Donatien Alphonse François de SADE

Paris, Lacoste, Arcueil, Saint-Maurice
Le vendredi 29 août 2003.

Le marquis se retrouve presque aussi opposant à la Révolution qu’il l’a été à la royauté, tant ses principes politiques, qu’il expose dans La philosophie dans le boudoir en 1795, prônent l’effervescence permanente (et surtout dans le domaine des mœurs…), à ses yeux seule capable de garantir la révolution permanente que doit être la République. Un programme difficile à mettre en œuvre, autant par les révolutionnaires de 1789 que par l’Ancien régime.

Maintenu en prison ou à l’asile pendant un bon tiers des soixante quatorze années qu’il vit sous Louis XIV, sous la Révolution et sous l’Empire, il a le temps d’écrire. C’est d’ailleurs dans sa cellule à Vincennes qu’il commence en 1780. Son créneau : montrer la nature humaine dans ce qui fait pour lui son essence, c’est-à-dire le dérèglement, le délire et l’outrance. Objectif atteint, si l’on considère que le terme "sadisme" fait son entrée dans les dictionnaires en 1834.
De Rousseau et de son bon sauvage, le marquis n’a retenu que le dernier terme.

  Il voit le jour le 2 juin 1740 dans l’hôtel de Condé, situé entre le 9 et le 15 rue de Condé et dont l’entrée se trouvait en face du n°20 (en fait, l’hôtel habité par les Condé de 1610 jusqu’à Louis XVI occupait le terrain entre les rues de Vaugirard, Monsieur-le-Prince, de Condé et le carrefour de l’Odéon).
Sa mère, comtesse de Sade, est dame d’honneur de la princesse de Condé.
  Il étudie plus tard au collège Louis-le-Grand, puis intègre les armées du roi et participe à la guerre de Sept ans.
Pour tenter de calmer son comportement déjà bien dissipé, sa famille lui fait épouser Renée de Montreuil en 1763. Fin 63, première condamnation pour "débauche outrée" et premier séjour de deux semaines à l’ombre du château de Vincennes, suivi d’une assignation à résidence dans le château de sa belle famille à Echauffour en Normandie
  Puis viennent des liaisons pas très discrètes avec des actrices. La marquis aime faire la fête dans son château de Lacoste, en Provence. En 1768, retour en cellule pour sept mois (à Saumur et à Pierre-Encise, près de Lyon), suite à un scandale dans une maison à Arcueil qu’il loue depuis 1766 (aujourd’hui disparue, elle se trouvait 11 rue de La Fontaine). Et, rebelotte, assignation à résidence au château de Lacoste. Sa mauvaise réputation grandissante met fin à sa carrière militaire en 1770.
  En 1772, condamné à mort par contumace (condamnation cassée en 1778) après divers sévices infligés à des prostituées à Marseille, il s’échappe en Italie.
  1775 : autre scandale dans le château de Lacoste. Sa belle famille étouffe l’affaire, mais parvient à le faire enfermer à Vincennes de 1778 à 1784, puis à la Bastille de 1784 à 1789.
  Dans la nuit du 3 au 4 juillet, parce qu’il harangue trop les passants depuis la fenêtre de sa cellule, il est transféré à l’asile de Charenton (aujourd’hui hôpital Esquirol à Saint-Maurice), d’où la Révolution le libère neuf mois plus tard.
  Il échoue 5 rue du Bouloi en avril 1790, puis 20 rue des Mathurins (ex-rue Neuve-des-Mathurins) à partir de novembre 1790, et entame une vie commune avec Constance Quesnet, une jeune comédienne à qui il restera attaché jusqu’à sa mort en 1814.
  En décembre 1793, il est à nouveau emprisonné (aux Madelonnettes, aux Carmes, à Saint-Lazare - située au niveau du 107 rue du Faubourg Saint-Denis - occupé aujourd’hui par le square Alban Satragne - puis à Picpus) pour tiédeur politique, jusqu’à la chute de Robespierre en octobre 94.
  En 1801, la troisième version de sa Justine lui vaut un dernier internement, d’abord à Sainte-Pélagie (située jusqu’en 1895 entre les rues Quatrefages, Larrey et du Puits-de-l’Ermite) puis à Bicêtre et, deux ans plus tard à Charenton où il demeure jusqu’à sa mort en 1814. Là encore, sa famille prend soin qu’il ne soit pas libéré, en continuant de payer la pension de la maison de santé. Le directeur de celle-ci, aux idées avancées, crée un théâtre au sein de son asile et en confie la responsabilité à Sade.

À partir de 1815 et de la Restauration, les œuvres du marquis, interdites, rentrent dans une grande clandestinité dont elles ne sortiront que dans les années 1960.

Petite bibliographie
Magazine littéraire n°284, janvier 1991.



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