“ Ah ! de vieux quartiers turcs maintenant, – des petites ruelles tortueuses, où je commence à me retrouver un peu chez moi… Nous venons de descendre dans un bas-fond qui m’était même assez familier jadis… et derrière ce tournant là-bas, il doit y avoir un antique couvent de derviches hurleurs, lugubre avec ses catafalques qu’on apercevait à travers ses fenêtres grillées, effrayant quand on passait le soir… Oui, il est là encore ; sans ralentir mon pas, je jette un coup d’oeil entre les barreaux de fer des fenêtres : toujours les mêmes vieux cercueils, couverts des mêmes vieux châles et coiffés des mêmes vieux turbans, le tout à peine plus mangé qu’autrefois par la moisissure et les vers. C’est étrange que ces choses de la mort, parce qu’elles sont demeurées telles quelles, ravivent en moi précisément des souvenirs de printemps et d’amour.”
Pierre Loti,
Fantôme d’Orient
Extrait de Voyage en Turquie avec Pierre Loti