte de voir, lorsqu’il a douze ans, son père sans emploi, la rivalité croissante avec Ernest Hemingway dont il envie le style et la capacité à s’isoler du monde pour écrire, voici quelques ingrédients d’une vie commencée sous de bons augures mais terminée dans la précarité et l’indifférence, à quarante-quatre ans, dans un corps usé par l’alcool.
Francis Scott Fitzgerald commence à vivre de sa plume en 1919, à 23 ans. Pendant de nombreuses années, il se nourrit davantage de la vente de nouvelles alimentaires au Saturday Evening Post que des droits d’auteurs de ses trop rares romans. Paris et la Côte d’Azur sont des endroits où il se plaît à écrire et où il rencontre ses compatriotes écrivains exilés, dont, malgré son visage de bon père de famille, il se distingue par ses excès de langage et de comportement.
Entre 1921 et 31, il fait quatre séjours en France :
quelques jours au printemps 1921, à l’hôtel St-James et Albany (211 rue Saint-Honoré) à Paris,
1924 le trouve Hôtel des Deux Mondes, 22 av. de l’Opéra à Paris. Puis, pendant l’été de cette année, dans un élan qu’il ne retrouvera jamais ensuite - Tendre est la nuit nécessitera neuf… ans de gestation - il termine Gatsby le magnifique (commencé en juillet 1923), d’abord au Park Hotel à Hyères (pour essayer de se rapprocher d’Edith Wharton qu’il n’a pas encore rencontrée) puis, entre juillet et novembre, à la villa Marie à Valescure, près de Saint-Raphaël, puis à l’hôtel Continental de Saint-Raphaël.
L’été 24 est aussi celui de la "crise", provoquée par l’aventure de Zelda avec un aviateur français.
Avril 1925 trouve les Fitzgerald à Paris : deux semaines à l’hôtel Florida, boulevard Malesherbes, puis, jusqu’en mars 26, un cinquième sur cour du 14 rue de Tilsitt. Il a entendu parler d’Hemingway et va le trouver au Dingo bar, bar américain de la rue Delambre (ce dernier raconte, dans Paris est une fête, comment Fitzgerald se transforme sous ses yeux en un cadavre sur pieds).
Fitzgerald fréquente aussi, à partir de 1925, l’appartement d’Edith Wharton, 53 rue de Varenne puis sa propriété à Saint-Brice-sous-forêt et, comme Hemingway, la maison de Gertrude Stein et la librairie de Sylvia Beach.
les Fitzgerald passent quelques semaines d’hiver à Salies-de-Béarn. Entre mars et juin 1926, ils louent la villa Paquita à Juan-les-Pins, puis la villa Saint-Louis (devenu l’hôtel Belles Rives) jusqu’à la fin de l’année.
d’avril à octobre 1928, ils vivent 58 rue de Vaugirard. C’est l’époque des rencontres avec Chamson, Joyce…
entre 1929 et 31, ils sont à Nice, puis à Paris, rue de Mézières-rue Palatine, près du 6 rue Férou où logent les Hemingway. En juin, ils louent la villa Fleur des bois, 12 boulevard Cazagnaire à Cannes, puis sont de retour à Paris pour l’hiver, 10 rue Pergolèse.
F. S. F. fréquente également le Harry’s bar, 5 rue Daunou, non loin de l’Opéra.
Pour visiter le lieu
Les demeures françaises des Fitzgerald ne sont pas ouvertes à la visite.
Mais l’hôtel Belles-Rives peut accueillir les plus fortunés, les pieds dans l’eau : Hôtel Belles-Rives, 33 Boulevard Edouard Baudoin - 06160 Juan-les-Pins, tél. 04 93 61 02 79, fax 04 93 67 43 51.
À voir aux alentours
À Paris, autour du 58 rue de Vaugirard, de la rue de Mézières et de la rue Palatine :
Hemingway,
Joseph Roth, Balzac, Lamartine et Renan, Charles Cros, Daudet, respectivement au 18, 2, 4, 5 et 7 rue de Tournon,
Radiguet, qui occupe une chambre au-dessus du restaurant Foyot, à l’angle des rues de Tournon et Vaugirard,
Renan 11 rue Férou,
Beaumarchais 26 rue de Condé, dans l’hôtel qui accueille en 1889 les bureaux du Mercure de France,
Pascal, Rimbaud et Comte rue Monsieur-le-Prince,
Zola, au 63 de cette rue.
Autour de Saint-Raphaël, Cannes, etc. :
Marcel Pagnol, Isabelle Eberhardt, Conrad à Marseille,
Stefan Zweig à Marseille et Nice,
Gaston Leroux à Menton et Nice,
Jean Cocteau à Menton,
Gogol à Nice,
Maupassant à Antibes et Cannes,
Nabokov à Cannes,
Mann et Huxley à Sanary,
Wells à Magagnosc,
Alphonse Daudet à Nîmes et Fontvieille,
Mallarmé à Avignon,
Giono à Manosque,
Frédéric Mistral à Maillane,
Vauvenargues à Vauvenargues,
Blaise Cendrars à Aix-en-Provence,
Alexandra David-Neel à Digne,
Paul Valéry à Sète,
Colette à La Treille Muscate (Saint-Tropez),
Prévert, Bernanos à Toulon,
Edith Wharton à Hyères.
Petite bibliographie
Dossier Fitzgerald du Magazine littéraire n°341 de mars 1996.
La côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud, Eric L. Paul, Edisud, 1999.