Ceux de la Lost Generation, dans le far west… parisien

Ecrire à Paris : un rêve américain
Le lundi 21 février 2005.
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L’église Saint-Honoré d’Eylau, 9 place Victor-Hugo. Hemingway et Pauline Pfeiffer s’y marient en 1927.

Anyway, I continued, at the end of that summer I was leaving for Paris to go write the great American novel.
The Poet. Michael Connelly.

Encore aujourd’hui, témoin ces deux lignes au détour d’une page d’un best-seller de Michael Connelly, Paris signifie gloire et richesse pour l’écrivain américain débutant.

La balade qui suit vous propose de mettre vos pas dans ceux de quelques américains et d’un irlandais à Paris au milieu des années vingt et des années trente. Le parcours s’éloigne pour une fois des lieux sacrés que sont Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés, pour parcourir l’Ouest de la capitale. Un quartier qui, de la rue de Washington à la rue Franklin en passant par la place des Etats-Unis, rend bien honneur au Nouveau continent.

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L’hôtel Powers.

Paris aurait donc tranformé en "écrivains" tous ceux qui s’y sont installés en espérant le devenir ? Attendez un peu. Vous allez être déçu.

La période faste de la Lost Generation couvre les années 1920.
Le dollar est fort, la Prohibition ne touche pas le Vieux continent. Paris sert alors pour Hemingway et d’autres américains de base pour des excursions journalistico-touristiques en Europe : Espagne, Italie [1]…

Après 1929, Paris cesse d’être le port d’attache d’Hemingway et de beaucoup d’autres, à l’exception notable de Henry Miller. La crise mondiale arrive des Etats-Unis en Europe et coupe les vivres aux expatriés.

L’épilogue de Au Rendez-vous des génies de Humphrey Carpenter explique que la littérature américaine des années trente et quarante a moins bénéficié du retour en terre américaine de la Génération perdue, que de l’arrivée d’exilés politiques européens dont le nombre irait croissant avec la montée du fascisme et du nazisme : Nabokov, Saul Bellow, J. D. Salinger… La Génération perdue a vécu à Paris et seulement à Paris. La figure symbolique du retour de la Génération perdue en Amérique n’est pas Hemingway quittant Paris pour une vie de grand aisance en Floride, mais Harold Stearns, sans le sou et déchu, passager titubant de troisième classe sur le bateau de retour. Il s’avéra qu’après tout, les génies pour la plupart n’étaient pas des génies. Cependant ils avaient été des génies dans leurs relations ensemble, leurs beuveries ensemble leurs coucheries ensemble et leurs disputes, et c’était quelque chose qui valait la peine qu’on s’en souvienne. La plupart d’entre eux ne pouvaient s’empêcher de s’en souvenir [2].

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14 rue de Tilsitt

En 1931, la famille Joyce demeure à l’hôtel Powers, qui existe encore 52 rue François 1er. Elle s’installe ensuite à l’hôtel La Résidence, 4 avenue Pierre-1er-de-Serbie. Depuis 1922 et Ulysse, l’écrivain est reconnu sinon connu. Il se trouve au milieu de ses dix-sept années de conception de Finnegans Wake, dont des extraits ont commencé à paraître dans la revue transition basée à Paris. Dans le Paris antifasciste des années trente, Joyce reste neutre, accaparé par l’écriture, une cécité grandissante et des difficultés familiales qui s’accroissent à partir de 1932 avec la maladie de sa fille.

Les Fitzgerald vivent entre le printemps 1925 et mars 1926 dans un 5e sur cour du 14 rue de Tilsitt. Scott vient de publier Gatsby le magnifique et est célèbre, mais pas riche pour autant, car son éditeur a davantage dépensé pour la parution de l’ouvrage qu’il n’a fait de bénéfices. Peu après sa rencontre avec Hemingway au Dingo bar, celui-ci vient déjeuner ici en avril 1925 :

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L’immeuble des Murphy, 2 rue Greuze.

Scott Fitzgerald nous avait invités avec sa femme et sa petite fille dans l’appartement meublé qu’ils avaient loué, 14 rue de Tilsitt. […] Scott se conduisait comme doit le faire un hôte cordial, et Zelda sourit joyeusement avec les yeux et la bouche à la fois, quand elle le vit boire du vin. J’appris à très bien connaître ce sourire. Il signifiait qu’elle savait que Scott ne pourrait pas écrire. Zelda était jalouse du travail de Scott, et quand il nous arriva de les mieux connaître, ce fut un fait acquis [3].

Zelda et Francis Scott Fitzgerald emménagent 10 rue Pergolèse à l’automne 1929. Scott travaille sur Tendre est la nuit entre deux soûleries. La santé mentale de Zelda commence à défaillir.

L’église de Saint-Honoré d’Eylau, 9 place Victor-Hugo, voit le mariage d’Ernest Hemingway et Pauline Pfeiffer en 1927.

En novembre 1932, après des vacances à Nice, James Joyce installe sa petite famille 42 rue Galilée.

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La plaque en l’honneur de l’American Field Service, 21 rue Raynouard.

Edith Wharton est avec Gertrude Stein, Natalie Barney et quelques autres la pionnière des auteurs américains à venir s’installer à Paris dès les premières années du XXe siècle. Son adresse est le 3 place des États-Unis (plaque).

Sara et Gerald Murphy demeurent 2 rue Greuze dans les années vingt. Ici comme dans leur maison sur la Côte d’azur, ils invitent souvent les Fitzgerald (qui les transpose dans les Divers dans Tendre est la nuit), les Hemingway, Dos Passos, etc.

Les Fitzgerald habitent sans doute quelques jours 4 rue Herran (aujourd’hui voie privée difficile d’accès) en mai 1930.

Au 21 rue Raynouard siège dans les années 1910 l’American Field Service (plaque). C’est un équivalent de la Croix-rouge qui emploie pendant la Grande guerre des volontaires américains comme ambulanciers, tels Dos Passos, Cummings, Cowley, Louis Bromfield (Hemingway va au front sous le drapeau de la Croix-rouge).

Au printemps 1939, les Joyce habitent le bel immeuble du 34 rue des Vignes.

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La pionnière : Edith Wharthon, 3 place des Etats-Unis.

Petite bibliographie
Walks in Hemingway’s Paris : a Guide to Paris for the literary traveler, Noel Riley Fitch.

[1] Les Hemingway fréquentent les gares à tel point qu’Hadley égare un jour à la gare de Lyon plusieurs manuscrits d’Ernest.

[2] Humphrey Carpenter, Au Rendez-vous des génies, Editions Aubier.

[3] Paris est une fête, Folio Gallimard.



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