Inséré dans un magnifique hôtel particulier et fidèlement reconstitué, le Musée-appartement de Pouchkine (12 Moïka, Saint-Pétersbourg, Métro Kropotkinskaïa) est la dernière demeure du poète. La ville lui rend chaque année un hommage prestigieux le 10 février, célébrant « la Journée de mémoire de Pouchkine ». Les Russes le considèrent souvent comme leur plus grand écrivain, devançant même dans leur esprit le grand Tolstoï.
Au cœur de la ville de Saint-Pétersbourg [1], au bord de la rivière Moïka, son musée-appartement donne une bonne idée de ce qu’était la vie quotidienne de l’aristocratie russe du milieu du XIXème siècle dans la capitale de l’empire. Le musée met l’accent sur l’histoire des deux derniers mois de sa vie quotidienne et de sa mort tragique qui a véritablement endeuillé tout le peuple russe.
Il vécut dans cet appartement avec sa famille de 1836 jusqu’à sa mort en 1837, des suites d’un duel avec Georges d’Anthès, officier français accusé par Pouchkine d’avoir courtisé sa femme Natalie Gontcharova. La création du musée fut aussitôt décrétée et ses effets personnels, des objets de sa famille permettent de reconstituer son cadre de vie.
Beaucoup d’objets de sa vie quotidienne sont exposés, ainsi que des gravures, des copies de manuscrits, son écritoire, le portrait de ses enfants ou la lettre qu’il écrivit en français et qui fut à l’origine du duel qui lui coûta la vie. [2] Son ami, le poète Lermontov, écrivit alors La Mort du poète. On peut visiter la salle à manger, le salon en acajou, le petit boudoir et surtout son cabinet de travail avec sa splendide bibliothèque et nombres d’ouvrages dont certains en français. [3]
Alexandre Pouchkine fait ses études au Lycée noble de Tsarskoé Sélo [4] dans la banlieue de Saint-Petersbourg. Il suit avec passion l’épopée napoléonienne et partage avec ses condisciples l’exaltation patriotique de 1812, les thèmes de liberté et d’égalité qui en sont le prolongement et s’initie très tôt à la pratique de la poésie. Il mène alors quelque temps l’existence d’un jeune dandy de la capitale et se rapproche peu à peu des cercles dirigés par de jeunes intellectuels, dont beaucoup seront des décembristes, des contestataires de l’ordre tsariste qui réclament de profondes réformes. Le ton assez vigoureux et libéral de ses premières productions lui valent l’hostilité du pouvoir qui va décider d’abord de l’exiler dans le sud du pays, c’est-à-dire très loin de Saint-Petersbourg, de 1820 à 1824, puis le placera en résidence forcée dans le domaine familial de Mikhaïlovskoé.
La ville de Saint-Petersbourg est présente à de nombreuses reprises dans son œuvre. Il écrit par exemple, évoquant le fleuve qui la traverse : « La Néva s’est habillée de granit. » Le plus connu de ses poèmes est sans doute celui intitulé Le Cavalier de bronze publié en 1833. Il y fait allusion à la statue équestre de Pierre le Grand érigée sur la place des Décembristes et inaugurée en 1782 par Catherine II dans le but de rendre hommage au tsar qui avait décidé la création de la ville dans un site marécageux et désert. C’est un sculpteur français, Étienne Maurice Falconet (1716-1791), qui en est l’auteur. Pierre le Grand regarde vers la forteresse Pierre et Paul, son cheval terrassant le serpent de la trahison.
[1] Voir ma fiche Visite de Saint-Petersbourg sur le site Culture libre
[2] On peut y voir aussi le gilet et un des gants qu’il portait le jour du duel
[3] Elle contenait à l’origine plus de 4 000 ouvrages en 14 langues
[4] Voir ma fiche Le Palais de Tsarskoie Selo sur le site Culture libre