Bernard Clavel était venu depuis quelques années se fixer à La Courbatière, un hameau du petit village de Courmangoux "entre Bresse et Revermont", sur les premières pentes du Jura, ouvert sur la Bresse jusqu’au val de Saône, ouvert sur Bourg-en-Bresse et La Dombes jusqu’à Lyon, à la porte de la Franche-Comté et de Lons-le-Saunier, son pays natal.
C’est justement cette ouverture sur l’extérieur qui lui avait plu, comme le rappelait son épouse Josette Pratte lors de l’inauguration, le 25 avril 2009, de la bibliothèque Bernard Clavel à la mairie de Courmangoux. Une parfaite unité de vue avec cet homme qui défendait des valeurs auxquelles tous les Curtimengiens sont attachés, et dont les thèmes se déclinent dans bon nombre de ses ouvrages :
La sauvegarde de la nature et de l’environnement pour sauver l’homme et son cadre de vie, qu’on retrouve dans des romans tels que Cargo pour l’enfer, Pirates du Rhône ou Le Carcajou ;
La lutte contre toute les formes de violence, contre la guerre, qu’il a largement développée dans des romans comme Le silence des armes, Le massacre des innocents ou Les grands malheurs.
Inlassablement, il a fustigé
"Le massacre des innocents", plaidé
Pour la paix et "Le silence des armes"
Que les mères ne versent plus de larmes.
Inlassablement, il a dénoncé
Ce qui saccage, qui abîme l’homme,
Le salit, "Un cargo pour l’enfer", comme
"Le Carcajou" chassé de ses contrées.
C’est dans le calme de sa maison de La Courbatière qu’ont mûri ses derniers romans, lui qui avait l’habitude de les dater, précise par exemple à la fin de La table du roi : "La Courbatière, septembre 2002". Dans son roman Les Grands malheurs, qu’il termine dans sa maison de La Courbatière en 2003, ses héros les Roissard rappellent le nom de Roissiat, autre hameau de Courmangoux, d’où l’on peut distinguer le haut du parc de sa maison au pied de la colline du Chevalet. Les Roissard, cette famille de vignerons installés dans le Revermont jurassien, fait écho à Courmangoux qui a longtemps vécu de la vigne. Dans la préface, Bernard Clavel rappelle son arrivée dans la commune : « Aujourd’hui, l’avant-printemps sème les premières fleurs sur le Revermont où nous sommes venus nous fixer. »
Bernard Clavel a choisi ce village où l’on extrait la pierre de sa carrière, le village de la pierre ancrée dans sa mémoire, où il est écrit qu’ici " les pierres ont de la mémoire ", lui l’auteur de nombreux contes et légendes [1] qui a écrit un livre, Terres de mémoire [2], où il évoque à travers ses souvenirs, les lieux qui lui sont chers et qu’il faut préserver.
Courmangoux est ainsi la commune des sites de mémoire : celui du devoir de mémoire de la déportation et de l’incendie de Roissiat par les Allemands [3], celui du "sentier Mémoire de pierre" qu’on gravit en revivant l’histoire de la commune et plus récemment la bibliothèque Bernard Clavel installée dans les locaux de la mairie.
Autres fiches à consulter sur ce site :
Sur les pas de Bernard Clavel à Dôle,
Sur les pas de Bernard Clavel à Château-Chalon (près de Lons-le-Saunier),
Sur les pas de Roger Vailland à Chavannes-sur-Reyssouze et Meillonnas.
Références bibliographiques :
Lettres à un képi blanc, pour comprendre son engagement non-violent,
Bernard Clavel, qui êtes-vous ?, pour approcher l’homme,
Bernard Clavel, biographie écrite par l’écrivain Michel Ragon.
Voir aussi les sites suivants :
Site officiel : http://www.bernard-clavel.com/
Site personnel : http://clavelb.free.fr/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Clavel
Christian BROUSSAS
[1] Voir en particulier Contes espagnols et Contes et légendes du bordelais (1997).
[2] Terres de mémoire (Le Jura), éditions JP Delarge en 1981 et « J’ai lu » en 1999.
[3] Salavre, Verjon, Chevignat, Roissiat…, Jérôme Dupasquier, Juillet rouge en Revermont, éditions Musnier-Gilbert, 2004.