Jean Baptiste Clément suite…

Autour des moulins et des guinguettes
Le jeudi 8 décembre 2005.
La vie de l’auteur du Temps des Cerises débute dans un moulin, ses derniers jours, si l’on peut dire à l’ombre du moulin de la Galette à Montmartre (dernier domicile 110 rue Lepic).

Jean Baptiste Clément… suite

Par Bernard Vassor

Autour des moulins et des guinguettes

Né le 31 mai 1836 sur un moulin-bateau amarré au pont de Boulogne-sur-Seine.

Origine de la famille : en 1808, le moulin de Montfermeil appartenant à un hobereau local, a pour locataire un certain Jean-Baptiste Clément, natif de Nanterre.
1813 Changement de propriétaire, monsieur Martin loue à André Vincent Clément le 28 août, son fils Pierre-André lui succède et les Clément s’installent à Montfermeil, et font souche avec les familles du pays, Douet et Patoux.

La grand-mère maternelle du petit J.B. possédait un moulin à Saint-Denis dans l’île du Châtelier, une des petites îles, avec l’île des ravageurs près du pont de Saint-Ouen (aujourd’hui l’Ile Saint-Denis). Elle était la propriété de la famille Clément qui avait également acheté le pré voisin au lieu-dit «  La Bellangère ».

Depuis des siècles, dans certaines régions de France, le droit coutumier, accordait aux meuniers le privilège de posséder une vigne et de vendre le vin et des produits du moulin. C’est là l’origine des « moulins de la galette » et des guinguettes qui vont se multiplier tout autour des moulins.

Délaissé par sa mère qui ne l’aime pas (il est trop laid !), il passera le plus clair de sa petite enfance chez sa grand-mère Charlotte Compoint (les Compoint étaient de riches propriétaires terriens, il possédaient d’immenses champs allant de Saint-Denis jusqu’au coteaux de la butte Montmartre. Un de ses oncles sera maire de Saint-Ouen, et la Commune de Montmartre a donné trois fois son nom à un Compoint.)

Placé dans un pensionnat rue Buffault dans le 9ème où il restera plusieurs années. Apprenti repousseur sur cuivre, il ne restera pas très longtemps, préférant la fréquentation des cabarets et des guinguettes. Il fera plusieurs métiers, sera trimardeur, manœuvre à la construction de l’aqueduc de Nogent-sur-Marne, parcourant la vallée de l’Aulnoy de ferme en ferme, on le rencontrera sur des chantiers à Montargis, Ormesson et Juvisy sur Orge. Son père le prend un temps avec lui à son moulin de Monfermeil (le Moulin de la Galette [1]) mais Jean Baptiste ne veut pas être meunier, de plus il ne supporte pas la nouvelle femme de son père qui vient de se remarier ! Son premier poème sera pour sa tante Louise, chez qui il trouvera toujours refuge dans ses moments d’extrêmes difficultés.
C’est après le mariage de celle-ci avec Louis-Philippe Poulin, artiste dramatique habitué de la guinguette du « Moulin de Cage » de la grand-mère Charlotte, qu’un ami de Louis-Philippe, Max Revel, homme de lettres, lui donnera ses premières leçons de versification. Avec la dot de Louise, l’oncle Louis gère à Colombe sur « l’île Marante » un moulin de la galette. Jean Baptiste en sera un pilier.

En 1863, il publie plusieurs chansons, dont : « Au Moulin de Bagnolet » Ce moulin était également la propriété d’un de ses oncles côté Compoint.

Il fait paraître une nouvelle en 1865 : « Le Moulin des larmes ».

Le Temps des Cerises 1866-1867

L’histoire de cette chanson, qui n’a jamais été un hymne révolutionnaire comme beaucoup veulent le faire croire, ce sont les vergers de Montmartre qui l’ont inspirée.
Après avoir publié un pamphlet contre Napoléon III, intitulé 89, il s’enfuit à Bruxelles pour éviter la prison.
Vivant dans la misère totale, souffrant de faim et de froid, l’histoire raconte qu’il échangea sa chanson « le Temps des Cerises » au chanteur d’Opéra Alfred Renard, contre un Mac-farlane qui lui permit de ne pas mourir de froid.

L’édition originale est éditée chez Egrot, 25 boulevard de Strasbourg dans le X°.
C’est le portrait de Renard [2] qui figure avec son nom en grosses lettres, le nom de Clément est BEAUCOUP plus petit.
Elle sera dédiée à Anatole Lionnet, chanteur célèbre à l’époque pour ses interprétations de Nadaud et Pierre Dupont. Les éditions suivantes en 1873 et 1876. En pleine répression versaillaise, il est impossible de penser que les censeurs auraient pu laisser passer un hymne quelconque à la Commune. C’est seulement après l’amnistie en 1885, à l’occasion d’une édition collective de ses œuvres, que Jean Baptiste donnera sa fameuse dédicace à « Louise l’ambulancière » donnant depuis à interprétation le sens des paroles d’une modeste chanson d’amour.

Ouvrages consultés pour l’histoire des Moulins :
Alfed Fierro 300 moulins à Paris ed Parigramme 1999,
Jean-Claude Gaillard (vice-président de l’association de la sauvegarde du moulin de Monfermeil)Les Moulins d’Aulnoy et d’alentour.

[1] Qui existe encore aujourd’hui. Il a été déplacé en raison d’affaissement de terrain. Avec un peu de chance, vous pouvez le visiter en prenant rendez-vous avec le meunier, qui ne vous parlera pas de Clément ( c’est encore aujourd’hui pour certains, la honte du village) mais véritable passionné de l’histoire des moulins vous apprendra mille choses.

[2] Aujourd’hui, qui connait le nom de Renard ? Au cours de mes recherches, je suis tombé sur un document le concernant qui me laisse perplexe…



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