Après son départ de Russie et un séjour en Allemagne, Maxime Gorki (de son vrai nom Alekseï Maksimovitch Pechkov) et ses proches s’installèrent à Sorrente en 1924 dans une grande villa avec un magnifique jardin planté de palmiers, d’agaves, d’orangers et de citronniers mais d’un confort modeste et d’un loyer trop élevé pour ses finances.
Cherchant une nouvelle résidence, ils visitèrent la villa du duc Serra di Capriola à Capo di Sorrento à l’ouest de la ville de Sorrente, bien située sur un promontoire avec une belle vue sur la baie de Naples.
Ils finirent par louer la villa "Il Sorito" où les amis que Gorki avait encore d’un précédent séjour en Italie à Capri [1] pouvaient facilement venir le voir. Gorki, appréciant beaucoup la douceur de vivre italienne, se promenait souvent dans les environs avec fox-terrier. Il étudiait et travaillait mais sa situation financière devint peu à peu préoccupante, autant que son fils Maxime et sa femme Timocha vivaient à ses crochets.
Baisse de ses droits d’auteur, interdiction de sa revue Besseda, tout concourrait à le mettre durablement dans l’embarras et il lui fallut songer à vendre sa collection de figurines en jade. Les séances de travail étaient entrecoupées d’excursions à la belle saison et de nombreuses balades en canot dans la baie de Naples. Début septembre, sa belle-fille Timocha accoucha et Gorki fut grand-père d’une petite fille prénommée Marthe. [2]
Après une perquisition malvenue de la police de Mussolini qui mit Gorki dans tous ses états, le groupe déménagea dans le village de Posillino à l’ouest de la baie de Naples, dans la villa "Galotti" où ils restèrent jusqu’en mai 1926. C’est là que Gorki commença sa suite romanesque La vie de Klim Samguine. A partir du printemps 1928, Gorki fit chaque année un voyage en Russie avant son retour définitif en 1933. Il voulait renouer avec son pays et savoir si sa santé lui permettrait de vivre à Moscou ou au moins en Crimée. Il connaît aussi la situation précaire d’un exilé –l’épisode de la perquisition est assez éclairante- sait qu’il n’a guère le choix et que seul son retour pourrait lui permettre de réaliser cette idée qui lui trotte dans la tête depuis longtemps, depuis 1905, mettre en place et organiser "la culture pour tous".
Christian Broussas (christian.broussas at Orange .fr)
Voir aussi
Maxime GORKI à Petrograd en 1919-1921
Ivan Tourgueniev, Fedor Raskolnikov
Saint-Pétersbourg et ses écrivains, Le Palais de Pavlovsk, Le Parc de Pavlovsk
Les écrivains de l’époque soviétique
[1] De 1906 à 1913, Gorki vécut à Capri pour des raisons de santé, il avait beaucoup de difficultés d’ordre pulmonaire, mais aussi pour mettre du champ avec la répression qui s’exerçait en Russie
[2] Marié depuis 1896, Gorki a deux enfants, un fils Maxime né en 1897 et une fille Katioucha née vers 1900