« La Chapelle d’Angillon, où depuis dix-huit ans je passe mes vacances m’apparaît comme le pays de mes rêves, le pays dont je suis banni - mais je vois la maison de mes grands-parents, comme elle était du temps de mon grand-père : odeur de placard, grincement de porte, petit mur avec des pots de fleurs, voix de paysans, toute cette vie si particulière qu’il faudrait des pages pour l’évoquer un peu. »
Lettre du 13 août 1905 d’Alain-Fournier à Jacques Rivière.
C’est à La Chapelle d’Angillon que tout commence, la réalité comme l’imaginaire, puisque Henri-Alban Fournier (devenu en littérature Alain-Fournier) y est né le 3 octobre 1886 et qu’Augustin Meaulnes, le héros de son unique roman, vient de "La Ferté d’Angillon" - alias La Chapelle d’Angillon - lorsqu’il apparaît à Sainte-Agathe -alias Épineuil-le-Fleuriel.
La maison natale se trouve 35 avenue Alain-Fournier et est signalée par une plaque. Rue Eudes de Sully est située la mairie-école où les parents Fournier vivent et enseignent de 1903 à février 1908 (leur fils est alors à Sceaux et à Paris), et qui est devenue dans le roman la maison de la mère d’Augustin Meaulnes.
Une quinzaine de kilomètres plus loin, à Nançay - le "Vieux Nançay" dans Le Grand-Meaulnes -, se trouve la maison de Florent Raimbault, l’oncle d’Alain-Fournier. Située dans la rue Meaulnes en face de l’église, elle est devenue dans le roman la maison de "L’oncle Florentin". Elle abrite aujourd’hui non pas le "magasin universel" décrit dans le livre, mais un magasin de cadeaux.
En face de l’auberge Les Meaulnes, où se tient maintenant une bijouterie, habitait alors madame Charpentier, la grand-mère paternelle d’Alain-Fournier, qui y tenait une épicerie.
Si La Chapelle-d’Angillon et Épineuil sont les premiers lieux qui aient marqué la vie et l’oeuvre d’Alain-Fournier, l’une et l’autre ont été également transformées par Paris, et en particulier par l’apparition, le 1er juin 1905 devant le Grand-Palais, d’Yvonne de Quiévrecourt.
Même si elle n’est pas, à elle seule, l’inspiratrice du Grand Meaulnes, elle accompagne sa conception qui dure de 1905 à 1913. Le 1er juin, séduit par sa beauté, il la suit jusque chez elle. Il l’aborde le 11 juin mais ils ne se reverront plus. En 1906, elle ne répond pas au désir qu’il a de la revoir. Elle se marie en 1907. Il apprend en 1909 qu’elle a deux enfants et ne la revoit qu’en 1913. Il a connu deux autres femmes, mais il est toujours amoureux d’elle. Il renonce à entretenir une simple relation d’amitié et la quitte pour toujours…
Autres demeures de l’auteur
L’auteur du Grand Meaulnes a connu en vingt-huit ans différentes adresses :
Epineuil-le-Fleuriel, entre 1891 et 1898,
Paris, où il est pensionnaire au lycée Voltaire,
Brest, où, il est lycéen en 1901, avec le souhait de devenir marin,
Bourges, où il obtient son baccalauréat en 1902 après avoir renoncé à la marine.
En 1903, il entame des études supérieures au lycée Lakanal à Sceaux pour devenir enseignant. Il y rencontre Jacques Rivière, qui épousera sa soeur Isabelle.
Il demeure ensuite à Paris - sauf en 1908 et 1909 lorsqu’il effectue son service militaire. Une de ses adresses parisiennes est 196 rue de la Roquette. En 1906, il habite 60 rue Mazarine. Cette année-là et la suivante, il échoue deux fois au concours d’entrée de l’Ecole normale. En 1908, il emménage 24 rue Dauphine. En 1910, il devient journaliste pour Paris Journal. Il habite ensuite 2 rue Cassini.
Pour visiter le lieu
On peut visiter sur demande la salle du conseil de la mairie, restée telle que décrite dans le roman.
Enfin, se trouve à 5 km l’abbaye de Lorroy, lieu d’inspiration probable du "domaine mystérieux" du roman.
Quelqu’un à contacter ?
L’AJRAF (Association des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier).
À voir aux alentours
Marguerite Audoux à Aubigny-sur-Nère et Bourges,
Eugène Sue à Souesmes et près de Beaugency,
Colette à Saint-Sauveur et Châtillon-Coligny,
et la Touraine de Balzac n’est pas loin…
Petite bibliographie
Sur les chemins du Grand Meaulnes avec Alain-Fournier, par Michel Baranger. Éditions Christian Pirot, Saint-Cyr-sur-Loire, 2004.
Bulletin de l’AJRAF (à lire en particulier le n°83-84 de 1997 sur l’influence de l’Angleterre sur la vie et l’oeuvre de l’écrivain). 107 numéros publiés depuis 1975 !
A la recherche du pays secret du Grand Meaulnes. Article d’André Coutin dans le magazine Géo n°201 -novembre 1995.
Alain-Fournier, sa vie et le Grand Meaulnes. Jean Loize, Hachette, 1968.
Alain-Fournier : ses demeures. Jacques Lacarrière. Christian Pirot éditeur, 1991.
Ayant relu ce texte de 2003, je vous propose quelques modifications : Il n’est pas exact d’écrire qu’Alain-Fournier n’approcha jamais Yvonne de Qiévrecourt : c’est oublier "notre longue conversation, notre unique conversation du dimanche matin de la Pentecote" (lettre à Yvonne de septembre 1912), de Saint-Germain-des-Prés au pont des Invalides, sans parler de la rencontre de Rochefort, dont vous parlez d’ailleurs.
Quant à l’exergue, plutôt que la phrase de Péguy qui n’a pas grand chose à voir avec La Chapelle, je vous suggère plutôt cette lettre du 13 août 1905 à Jacques Rivière : "La Chapelle d’Angillon, où depuis dix-huit ans je passe mes vacances m’apparaît comme le pays de mes rêves, le pays dont je suis banni - mais je vois la maison de mes grands-parents, comme elle était du temps de mon grand-père : odeur de placard, grincement de porte, petit mur avec des pots de fleurs, voix de paysans, toute cette vie si particulière qu’il faudrait des pages pour l’évoquer un peu." Vous pouvez ne citer que le début, bien sûr.
Pourriez-vous ajouter à la mini-bibliographie le titre de mon livre : "Sur les chemins du Grand Meaulnes avec Alain-Fournier" par Michel Baranger Christian Pirot, Saint-Cyr-sur-Loire, 2004. Les pages 19 à 54 traitent de La Chapelle d’Angillon et de Nançay.
Merci beaucoup d’avance.
La Communauté de communes des Villages de la Forêt (Nançay, Neuvy-sur-Barangeon, Saint-Laurent, Vignoux-sur-Barangeon, Vouzeron) a réalisé à Nançay un nouveau point d’accueil pour son office de tourisme intercommunal, en réaménageant l’ancien presbytère du village natal du père d’Alain-Fournier et en y donnant une place importante à l’auteur du “ Grand Meaulnes”.
Il avait même été question d’une dénomination évocatrice : le “Manoir des Sablonnières”, par exemple. Finalement, après de vives discussions entre élus locaux, on s’est contenté de la désignation un peu banale d’Espace Tourisme : elle a du moins le mérite d’être comprise par les nombreux visiteurs étrangers ! De plus le dit “Espace Tourisme” est bien situé entre l’église et le château et la décoration confiée à Christian Latour est soignée : piliers de bois, pavement de briques et de carreaux aux couleurs de la forêt voisine ; au sol, sur les murs, les piliers et les contremarches de l’escalier, de nombreuses citations d’Alain-Fournier, que la belle écriture de l’auteur eût toutefois rendu plus lisibles. La scénographie est originale et élégante, mais il faut la dénicher au grenier entre les poutres ; le jardin de curé s’ouvre largement sur la rue.
Ouvert au début de l’été, il a été inauguré, le vendredi 10 septembre, en présence de nombreux représentants de l’Etat, parlementaires et élus locaux, notamment de M. Alain Rafesthain, président du Conseil général du Cher : gage, souhaitons-le, de leur intérêt durable. Puisse donc cette accueillante maison commune devenir bientôt une nouvelle étape sur la “route du Grand Meaulnes” que nous espérons voir prochainement se frayer, du nord au sud du département, si le Conseil général du Cher se décide à soutenir le projet qu’il avait lui-même mis en avant en 2001.
Syndicat d’Initiative des Villages de la Forêt. rue du Château 18330 NANCAY. Tél : 02 48 51 03 06. Courriel : ot-villages-foret@wanadoo.fr
Le centenaire de la "Rencontre du Grand Palais"
Bien des lecteurs du Grand Meaulnes connaissent les récits de la rencontre du jeudi de l’Ascension, le 1er juin 1905, que fit Henri Fournier de celle qui allait devenir la muse du roman, sous le nom d’Yvonne de Galais. Il avait alors dix-huit ans et elle dix-neuf. Après l’avoir croisée sur les marches de l’escalier du Grand Palais, en sortant du Salon de la Nationale, il la suivit en silence jusqu’à l’embarcadère du Pont Alexandre III, prit derrière elle le bateau à roues de l’époque, l’accompagnant, sans parler davantage, jusqu’au Pont de la Tournelle et à son domicile du boulevard Saint-Germain. Le dimanche de Pentecôte suivant, il eut l’audace de l’aborder et d’avoir avec elle une « belle, étrange et mystérieuse conversation » au cours d’une promenade, entre l’église Saint-Germain-des-Prés et le Pont des Invalides.
On sait que cette double rencontre avec une jeune fille dont il devait bientôt apprendre les fiançailles, n’alla pas plus loin, mais qu’elle devait être déterminante dans la genèse de l’un des romans les plus célèbres du XXe siècle. Deux mois plus tard, à Londres, Henri Fournier écrivit à sa mémoire le poème intitulé "À travers les étés" ; plus tard, il devait raconter cette rencontre dans de nombreuses lettres, notes et brouillons, avant de transposer l’événement dans un domaine de Sologne, pour en faire le chapitre-clé du Grand Meaulnes.
C’est cet événement fondateur que l’Association des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier aimerait commémorer, cent ans après, par une brève croisière sur la Seine. Il ne s’agira pas d’une quelconque promenade en bateau-mouche pour touristes photographes, mais d’un voyage littéraire organisé en partenariat avec l’association « Lire et partir ».
Cette petite croisière littéraire devrait avoir lieu dans l’après-midi du samedi 4 juin. Renseignements et inscription :
LIRE ET PARTIR. 6, rue Raffet 75016 Paris Tél. : 01.40.50.30.95 ou 06.88.73.57.42. Courriel : patrick.maunand@wanadoo.fr
Pour information, ce communiqué de l’AJRAF (janvier 2004) :
COMMUNIQUÉ
Le président de l’Association des amis de Jacques Rivière et
d’Alain-Fournier a écrit récemment à M. Jean d’Ogny, propriétaire du
château de Béthune à La Chapelle-d’Angillon, afin de protester contre
l’utilisation abusive du nom d’Alain-Fournier pour désigner le musée
installé dans le château.
Copie de cette lettre a été adressée à MM. les présidents du Conseil
régional du Centre et du Conseil général du Cher et à M. le Maire de La
Chapelle-d’Angillon. On trouvera ci-dessous le texte de cette lettre.
Monsieur,
Au cours de la récente assemblée générale de l’Association des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, nous avons évoqué le problème que nous pose le “Musée Alain-Fournier” installé dans votre château de La Chapelle-d’Angillon. Nous ne songeons évidemment pas à contester votre droit à ouvrir à la visite l’antique demeure des princes de Boisbelle, remarquable monument historique et étape de la Route Jacques Cœur : nous vous en félicitons au contraire.
Ce que nous déplorons en revanche, en tant qu’association gardienne de la mémoire des deux écrivains, c’est le nom que vous lui avez donné, sans aucune autorisation de leur héritier, nom qui figure cependant sur un très large panneau implanté à l’entrée du château. Ce nom nous paraît usurpé. En effet, il est à peu près certain qu’Alain-Fournier n’a jamais franchi le seuil de votre château, se contentant de le regarder en arrivant de Bourges par le train ou en se promenant au bord de la Petite Sauldre. De plus ce prétendu Musée n’abrite en fait que les restes d’une petite exposition qui date de 1986 et n’avait jamais eu vocation à se transformer en musée. Les photos exposées sont de simples reproductions de cartes postales, d’illustrations du Grand Meaulnes ou d’affiches du film d’Albicocco, qui constituaient à l’époque une intéressante évocation mais n’avaient aucune réelle valeur historique, littéraire ou artistique.
Un musée véritable est constitué de collections authentiques témoignant de la vie et de l’oeuvre de l’écrivain ou de l’artiste auquel il est consacré. Tout musée a deux composantes : les documents qui y sont conservés et qui doivent être dûment authentifiés et l’animation qui doit donner lieu à des visites guidées par des professionnels, à des expositions temporaires renouvelées, à des rencontres, colloques ou conférences.
Or, depuis dix-huit ans, cette exposition, reléguée dans une tour du château n’a pas été réellement entretenue. Elle se trouve aujourd’hui dans un grand état de délabrement. Nous recevons fréquemment des lettres de visiteurs déçus, voire scandalisés qui, attirés par la publicité qui est faite dans de nombreux guides touristiques, s’imaginent que notre association cautionne ce musée et est donc responsable de cet état de choses. Sans parler bien sûr des positions politiques qu’il vous arrive d’afficher au cours des visites, et qui n’ont aucun rapport avec Alain-Fournier.
Aussi, nous vous demandons de façon officielle de changer la dénomination de votre musée, d’en ôter le nom d’Alain-Fournier, sur lequel vous n’avez aucun droit, même si vous souhaitez maintenir, à titre privé, dans une salle du château une évocation de l’écrivain natif du village.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
Michel AUTRAND
Je ne peux que souscrire à cette "mise en demeure"
Les usurpateurs du nom d’Alain Fournier sont légions et il est grand tant que cela cesse.
J’y ajouterai les "fantaisies" de "l’écrivain avocat" LANGLOIS dont j’ai pu constater récemmment que le Musées Ecole d’Epineuil avait enfin oté les écrits.
Je pense qu’Alain RIVIERE ne peut financer seul les poursuites judiciaires que méritent tous ceux qui usurpent, voire offensent, la mémoire d’Alain FOURNIER et qu’il serait judicieux de créer,au sein de l’AJRAF, un fonds spécial alimenté par des dons pour pouvoir ester en justice.
JP POURADE
IL Y A 3 CORRECTIONS A EFFECTUER :
1- IL EST GRAND TEMPS AU LIEU DE IL EST GRAND TANT
2 - RECEMMENT AU LIEU DE RECEMMMENT
3 - MUSEE AU LIEU DE MUSEES
AVEC MES REMERCIEMENTS
JPP
Je suis très surpris par le point de vue de Jean-Paul Pourade que je découvre aujourd’hui seulement.
Il qualifie de "fantaisies" les deux romans que j’ai consacrés à Alain-Fournier : La Mort du Grand Meaulnes (éditions du Miroir) et Un Amour de Meaulnes (éditions Cairn, Prix de l’Académie des Lettres de Languedoc).
Dans ces deux ouvrages, en tant que pacifiste, j’ai dénoncé la guerre et plus spécialement celle de 14-18 où Alain-Fournier a trouvé la mort à 28 ans. La guerre serait-elle une fantaisie ?
Plusieurs personnes m’ont indiqué que c’était ce point qui avait surtout incité les "censeurs patriotards" à demander que mes deux livres soient retirés du Musée de l’Ecole d’Epineuil. Les menaces dont ont été l’objet mes éditeurs avaient les mêmes raisons.
Je ne suis pas certain qu’Alain-Fournier aurait apprécié cette censure.
En tout cas, vive "Le Grand Meaulnes" que j’ai dû amener quelques-uns de mes lecteurs à lire ou à relire. C’était mon but.
Denis Langlois.
Merci d’avoir modifié aussi vite ce texte, selon mes indications. Mais je ne vous demandais pas de supprimer mon nom et adresse, mais de ne pas le rapprocher de celui du prétendu musée du château de Béthune.
Vous pourriez ajouter que le Bulletin de l’AJRAF a publié 107 numéros depuis 1975 et qu’on peut s’adresser à moi pour tous renseignements, adhésions et commandes. Merci d’avance !