Paul VIMEREU

dans la Somme, à Paris et Saint-Servan
Le mercredi 7 juillet 2004.
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L’école de Lanchères.

1921. Un roman manque le prix Goncourt d’une voix, ce qui n’est pas forcément une mauvaise manière d’atteindre à une renommée aussi grande que le lauréat (c’est René Maran qui l’obtient cette année-là pour Batouala…). Ce roman est Le Rire du vilain, premier livre de Paul Vimereu, un médecin dont l’âme est picarde et le coeur breton.

- Paul Boulongne est né en 1881 à Misery, près de Péronne dans la Somme. Son père est instituteur.
- La famille s’installe en 1886 à Lanchères, près de Saint-Valéry-sur-Somme. Paul fait là ses études primaires entre six et douze ans, dans l’école de son père qui existe encore aujourd’hui.
- Entre 1893 et 1900, il est interne au Collège de Saint-Pol-sur-Ternoise. Un de ses professeurs est le poète Léon Deubel.
- Le voilà étudiant en médecine parisien entre 1900 et 1909, à l’Hôpital Saint-Joseph, puis médecin parisien entre 1909 et 1914, rue Gay-Lussac. Il en profite pour écrire des nouvelles, sous le pseudonyme de Paul Vimereu, et pour fréquenter Hérédia, Louis Pergaud qui devient son ami, Francis Carco, etc.
- Il est médecin pendant les campagnes de la Marne, de la Somme, de Verdun [1].
- De repos en Bretagne après la guerre, il rencontre sa future femme et s’installe en 1919 dans la Villa Florida, située alors 12 rue Jacques-Cartier [2], et aujourd’hui à l’emplacement de la Résidence Vimereu rue Bougainville à Saint-Servan près de Saint-Malo.
En 1927 paraît Chutt le Hutteux qui enthousiasme entre autres Maurice Genevoix. Entrer dans ce livre, c’est se préparer pour quelques nuits dans une "hutte" en baie de Somme, et plus précisément dans le Vimeu - c’est-à-dire entre l’embouchure de la Bresle et celle de la Canche - et le Marquenterre, et exposer ses oreilles au vocabulaire du patois picard. Vimereu, dans son respect de la langue et de ses amis, n’a en effet pas francisé les expressions des vrais personnages de son roman. Chutt est en réalité Alcide Rebier, serrurier, grand chasseur et, bien sûr, d’esprit libre et indépendant. Il tire son surnom de sa démarche silencieuse.
On peut aujourd’hui voir la tombe d’Alcide à Lanchères, et son fusil dans la belle Maison de l’Oiseau, à quelques minutes de là. Comme quoi chasse et sauvegarde de la nature peuvent parfois se rejoindre.
La hutte est cet abri en bord de mare qu’on appelle gabion en bord de mer, dans lequel on s’installe pour la nuit afin de surprendre les oiseaux à l’aube ou au crépuscule. Le pays des Bas-Champs entre Cayeux et Lanchères est un lieu de passage des oiseaux lorsqu’ils descendent vers la chaleur du Sud ou remontent vers la fraîcheur du Nord. Chutt le Hutteux est une ode légère et vivante aux marais, dont les couleurs changent avec l’heure du jour ou la saison, et à ceux qui les peuplent, hommes et animaux.
Entre 1920 et 1950, Vimereu est l’auteur d’une dizaine de romans de terroir (à l’inspiration picarde et bretonne) et d’aventures, écrits entre deux visites à des patients ou sur les plages bretonnes.
- Pendant la seconde guerre mondiale, il assure les fonctions de médecin-chef à l’hôpital Saint-Charles à St-Brieuc.
- Il décède en 1962.

Sources :
Chutt le Hutteux, Paul Vimereu, Cobra Editeur,
http://www.paul-vimereu.com,
Balade dans la Somme, Editions Alexandrines.

[1] L’Historial de la Grande Guerre à Péronne présente certains objets qui lui ont appartenu.

[2] Le cabinet médical, situé au rez-de-chaussée, donnait sur la rue Dreux.



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