En 1982 à Drancy, tandis qu’il préparait ce qui allait devenir "Drancy 1941-1944", le proviseur du Lycée Eugène Delacroix inserait parmi tous les documents et témoignages qu’il rassemblait sur la vie des Juifs internés du camp de Drancy, une photographie de Max Jacob qui vécut-là ses dernières jours d’internement avant de mourir à l’infirmerie du camp, le 5 mars 1944, dans les conditions dramatiques que l’on sait.
Avec les recettes de publication de cet ouvrage qui connut un très grand succès, ce proviseur : bien plus que simple chef d’établissement, qui voulait contribuer au rétablissement de la mémoire du poète disparu et oublié en ces lieux, prit l’initiative d’acheter chez un marbrier voisin du cimetière de la ville, une plaque funéraire sur laquelle il fit graver quelques personnelles réflexions, et qu’il fit apposer en février 1983, à l’emplacement même de ce qui abrita, de 1941 à 1944, l’infirmerie du camp français de transit vers Auschwitz-Birkenau.
Cette initiative lui aura valu désormais l’hostilité des élus et des responsables locaux du Parti communiste, et aura décidé de la fin de son séjour à la direction du lycée de Drancy. Il rapporta son choix à Henri Sauguet, alors président de l’Association des Amis de Max Jacob. Particulièrement ému, le compositeur ami personnel de Max Jacob, souhaita remercier officiellement le proviseur pour son geste.
Ensemble ils s’exprimeront le 27 avril 1984, devant le Mémorial du Camp de Drancy, pour célébrer avec le souvenir des déportés, le quarantième anniversaire de la mort de Max Jacob. Le 1er juillet 1984, le proviseur quittera son poste.
Pour la mémoire, je voulais rappeler que je fus ce proviseur-là
Jacques Durin
Chevalier de la Légion d’honneur
Docteur d’Etat ès Lettres
proviseur du Lycée Marie-Curie de Sceaux