Par Bernard Vassor, auteur du blog http://bernardvassor.canalblog.com.
Le roman « Les Mystères de Paris » parut en feuilleton dans le « Journal des Débats » du 19 juin 1842 au 15 octobre 1843. Ce fut un succès sans précédent, ce qui provoqua la jalousie de ses confères et « amis », dont Balzac qui ne manqua pas de le dénigrer ouvertement.
La rue aux Fèves est située dans l’île de la Cité. Elle commençait rue de la Vieille-Draperie, numéros 5 et 7, et finissait rue de la Calande, n°14 et 16. Sa longueur était de 93 mètres.
C’est en 1260 que Saint-Louis céda ce terrain pour 30 sols de cens. Cette ruelle était habitée par des marchands de drap que l’on nommait des fèbvres, d’où la dénomination de rue aux Fèves. Le ministre Chaptal a fixé la largeur de cette voie à 8 mètres le 13 brumaire an X.
Le début des Mystères de Paris, à travers le parcours de « Rodolphe », donne un aperçu des lieux et de l’ambiance de ce quartier :
« (Rodolphe) traversa le pont au change et s’enfonça dans la Cité, dédale de rues obscures, étroites et tortueuses, qui s’étend depuis le Palais de justice jusqu’à Notre Dame.
Quoique très circonscrit et très surveillé, ce quartier sort pourtant d’asile et de rendez-vous à un grand nombre de malfaiteurs de Paris qui se réfugient dans les tapis-francs.
(…) Les maisons couleur de boue, percées de quelques rares fenêtres aux châssis vermoulus se touchaient presque par le faite tant les rue étaient étroites »
Comme nous pouvons le voir sur la gravure, l’enseigne est située au milieu de la rue aux Fèves. La taverne est au rez-de-chaussée d’une haute maison dont la façade se compose de deux fenêtres à guillotine.
Au dessus de la porte, une lanterne dont la vitre fêlée porte ces mots : « ici on loge la nuit ».
Si vous voulez connaître Fleur de Marie, le Chourineur, Bras rouge qui tenait une boutique où l’on vendait de tout au numéro 13, le maître d’école, la goualeuse, vous pouvez vous plonger avec délice dans ce feuilleton haletant. (Les gens attendaient la fin de l’épisode pour mourir, disait Alexandre Dumas, le fidèle ami d’Eugène Sue).
et, comme on dit dans le "Journal des Débats", A SUIVRE…
Sources :
Le bulletin des Amis du Roman populaire N° 28/29,
« Le Rocambole » automne hiver 2004
Daniel Compère , Jean-Pierre Galvan, Laurence Kany, Odile Krakovitch, Mathieu Letourneux,
Noëlle Benhamou, Claude Aziza, Chantal Chemla, qui ont participé à la célébration du bicentenaire à Paris III Sorbonne nouvelle le 25 février 2004 et à la manifestation que j’avais organisé avec Nadia Prete à la mairie du IX° arrondissement.
Archives de Paris.
http://mletourneux.free.fr/
Bonjour Je m’intéresse de près aux Mystères de Paris que je suis en train de monter en pièce "radiophonique" et j’ai lu avec intérêt votre article sur le lapin blanc et la rue aux Fèves. Cependant en recherchat l’éthymologie de fèbvre je trouve non pas drapier mais forgeron.
Qu’en est-il exactement ? JL
Bonjour
Voici ce qu’en disent les "Curiosités du Vieux Paris" (P.L. Jacob - 1858) :
"La rue aux Fèves, voisine de la maison de saint Marcel, a tiré ce nom (vicus fabarum) du marché qui s’y tenait, attribué aux légumes et surtout aux fèves, que les cénobites avaient mises en honneur. Les jeûnes, alors presque hebdomadaires, firent adopter par le peuple cet aliment peu coûteux, lourd et nourrissant ; on criait dans les rues : Poids chauds pilés et fèves chaudes. Plus tard, une halle au blé, établie en cette même rue et appartenant au Chapitre de Notre-Dame, métamorphosa fèves en feurre, qui signifie paille ; mais le nom véritable et primitif de la rue n’en est pas moins febvres (via ad fabros), parce que les forgerons au quatrième siècle, et les orfèvres au huitième, avaient là leurs forges et leurs ateliers ; on y voyait jadis la maison de saint Eloi."
(D’après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)
Poivard le propriétaire "des Pieds Humides" s’associa avec Moras qui était le patron du Lapin Blanc
Mille excuses,
Nouvelle rectification :
C’est le prénom MATTHIEU QUI PREND DEUX T !!