Charles Darwin, ce géant qui a détrôné Dieu (au moins pour ce qui concerne l’origine de l’homme et des espèces) et a fini par lui ressembler physiquement - pour autant qu’on puisse se représenter Dieu…
Combien de vocations de naturalistes et de chercheurs a-t-il suscitées ? Combien de fois a t-il été mal compris, jusqu’à nos jours, entre autre autres au sujet de la thèse du "darwinisme social" qu’il n’a jamais prônée lui-même [1] ?
"Terres d’écrivains" a déjà mis ses pas dans ceux de Darwin à Édimbourg, à Cambridge et Barmouth et à Great Malvern. Le moment est venu de découvrir ses autres lieux de vie.
Charles naît en 1809 dans ce qui est maintenant la Darwin House à The Mount, dans le quartier de Frankwell à Shrewsbury, dans le Shropshire. Le père de son père Robert Darwin est le poète et homme de science Erasmus Darwin [2]. Susannah, sa mère, est une fille de Josiah Wedgwood, l’inventeur de la magnifique porcelaine du même nom. Elle décède quand Charles a 8 ans. Il avait l’habitude de se rendre avec elle à l’église unitarienne, dans High Street.
À partir de 9 ans, il est pensionnaire pendant sept années à la Shrewsbury School, sous l’autorité du Révérend Samuel Butler. Le bâtiment est aujourd’hui, dans Castle Street, la bibliothèque de la ville.
Susannah et Robert sont enterrés à Montford Church, à quelques kilomètres au Nord-Ouest de Shrewsbury.
Charles part en 1825 étudier la médecine à Edimbourg, puis la théologie en 1828 à Cambridge. Puis, entre 1831 et octobre 1836, c’est le voyage autour du monde sur le Beagle, qui va changer sa vie et nos conceptions sur l’origine des espèces.
Il s’installe à Londres en 1837, 36 Great Marlborough Street, restant toujours en lien avec ses professeurs et amis à Cambridge. Il croise souvent dans la propriété des Wedgwood à Maer Hall, près de Shrewsbury, sa cousine Emma, qu’il épouse en janvier 1839. Les jeunes mariés emménagent à Londres, 12 Upper Gower Street (devenue le 110 Gower Street, la maison a souffert des bombardements de 1941 ; aujourd’hui, une plaque apposée sur le mur du Biological Sciences Building du University College en marque l’emplacement) [3].
Pour prendre un peu de distance avec Londres et les controverses scientifiques dans lesquelles Darwin commence à plonger, la famille s’installe en 1842 dans la propriété de Down House dans le Kent (où il décédera en 1882).
À la fin des années 1840, il fait des séjours dans la station thermale de Great Malvern pour soigner ses crises de fatigue, puis à l’établissement hydropatique de Moor Park à Farnham dans le Surrey dans les années 1850 - où Jonathan Swift a vécu un siècle et demi plus tôt -, puis à Wells House, sur Wells Road à Ilkley, puis à Sudbrook Park.
La vie n’épargne pas Darwin, entre ces souffrances physiques d’origine inconnue, la perte de proches y compris de sa fille Anne, et les tensions vives, des années 1840 jusqu’à sa mort, liées à ses recherches scientifiques.
La famille Darwin séjourne 13 Sea Houses à Eastbourne en juillet 1853 et 15 Marine Parade en octobre 1860.
Ils sont sur l’Isle de Wight l’été 1858, en pleine écriture de Sur l’origine des espèces, d’abord à Sandown au King’s Head Hotel (qui se trouvait près du Ocean Hotel), puis à Norfolk House à Shanklin (qui est sans doute aujourd’hui le Waterfront Inn).
[1] Cette doctrine prétend que la libre compétition est l’état normal de la nature humaine et elle sert parfois à revendiquer une liberté économique totale. Mais elle n’est pas celle de Darwin qui a expliqué justement le contraire. Les principes darwiniens de la sélection naturelle par les plus forts s’appliquent à la nature et aux animaux. Darwin attribue en revanche à l’homme des qualités propres, en plus de la force et de l’intelligence : des instincts sociaux qui le conduisent à ne pas abandonner les plus en difficulté et à créer des règles pour les protéger.
[2] Dont on peut visiter la maison à Lichfield.
[3] Une sympathique visite du Londres de Darwin est proposée ici en anglais.